- Tourisme
Par Christian Sonon
Venu du Canada, le packraft est un radeau super léger qui se gonfle puis se replie dans un sac à dos en un tournemain. Séduit par l’invention et passionné par la nature, Luc Van Ouytsel propose des expéditions mêlant terre et eau près du lac de Nisramont.
Luc Van Ouytsel a la nature dans le sang. Ce Brabançon wallon d’origine s’est pris de passion pour les forêts et rivières de nos Ardennes en allant rendre visite à ses grands-parents à Ortho, un village de La Roche-en-Ardenne. C’est ainsi qu’il est tombé tout petit dans l’Ourthe, rivière qu’il a très vite appris à connaître et à descendre en kayak, et qu’il s’est lancé dans des randonnées à la découverte des forêts environnantes. Attiré par la nature généreuse des grands espaces et désireux de partager sa passion, cet agronome de formation a alors décidé d’organiser des expéditions sur divers cours d’eau, dans les Alpes, en Nouvelle-Zélande, en Afrique, en Laponie, en Equateur... tout en multipliant les trekkings dans la nature, comme ce tour du monde avec sac à dos qu’il a effectué avec son épouse en 2008, soit avant la naissance de leurs deux enfants. Bref, la belle aventure, jusqu’au jour où, en Bourgogne, il a vu deux gars descendre une rivière à bord d’un minuscule radeau pneumatique.
« J’ai été très étonné quand j’ai senti la légèreté de cette embarcation qui ne pesait pas plus de trois kilos. Mais ma surprise s’est muée en admiration quand j’ai vu ces types remballer leur radeau et leurs pagaies démontables dans leur sac à dos et partir en sifflotant à l’assaut de la colline. En fait, le packraft, qui s’est développé au Canada, pays de chasseurs et de trappeurs, est une invention géniale non seulement en raison du faible poids de cette embarcation, mais également par son système de gonflage, puisque c’est un simple sac en toile de parachute qui sert de gonfleur. Ce jour là, j’ai été… soufflé et conquis ! Le packraft permettant de marier mes deux passions, il fallait que je le développe dans ma région. »
Une boucle de 5-6 heures dans le Parc naturel des deux Ourthes
C’est ainsi que depuis quelques années, notre Ardennais de cœur (il habite aujourd’hui Hogne, près de Marche-en-Famenne) propose du packrafting sur la rivière qu’il connaît le mieux, l’Ourthe, à partir d’un site qu’il affectionne, le lac de Nisramont, où la nature est magnifique tout en étant préservée du tourisme de masse. Une balade qu’il organise à l’attention des groupes et qui a l’avantage de former une boucle, celle-ci pouvant être effectuée en cinq ou six heures selon le niveau des participants. En guide expérimenté, Luc s’occupe de tout.
« Le départ ne se fait pas sur la rive de l’Ourthe, mais au cœur du pittoresque village de Nadrin. C’est de là que nous piquons à travers bois en suivant des sentiers en direction du lac, non sans avoir traversé le très beau village d’Ollomont. Il faut compter environ 1h15-1h30 pour arriver sur le lieu d’embarquement situé au confluent des deux Ourthes. Un endroit idéal pour pique-niquer. »
Le site du Hérou
Mais si l’estomac est rassasié, la soif d’aventures est toujours bien tenace. Le temps de gonfler les packrafts et voilà tout le monde sur le lac. Les trois kilomètres qui séparent la rive du barrage sont effacés en une petite heure environ, mais cela dépend de la force et la direction du vent. Au barrage, tout le monde met pied à terre et transporte son embarcation (super légère, comme on l’a dit) sur 400 mètres avant de la replonger dans l’Ourthe. « A partir de là, on n’est plus obligé de pagayer », explique Luc, qui propose alors de se laisser descendre pendant deux heures environ et de profiter du magnifique paysage qu’offrent les méandres de la rivière à cet endroit. « On passe devant le site du Hérou, cet éperon rocheux classé « Patrimoine exceptionnel de Wallonie ». Si l’on est courageux, on peut l’escalader afin de profiter du magnifique point de vue sur la rivière et le parc naturel. Il faut alors compter une heure supplémentaire. »
La descente prend fin un peu plus loin. Après avoir mis pied à terre et dégonflé son packraft, il faut escalader la colline en suivant un chemin qui mène droit au point de départ, à Nadrin. Le tour est joué et il s’est avéré bien agréable !
