- A la Une
- / Star Waw
Par Benoît Noël
MOTO, MOTO ET MOTO !
©Zelos NTS RW Racing GP
Le talent n’a pas d’âge, dit-on. Barry Baltus entend bien le prouver dès cette saison. A 17 ans, celui qui est la tête de gondole de la société Zelos, dirigée par Freddy Tacheny, évolue déjà en Moto2. Et ils sont 17.000 abonnés à le suivre sur Facebook !
Signe de sa précocité : le citoyen de Héron est actuellement le plus jeune pilote à évoluer dans l’antichambre du Moto GP, l’élite de la moto vitesse, où il rêve de côtoyer un jour le champion espagnol Marc Marquez. Nous l’avons rencontré au printemps, alors qu’il se remettait d’une… chute en moto.
Barry, comment arrive-t-on si jeune au guidon de bolides aussi puissants ?
La moto, je suis tombé dedans quand j’étais petit. C’est de famille. Mon père et mon frère sont passionnés de motos, de vitesse en particulier. J’ai eu ma première moto alors que je n’avais que trois ans. J’ai débuté par le motocross mais j’ai rapidement été rattrapé par le virus de la vitesse.
Quel parcours avez-vous suivi pour parvenir si tôt en Moto2 ?
J’ai disputé ma première course à huit ans, sur mini-moto. Après deux ans de compétition, principalement en Belgique, j’ai pris la direction de l’Espagne. C’est là que sont formés la plupart des futurs cracks de la discipline. Il y a énormément de circuits là-bas. Or, en Belgique, je m’entraîne quasi exclusivement à Mettet. Pour faire une comparaison, on peut presque dire que la moto est en Espagne ce que le cyclisme est en Belgique. Il y a une vraie tradition, une école. C’est ce qui explique que l’on retrouve énormément d’Espagnols dans toutes les catégories. Viennent ensuite les Italiens, de véritables passionnés eux aussi. Je me suis frotté aux meilleurs de mon âge, en disputant notamment le championnat du monde junior, l’European Talent Cup, et des courses organisées par la Dorna (le promoteur des Grands Prix de MotoGP, NDLR). La route était tracée pour que j’arrive rapidement en Moto3 en juillet 2020.
En raison du confinement dû à la pandémie de Covid-19, vous n’avez effectué qu’une partie de saison dans cette catégorie, sans marquer le moindre point. Et vous voilà pourtant propulsé en Moto2. Comment l’expliquez-vous ?
Je pèse en moyenne une dizaine de kilos de plus que mes adversaires. Je mesure 1m80 pour 69 kilos, ce qui est un handicap en Moto3 sur des engins peu puissants avec un moteur de 60 CV. Mon contrat n’a pas été renouvelé mais j’ai eu la chance, grâce la structure Zelos mise en place par Freddy Tacheny, de trouver un guidon en Moto2. Je lui suis vraiment reconnaissant de m’avoir trouvé une place chez NTS RW Racing GP, comme je remercie ce team néerlandais pour la confiance qu’il place en moi. J’ai un contrat de deux ans, cela va me laisser le temps de progresser. A 18 ans, j’aurai déjà deux ans d’expérience à un très haut niveau.
Zelos, parlons-en, c’est un partenaire important ?
Plus qu’important. Nous travaillons ensemble depuis cinq ans. Avec Xavier Simeon qui brille en endurance, je suis un peu la partie visible de l’iceberg de cette organisation. Qu’on ne s’y trompe pas, il y a énormément de talents en Belgique, mais on est souvent passé à côté car, contrairement à l’Espagne, il n’y a pas toujours eu des structures d’encadrement. Zelos a mis en place une filière de détection pour ensuite aider des Belges à percer. Il y a aussi la Belgian Motorcycle Academy qui soutient les pilotes dès l’âge de 7 ans. Les plus prometteurs participent aux courses de la Dorna et peuvent donc se frotter aux meilleurs étrangers.
Le Moto2, ce n’est pas trop tôt ?
On n’est jamais trop jeune pour apprendre. Je ne ressens pas de pression particulière. Et puis ces motos, plus lourdes, plus puissantes (140 CV), correspondent mieux à mon gabarit. J’espère rapidement m’y mettre en évidence. Dans cette catégorie, tout le monde a le même moteur, il n’y a que le châssis qui change. Je devrai toutefois faire preuve d’un peu de patience car je me suis fracturé le poignet en chutant lors des essais du premier Grand Prix de la saison, en mars, au Qatar. C’est dommage ! Je ne m’explique toujours pas cette chute. Je n’ai pas commis de faute mais il faisait super chaud : 42 degrés dehors et 60 sur la piste. L'opération à mon poignet s'est bien déroulée. Après avoir manqué quatre Grands Prix, j'ai effectué mon retour au Mans en France, à la mi-mai, où j'ai pris la 17e place (sur 31, ndlr) juste dans le sillage de mon équipier Hafizh Syahrin. C'est vraiment très prometteur.
