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LA FIOLE AMBIANCE - Entre cure et Épicure

  • Patrimoine
Liège

Par Christian Sonon

Ce sont des chambres d’hôtes d’un autre type que proposent, sur les hauteurs de Ferrières, Dominique Megali et Alain Laby. Tandis qu’en cuisine, les produits du terroir s’attendrissent à feu doux, dans l’espace bien-être, sauna, hammam, jacuzzi et massages s’emploient à faire fondre votre stress. Et la chambre « Emmanuelle » n’est pas moins chaude.

Quand j’étais assistante sociale, je visitais mes clients. Quand je suis devenue déléguée commerciale, j’ai continué à aller vers les autres. Je me suis donc dit, pour « ma troisième vie, que c’était au tour des gens de venir à moi ! » Le raisonnement de Dominique, la maîtresse de maison, a ceci de commun avec l’eau du jacuzzi installé dans le jardin qu’il est limpide et pétille de fraîcheur. Le cas d’Alain, son mari, est en revanche plus complexe. La trajectoire de l’eau qui serpente d’une cascade à l’autre entre les plantes du jardin est de loin plus prévisible que le parcours emprunté par le Waremmiens au cours de sa vie professionnelle. En effet, s’il a étudié la kinésithérapie, il a gagné sa croûte en dirigeant un car-wash d’abord, une entreprise vendant des piscines et des saunas ensuite. Une chose est sûre, l’homme, qui a imaginé et réalisé tant l’espace intérieur que l’aménagement extérieur de « La Fiole Ambiance », n’a pas peur de se mouiller. « Au fur et à mesure que les années passaient, je sentais que ce qui me passionnait vraiment, c’était l’architecture », nous explique-t-il, en mettant la dernière main à la piscine « bien-être » qui sera accessible dès cet été. « Réfléchir à des projets, imaginer de nouveaux plans, créer des aménagements, sont peu à peu devenus mes passe-temps préférés. »

C’est de la volonté de de tenter « autre chose » qu’est né cet établissement chaleureux qui a réchauffé d’un seul coup le rugueux hiver 2012 - 2013. Dans le prolongement de l’habitation du couple, « La Fiole Ambiance » est un ancien relais postal transformé en chambres d’hôtes classées « 4 épis » par le Commissariat général au Tourisme et proposant également, à l’attention de ses clients, des tables d’hôtes. L’accouchement ne s’est cependant pas fait d’un coup de baguette magique, mais plutôt à coups de masse et d’huile de bras, comme en témoignent les cinq années de travaux menés avec des artisans locaux pour faire de cette bâtisse en moellons un joyau dédié au repos et au bien-être.

Après l’osier d’Emmanuelle, le fauteuil massant « Nous avons essayé de conserver au maximum les volumes et pierres d’origine, comme on peut le constater ici, dans le bar, qui a été aménagé autour de l’ancienne mangeoire pour chevaux », explique Dominique en servant cocktails et bières locales en guise d’apéritifs. « Nous avons percé des murs afin de faire une ouverture vers le jardin et, dans l’espace dégagé, nous avons aménagé trois chambres tout confort : la chambre “Matiti”, que nous avons décorée avec des objets ramenés d’Afrique, la chambre “Don Quichotte”, garnie d’accessoires et de peintures sorties de l’univers du héros de Cervantès, et la chambre “Emmanuelle”, avec le célèbre fauteuil en osier qui seyait si merveilleusement à Sylvia Kristel. » Et d’ajouter d’un ton coquin : « Nous avons déposé devant la télévision le DVD du film, histoire d’ajouter à l’ambiance. »

Pas de moulin à pourfendre ni de dulcinée à conquérir, en revanche, dans la chambre « Don Quichotte ». Le matin, c’est une armure plus légère – un kilt, un peignoir et des sandalettes – qui nous attend afin d’affronter les vapeurs du bien-être. « Nous avons voulu nous différencier des autres chambres d’hôtes en mettant, à l’attention des couples, un espace propice à la relaxation, avec sauna, hammam, cabine infrarouge, jacuzzi et table de massage », expliquent nos hôtes. Qui ont chacun leur façon de présenter leur arsenal chauffant. Dominique : « Le sauna, c’est une sorte de four préchauffé à 60 ou 80°, tandis que la cabine infrarouge, c’est le four à micro-ondes : vous réglez la température en entrant et c’est parti ! » Alain : « Dans le hammam, la vapeur vous donne l’impression d’être noyé dans le brouillard, alors que dans le sauna, vous êtes allongé dans une chaleur sèche, comme si vous étiez dans le désert. » Quelle que soit l’option choisie (mais vous pouvez bien sûr faire la totale, et même terminer par le bain d’eau glaciale qui vous tonifiera les tissus), la table de massage vous attend ensuite à l’intérieur de la maison, à côté d’un petit salon exotique. « Vous pouvez vous masser entre vous, car je ne masse pas moi-même, enfin pas encore », annonce Dominique. Les clients peuvent aussi s’abandonner dans l’imposant fauteuil électrique. Même s’il n’a rien en commun avec l’osier d’Emmanuelle, ils y seront en de bonnes mains. L’effet massant, plutôt surprenant au départ, provient des multiples vibrations obtenues par les mouvements des coussins d’air et d’airbags. Nulle partie du corps n’y échappe, d’ailleurs les bras et les pieds sont prisonniers dans des étuis. « Un géant couché, à l’attaque ! », aurait hurlé Don Quichotte. « Décontractez-vous, susurre au contraire Dominique. Si vous vous laissez aller, vous allez vous sentir étonnamment bien ! »