Une formule avec bivouac
Toujours à la recherche d’innovations, Luc propose également une formule de deux jours avec bivouac sur un terrain lui appartenant à Marcourt, un peu avant Rendeux. Le départ se fait alors à Engreux et la mise a l’eau à hauteur du pré-barrage de l’Ourthe occidentale. Au programme, du packrafting, bien sûr, de belles randonnées dans la forêt, la visite du château de La Roche, quelques vues exceptionnelles sur l’Ourthe, dont celle à partir de la chapelle et de l’ermitage Saint-Thibaut, à Hodister (en face de Marcourt), un paysage remarquable de Wallonie.
Le lac de Nisramont : un tour à couper le souffle !
Situé entre le confluent des deux Ourthes et le barrage hydraulique du même nom, une rive sur la commune de La Roche-en-Ardenne et l’autre sur celle d’Houffalize, le lac de Nisramont (47 hectares) est un site de toute beauté, cerné par la forêt et dominé par quelques rochers escarpés, où la faune et la flore s’épanouissent librement, à l’écart de l’agitation du monde extérieur. On y vient prudemment, en familles ou entre passionnés, pour pratiquer la pêche, le kayak ou le canotage, mais aussi, plus simplement, pour se ressourcer et profiter du calme qui y règne quasi en permanence.
Le site est aussi très prisé par les amateurs de randonnées dans la nature. Le sentier balisé de 14 kilomètres qui fait une boucle autour du lac est une invitation à une promenade magnifique, quoique d’un niveau de difficulté assez élevé car il longe rarement les rives, le filou, préférant s’élever sur les flancs des collines et se faufiler à travers la forêt afin de s’offrir quelques points de vue exceptionnels sur le lac et ses alentours. L’idéal est de partir du parking près du barrage et de suivre les balises dans un sens ou dans l’autre. La promenade franchit l’Ourthe occidentale et l’Ourthe orientale à hauteur des deux pré-barrages. Elle est pourvue d’aires et de tables pour barbecue et pique-nique. Il faut prendre son temps et ne pas oublier jumelles et appareil photo pour observer les oiseaux et tenter de surprendre les castors amateurs de barrages eux aussi.
La Transbelgica : l’aventure au fond du jardin
L’Ourthe, c’est bien, mais pourquoi se limiter à cette seule rivière quand la Semois, la Lesse, l’Amblève et la Meuse ont également été coulées pour accueillir vos rames à bras ouverts ? Avec trois amis, Rudy, Bertrand et Geoffrey, passionnés comme lui de randonnées dans la nature, Luc Van Ouytsel s’est lancé, à la fin de l’hiver 2017-2018, dans la traversée de la Wallonie en packrafting et à pied. Soit 260 kilomètres sur l’eau et une centaine à travers campagnes et forêts avec, dans leur sac à dos, leur radeau gonflable et leur matériel de camping.
Après avoir testé leur équipement — et leur résistance - dans le froid hivernal, l’équipage s’est jeté à l’eau le 10 mars à Tintigny, sur la Semois, et a refait surface le 17 au Cercle nautique de Liège. Huit jours en totale autonomie qui resteront à jamais gravés dans leur cahier de souvenirs. « Il ne faut pas aller au bout de la planète pour vivre des moments exceptionnels au sein d’une nature généreuse à portée de tous, confie aujourd’hui Luc, l’aventure est dans le fond du jardin ! »
Les tronçons :
• navigation sur le Semois de Tintigny à Alle-sur-Semois : 126 km
• rando jusque Daverdisse : 28 km
• navigation sur la Lesse jusque Chanty : 13 km
• rando jusque Berguème (Tenneville), en passant par le Fourneau Saint-Michel et en traversant la grande forêt de Saint-Hubert : 35 km
• navigation sur l’Ourthe occidentale jusqu’au lac de Nisramont, puis sur l’Ourthe jusque Hotton en passant devant le château de La Roche-en-Ardenne : 70 km
• rando jusque Barvaux-sur-Ourthe : 15 km
• navigation sur l’Ourthe jusque Bomal : 7 km
• rando jusqu’Aywaille : 20 km
• navigation sur l’Amblève jusque Comblain-au-Pont : 15 km
• navigation sur l’Ourthe jusqu’à la Meuse à Liège, en passant les barrages de Tilff et d’Angleur : 30 km