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Par Christian Sonon
Un gîte rustique aux portes d’un domaine royal
Ferage. Treize maisons, un château, une chapelle, un chêne et un tilleul multi-centenaires, et une poignée d’habitants enracinés dans le paysage. Le temps n’a pas de prise sur ce hameau du village de Mesnil-Eglise (Houyet). Et pour cause : le château de Ferage et ses terres attenantes, au même titre que les châteaux voisins de Fenffe, Villers-sur-Lesse et Ciergnon, font partie de la donation royale, c’est-à-dire de l’héritage de Léopold II à l’État belge. Ce patrimoine est donc protégé et les nouvelles constructions interdites. Un enfant du village, comme Manon Rauwers, qui reviendrait au pays après un long exil en Amérique du Sud, y reconnaîtrait tous les siens sans peine. « C’est un endroit hors du temps, je ne pourrai plus vivre ailleurs ! » lance cette enseignante qui a découvert ce coin du Condroz en 1963, alors âgée de cinq ans, quand ses parents, attirés par la nature et la chasse, ont décidé de quitter Schaerbeek pour occuper le petit château de Ferage, vestige de l’ancienne seigneurie acquise par Léopold Ier. « C’est là que j’ai grandi, explique-t-elle. Mon père y vit toujours. À sa mort, mon frère aîné deviendra le locataire prioritaire, mais nous ne pourrons jamais l’acheter… »
L’empreinte d’un artiste-ébéniste
Qu’à cela ne tienne. Manon est aujourd’hui propriétaire d’une très belle maison de caractère sur la place du hameau, à côté de la chapelle et du minuscule cimetière où repose sa maman. La bâtisse est divisée en deux parties. L’une, côté jardin, constitue son domicile privé ; l’autre, côté rue, a été aménagée en gîte pouvant accueillir six personnes. Mais pas n’importe quel gîte ! « La Source de Manon », comme elle se devait de le nommer, est marquée de l’empreinte de son frère cadet, un ébéniste qui eut l’envie, en 2000, de mettre entre parenthèses ses traditionnelles commandes de meubles afin de consacrer son énergie et son imagination à la rénovation d’une vieille grange du début du XXe siècle. Une mue complète puisqu’à partir des quatre murs et du toit, l’artiste a échafaudé, sur trois niveaux, une succession de pièces magnifiques où le bois, bien sûr, s’est taillé une place royale.
« Je revenais du Surinam où j’avais vécu plusieurs années quand Igor s’est lancé dans ce travail avec son ouvrier. Je l’ai aussitôt persuadé de scinder le bâtiment en deux parties distinctes. De cette façon, je disposais d’un logement et lui d’une rentrée financière fixe. Le travail terminé, j’ai rapidement pris en main la gestion et la promotion du gîte. Et, en 2010, quand j’ai été en mesure de lui racheter la maison, j’y ai effectué quelques transformations d’ordre pratique. Le salon étant très grand – il était prévu pour accueillir des biodanseurs ! –, je l’ai coupé par un mur circulaire blanc en veillant à mettre en évidence la très belle mosaïque qu’il avait dessinée sur le sol et j’ai cassé un ancien mur afin d’agrandir la salle-à-manger. Le gîte est aujourd’hui reconnu trois épis par le Commissariat général au Tourisme et il ne désemplit plus ! Il a trois chambres, dont l’une convient plus particulièrement pour des enfants, mais son atout majeur, c’est indiscutablement le living. Ses proportions sont parfaites ! »
Une chambre secrète et une femme enceinte
Un living où se mêlent harmonieusement le savoir-faire d’un artisan et le goût de sa sœur pour la décoration exotique. Car si les troncs d’arbre artistiquement travaillés par Igor meublent habilement l’espace, l’âme de Manon plane dans chaque recoin. Les locataires seront séduits par les sculptures sauvages qui hantent le salon, les formes travaillées de la table en chêne de la salle-à-manger et les parois en bois brut du living, avant de s’interroger sur le sens d’œuvres murales en provenance du Surinam et de Turquie. Et s’ils parviennent à trouver la « chambre secrète » sans l’aide de la maîtresse de maison, parions qu’il leur faudra un moment avant de voir qu’une femme enceinte habite également les lieux…
Couvée par le tilleul légendaire qui domine la place, « La Source de Manon » n’est pas seulement un gîte où il fait bon se détendre en profitant de l’environnement ; c’est aussi l’occasion d’un retour aux origines, aux vraies valeurs, au questionnement. Et si le temps s’était arrêté là pour souffler, lui aussi ?
Gîte de Wallonie « La Source de Manon »
Ferage, 11 bte 1
B-5560 Houyet
+32 (0)82 22 72 76
+32 (0)477 93 03 79
À VOIR, À FAIRE
La promenade du golf d’Ardenne et la halte royale
« Ma clientèle est composée à 95% de néerlandophones, explique Manon, qui a heureusement appris le néerlandais au Surinam. S’il y a des enfants, j’oriente tout ce petit monde vers les grottes de Han, le parc de Furfooz ou le domaine de Chevetogne. La région regorge également de très beaux châteaux comme celui de Lavaux-Sainte-Anne ou celui de Vêves, aussi appelé le château de la Belle au Bois Dormant. Si mes locataires veulent faire la descente de la Lesse, je leur conseille de préférence le petit parcours à partir de Gendron car l’autre est fort long et très fréquenté. Mais les deux points forts de la région sont le Ravel Houyet-Jemelle, qui est magnifique, et le réseau de promenades balisées en forêt. Personnellement, j’ai un coup de cœur pour la promenade du Golf d’Ardenne qui fait 6,3 kilomètres à partir d’Houyet. Elle traverse ce golf majestueux, qui fait également partie de la donation royale, et permet de découvrir l’ancienne gare privée où Léopold II et ses invités descendaient avant d’être véhiculés en calèche vers le château d’Ardenne qui était alors un hôtel très luxueux. Celui-ci a brûlé en 1968, mais les vestiges de cette halte royale sont toujours là. On dirait un petit château féodal en ruines. Une étrange vision en bordure de la voie ferrée ! »
Avec le soutien du Commissariat Général au Tourisme
En collaboration avec :