Une cuisine et des produits du terroir

Après le bien-être du corps, les plaisirs de la bouche. Les repas du soir se prennent dans la véranda couverte. Garnies d’une vaisselle élégante choisie par Dominique au hasard des brocantes, les tables sont proches l’une de l’autre tout en permettant aux couples d’entretenir une pincée d’intimité. Les plats filent et les produits du terroir défilent. Brouillade de saumon dans sa coquille d’œuf, poulet fermier aux mirabelles, trio de fromages, tarte au citron meringuée. À l’image de la passion de son mari pour l’architecture, celle de Dominique s’est révélée tardivement. On ne saura jamais si c’est elle qui est allée vers la cuisine ou la cuisine qui est venue vers elle, mais c’est délicieux. « Nous allons chercher nos jambons à Izier, nos fromages proviennent de la Fromagerie des Ardennes à Werbomont et de la Chèvrerie d’Ozo, les confitures que vous goûterez demain matin sont faites à Hamoir », énumère la maîtresse de maison en mettant un point final à la cérémonie en nous servant une Prunette de Harre, liqueur promue par la Confrérie Glorieux Saint-Hubert, à Manhay. « C’est peut - être cela, la fameuse fiole », pensons-nous en levant notre verre.

REPÈRE POUR GASTRONOMES

Le déplacement jusqu’à la Ferme de la Tour vaut la peine. Au bout du chemin se trouve une boutique gourmande, une véritable caverne d’Ali Baba, un lieu dédié aux épicuriens. 

C’est là qu’il y a 17 ans maintenant, Monsieur et Madame Schrevel ont eu un irrésistible coup de cœur pour cette ancienne ferme dont le corps de logis date du XIIe siècle et les granges, de 1809 exactement. Ardent défenseur des valeurs gustatives de qualité, le couple décide d’y installer un élevage et la production de canards gras et ses dérivés. L’aventure commence bien. Toutefois, au bout d’environ quatre ans, le couple se heurte à quelques contraintes d’ordre pratique et légal ; il n’existe pas en Belgique d’abattoirs consacrés à ce type de produit. Qu’à cela ne tienne, ils décident alors de rejoindre un groupement de coopérateurs dans le Périgord (Mont-de-Marsan), là où les canards bénéficient d’un bel espace et de l’alimentation indispensable à leur croissance. Là-bas, le personnel spécialisé dispose d’un équipement adéquat pour l’élevage et l’abattage de canards. Plusieurs fois par semaine, un camion livre les volailles entières à la Ferme de la Tour. Et c’est dans les ateliers de Glimes que commencent les différentes phases de traitement du canard : fumage, cuisson, emballage, étiquetage. Au menu, foies gras de mulard crus ou cuits au torchon, magrets frais ou farcis, fumés sur place, confits, gésiers, rillettes et pâté 100 % canard. 

La clientèle est composée de consommateurs avisés, mais aussi de restaurateurs dont « L’Air du Temps » qui affiche une fidélité de 17 ans à l’établissement, les deux maisons ayant débuté leurs activités à un mois d’intervalle. 

Dès l’entrée du magasin logé dans une ancienne étable jouxtant la maison, on est séduit par le choix des mets proposés. Parce que les beaux produits demandent à être bien accompagnés, des toasts, des biscuits fins, salés ou sucrés, des confitures (offertes à la dégustation) s’alignent sur des présentoirs et des petites commodes anciennes. Les produits de la mer ne sont pas oubliés : les homards en viviers, les soupes de poisson et une véritable rouille, font saliver le chaland qui résiste difficilement aux tentations gourmandes. Une belle place est réservée aux productions belges, à savoir des fromages de chèvre ou de vache frais ou affinés. Enfin, l’entreprise suggère quelques vins choisis, notamment une production viticole belge... et même wallonne !

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