« On n’est jamais trop jeune pour apprendre. Je ne ressens pas de pression particulière. Et puis ces motos, plus lourdes, plus puissantes, correspondent mieux à mon gabarit. J’espère rapidement m’y mettre en évidence. »
Votre rêve, c’est le MotoGP, la F1 de la vitesse ?
C’est évident que c’est le rêve de tous les pilotes de vitesse. Mais les places sont chères car il n’y a que vingt-sept pilotes au monde à avoir ce privilège. Je dois y croire. Depuis cinq ans, je suis super bien encadré par Zelos et je mets tout en œuvre pour accéder à ce niveau. J’ai un préparateur physique, Eric Lambert, avec qui je travaille tous les jours (natation, jogging, vélo), et un psychologue du sport, Philippe Godin, qui m’aide à gérer ma respiration. C’est un aspect très important. Le spectateur ne se rend pas toujours compte de l’importance du physique en moto et de l’approche psychologique d’une course. Il faut savoir respirer de manière adéquate, ne pas se crisper. Quant au pilotage, disons que je suis plutôt un autodidacte (rires) sous l’œil averti de Didier de Radigues (ancien pilote et aujourd’hui consultant à la RTBF, NDLR) qui me donne pas mal de conseils.
« Le MotoGP, la F1 de la vitesse, c’est le rêve de tous les pilotes de vitesse. Mais les places sont chères car il n’y a que vingt-sept pilotes au monde à avoir ce privilège. »
Vous avez un modèle en MotoGP ?
Je n’ai pas vraiment d’idole. Marc Marquez est évidemment le pilote le plus impressionnant. Et la longévité et le talent de Valentino Rossi sont incroyables !
Un autre rêve serait de piloter en MotoGP à Spa ?
Ce serait génial même si je ne sais pas si le MotoGP reviendra à Spa à moyen terme. J’ai eu l’occasion de piloter sur ce circuit quatre ou cinq fois. C’est vraiment très spécial. Piloter à Spa, c’est une expérience qu’on n’oublie pas et qui vous marque à jamais. Il faut le vivre. Le Raidillon au guidon d’une moto, c’est exceptionnel. Au niveau des sensations, c’est unique. Dire qu’il s’agit du plus beau circuit du monde, ce n’est pas trahir la vérité. Même si pour un motard, le tracé de Mugello en Italie est tout aussi fabuleux. Il a également quelque chose de particulier, de très typique, par rapport aux autres circuits qui, globalement, se ressemblent tous dans la façon d’appréhender les courses.
« J’ai un préparateur physique, Eric Lambert, avec qui je travaille tous les jours (natation, jogging, vélo), et un psychologue du sport, Philippe Godin, qui m’aide à gérer ma respiration. »
A quoi ressemble la vie d’un pilote de 17 ans ?
Je n’ai pas vraiment eu une adolescence conventionnelle. Je ne vais à l’école (au CEFA à Liège, NDLR) qu’une à deux fois par semaine et j’effectue un stage de mécanique dans un atelier moto. Pour le reste, c’est moto, moto, moto… Avec beaucoup de déplacements à l’étranger. Les potes de mon âge sont des passionnés de sport et surtout de moto. J’ai toujours été habitué à être entouré d’adultes. Ca me va très bien.
Vous n’avez vraiment pas d’autres hobbies que la moto ?
Je manque de temps pour cela et je vis ma passion actuelle à fond. Quand je dois me ressourcer, j’aime me trouver au grand air. Avant et après les courses, j’aime me promener au calme dans la réserve naturelle de Sclaigneaux, près d’Andenne. Un endroit magnifique et paisible. Cela me permet de rester zen…
REPÈRES
• 2004 Naissance à Namur
• 2007 Reçoit sa première moto
• 2012 Dispute sa première course sur mini-moto
• 2018 Dispute le championnat juniors CEV (une victoire, trois podiums) et l’European Talent Cup (une victoire)
• 2019 Entame sa carrière internationale à la Red Bull Rookies Cup (deux podiums)
• 2020 Devient pilote professionnel et participe au championnat du monde de vitesse en Moto3 sur KTM. Meilleur résultat: 16e (Grand Prix du Portugal). Classement final : 26e.
• 2021 Débuts dans la catégorie Moto2 au sein de l’équipe NTS RW Racing GP (Pays-Bas). Chute et abandon lors des essais du premier Grand Prix de la saison, en mars, au Qatar