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Les pierres ornementales tiennent le haut du pavé

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Wallonie

Par Christian Sonon

La nature, on l’a dit, s’est montrée fort généreuse envers la Wallonie en dotant ses sous-sols de ressources minérales abondantes et variées. Qu’elles soient de type calcaire (pierres bleues, marbres et pierres blanches) ou de type siliceuse (grès, arkose, quartzite, schiste), ces pierres sont aptes à servir de matériaux à quasiment tous les usages de construction, aménagement et décoration. On peut cependant distinguer deux filières : celle des roches industrielles, domaine exploité par les producteurs de granulats, de sables, de ciments, de chaux et de dolomies, et les roches ornementales, qui sont des pierres de construction nobles (pierres de taille, marbres, pierres siliceuses…) à très haute valeur ajoutée et porteuses de main-d’oeuvre.

Les Carrières du Hainaut, à Soignies, fournissent la moitié de la production des pierres ornementales en Belgique.


En effet, même si elles ne constituent qu’un pour cent de l’industrie extractive, les pierres ornementales fournissent en Belgique près d’un millier d’emplois directs et sont destinées à trois domaines d’application : l’architecture, tant intérieure qu’extérieure, les aménagements des espaces publics (voiries et parcs) et ceux des espaces verts. Les deux filières se nourrissant tant dans des pierres calcaires que des pierres siliceuses, Francis Tourneur se propose, pour nous éclairer, d’établir un classement selon leur aptitude au façonnage. Trois catégories peuvent ainsi être définies : celles utilisées pour le pavage des voiries (pavés, bordures et dalles), les marbres et les pierres bleues ornementales.

Pierres de pavage

« On marche dans les rues de Bruxelles comme dans une chambre », écrivait, ébloui par les revêtements lisses de nos voiries, Léopold Mozart – le père de Wolfgang Amadeus – lors de son voyage en Belgique en 1763. Pendant longtemps, en effet, la production de porphyres belges était l’une des plus importantes au monde. Dès les années 1960, cependant, les carrières de Quenast et de Lessines n’ont plus extrait ces blocs pour en faire des pavés mais des granulats.

LA GARE DE LIÈGE-GUILLEMINS

« […] Les matériaux traditionnels de la construction wallonne ont cependant trouvé leur place dans cet ouvrage pour y exprimer la pérennité. […] Des dalles de pierre bleue adoucie originaire de Sprimont couvrent la grande galerie sous voies, le centre de voyage et les espaces commerciaux et de service. Les quais et les passerelles sont revêtus de pierre bleue bouchardée, originaire de Soignies. Des pièces en pierre bleue spécifiquement étudiées pour le projet ont été créées : dalles signalétiques avec incrustation de lettrages en marbre blanc ; dalles striées ou à protubérances destinées au guidage podotactile (orientation, éveil à la vigilance). Dessiné par l’architecte [Santiago Calatrava], le mobilier du centre de voyage (guichets, comptoir d’accueil, bancs) et de la grande galerie (bancs) a également été façonné dans de la pierre bleue originaire de Chanxhe. » (Stone, p.47)

 

Marbres

On en distingue deux sortes – destinées à un usage intérieur, car le marbre terni à l’extérieur : le noir belge de Golzinne, qui est extrait à 66 mètres de profondeur dans la carrière souterraine de Bossière (Gembloux), et le marbre rouge et gris, dont l’exploitation s’étendait jadis de Sivry-Rance à Rochefort en passant par Philippeville. Aujourd’hui, ce marbre jaspé (veiné) est exploité, comme le site de Golzinne, par la société de Merbes-Sprimont.

Pierres bleues ornementales

Historiquement, il en existe trois types : le calcaire de Meuse, la pierre de Tournai et le petit granit, lequel représente plus de 90 % de la production totale. Le premier est exploité sur deux sites à Wanze (carrières de Vinalmont et de Longpré). Composé essentiellement de carbonates de chaux, le calcaire mosan est également exploité pour un usage industriel (par Carmeuse, Lhoist…) dans différents sites situés au nord de la Meuse, entre Namur et Liège. Riche en silices, la pierre de Tournai constitue, quant à elle, un mélange idéal pour la fabrication du ciment. C’est ainsi que ces carrières, situées entre Tournai et Antoing, ont été reconverties en cimenteries. Quant au petit granit, dont l’exploitation s’étendait d’Ath à Ligny, on le trouve aujourd’hui dans trois bassins : celui de Soignies, qui fournit les troisquarts de la production de pierres ornementales en Belgique et qui est exploité par les Carrières du Hainaut et les Carrières de la pierre bleue belge, celui de l’Ourthe- Amblève (autour de Sprimont et Anthisnes principalement) et celui du Bocq (Yvoir).

LES PUBLICATIONS DE L’ASBL

Depuis sa création, Pierres et Marbres de Wallonie a adopté un rythme soutenu en matière de publication. L’asbl édite ainsi régulièrement des brochures thématiques à destination des professionnels, mais aussi du grand public, comme Pierres et jardins et Envie de pierres, qui présentent les caractéristiques techniques des pierres ornementales. On lui doit également deux beaux livres : Vies de pierres, ouvrage qui donne la parole à de nombreuses personnalités proches du secteur de la pierre (géologues, architectes, historiens, conservateurs, plasticiens, entrepreneurs…), et Stone qui, par le biais de trente exemples de réalisations réussies, montre l’étendue des ressources de ce matériau. Édité par Prismes, ce dernier livre est toujours en vente en librairie.

Photos

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