- Portrait
Par Sébastien Lambotte
Louis-Marie Piron, dirigeant de l’entreprise de construction Thomas & Piron, investit depuis plusieurs années dans la gastronomie locale et soutient de jeunes talents prometteurs.
Le petit village d’Our, dans la commune de Paliseul, en province de Luxembourg, héberge deux fleurons wallons. Le premier n’est autre que l’entreprise Thomas & Piron, la plus grande entreprise de construction en Région wallonne. Le second est un restaurant étoilé. Depuis 2009, La Table de Maxime délecte gourmands et gourmets. Au coeur de cette campagne somme toute reculée, dans une entité comptant quelques dizaines d’âmes, on peut s’étonner de découvrir l’une des plus grandes sociétés de construction de Belgique et le restaurant de Maxime Collard (voir WAW n°23), l’un des chefs belges les plus prometteurs de sa génération. Les deux sont intimement liés. Si nous ne retracerons pas ici les quarante années de la success story de Thomas & Piron, nous préciserons que le jeune restaurant gastronomique est né à l’initiative du patron de l’entreprise de construction, Louis-Marie Piron luimême. « Tout a débuté après que Michel Libotte, chef du restaurant étoilé Le Gastronome à Paliseul, m’a fait part de sa volonté d’arrêter sa carrière. Je ne pouvais me résoudre à l’idée que la seule table digne de ce nom de la région disparaisse, commente le patron de Thomas & Piron. D’un autre côté, j’avais acheté une vieille demeure, ici, à Our, dont je ne savais pas encore ce que j’allais faire. L’idée de la transformer en restaurant est partie de là. J’en ai parlé autour de moi, au cas où quelqu’un aurait entendu parler d’un chef capable d’assurer. » Rapidement, les chemins de Maxime Collard et de Louis-Marie Piron vont se croiser. Si l’on peut parler de hasard, il ne fait aucun doute qu’il fait alors franchement bien les choses. Deux semaines après avoir eu vent des intentions de l’entrepreneur, sa décoratrice lui annonce connaître peut-être quelqu’un… « Étonné, je lui ai demandé si cette personne cuisinait bien, commente l’entrepreneur. Elle m’a répondu que oui, dans la mesure où notre cuisinier était à l’époque occupé au Karmeliet à Bruges. De plus, j’apprenais que ce chef était natif de Paliseul. Je pouvais même dire qui il était, connaissant bien ses parents. Son père a été l’instituteur de mes enfants. » La rencontre était inévitable. Elle a été à l’origine d’une belle collaboration. « Je lui ai proposé de transformer le bâtiment selon ses envies et de le mettre à sa disposition pour un loyer qui n’est pas exagéré. Mon souhait est, dans cette période où les banques ne sont pas prêteuses, face aux difficultés de lancer une telle activité, de permettre à des jeunes talents comme Maxime de s’épanouir comme il se doit », poursuit Louis-Marie Piron. Si, au départ, Maxime Collard était lui-même sceptique quant à la viabilité d’un restaurant de qualité dans la petite entité de Our, l’entrepreneur l’a mis en confiance. « Je lui ai affirmé que, à partir du moment où il avait du talent, s’il faisait de la bonne cuisine, était sympathique et accueillant vis-à-vis de la clientèle, s’il était travailleur, il ne pouvait que réussir », poursuit Louis-Marie Piron, témoignant sans aucun doute de son expérience personnelle par la même occasion. La fréquentation de la Table de Maxime, aujourd’hui, lui a donné raison.
« Tout a débuté après que Michel Libotte, chef du restaurant étoilé Le Gastronome à Paliseul, m’a fait part de sa volonté d’arrêter sa carrière. Je ne pouvais me résoudre à l’idée que la seule table digne de ce nom de la région disparaisse. »
Fort de ce succès, l’entrepreneur-constructeur ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a confié à Maxime Collard et sa compagne le soin de gérer le mini-hôtel qu’il a développé à 300 mètres de là. Our dispose désormais d’un établissement de 11 chambres. Afin de diversifier l’offre, Louis-Marie Piron entend encore développer un projet de brasserie-restaurant en face de cet endroit, avec une petite salle de séminaires et un centre de spa-wellness, afin qu’un maximum de visiteurs puissent profiter de cette belle région.
Après l’ouverture de la Table de Maxime, Louis-Marie Piron a fait l’acquisition du Gastronome à Paliseul. Il a entièrement rénové le bâtiment, afin d’en confier la gestion à d’autres chefs. Ce n’est pas tout. À côté de ces établissements gastronomiques, le patron de Thomas & Piron a repris une boulangerie dans le village voisin, un magasin de proximité et une station-service, tous menacés de fermeture.
La motivation de l’entrepreneur n’est certainement pas le profit, mais plutôt l’amour d’une région dont il entend préserver la vitalité. À tel point que Louis-Marie Piron, pourtant peu fan du ballon rond, est même allé à la rescousse du club de football d’un autre village voisin. « La réalité est que j’aime ma région et j’entends la soutenir. Ces actions, c’est une manière de contribuer à son développement, de partager le fruit de ce que nous avons bâti en son sein. Puis, j’habite ici. Ces investissements contribuent aussi à mon confort personnel. Je suis un client régulier de ces établissements », confie-t-il. Certes, il s’agit d’un luxe qui n’est pas donné à tout le monde. Fier de cette région, se considérant comme chanceux de vivre au coeur d’une nature luxuriante, Louis-Marie Piron tient à valoriser ces beaux espaces ruraux. « Le luxe de vivre en Wallonie, c’est de pouvoir profiter de cette nature, de ce patrimoine mais aussi des produits qui en sont issus, du talent de réels artisans locaux. »
À l’avenir, le patron de l’entreprise de construction entend continuer à agir localement. Il mène d’ailleurs d’autres projets à proximité de chez lui. Avec des amis, il va rénover la Barrière de Transinne, établissement horeca bien connu. Le long de la deuxième chasse qu’il exploite – car l’entrepreneur est un chasseur passionné – à Vencimont, à proximité de Gedinne, Louis-Marie Piron veut à nouveau rendre fonctionnel un vieux moulin à eau, dans un but purement didactique. Dans ce lieu, dont il confiera la gestion à un autre jeune talent, il souhaite créer une boulangerie artisanale de qualité où sera produit un pain à l’ancienne à partir de farines naturelles. « Un pain à l’image de celui fabriqué au sein du Moulin de Hollange. Une fois que l’on a goûté à un produit de cette qualité, il est difficile de revenir à ce pain industriel que l’on nous propose aujourd’hui partout », commente-t-il. C’est donc dans cette optique que Louis-Marie Piron place son action. « La Wallonie compte de nombreux jeunes de qualité, qui présentent un potentiel énorme, mais qui n’ont pas forcément les moyens de se lancer », explique-t-il. « À travers ces actions, je veux les aider à s’épanouir. Je ne dis pas qu’ils n’y arriveraient pas sans. Ce que je leur propose les aide sans doute à y arriver plus rapidement. »
LE LUXE D’ACCÉDER À UNE PROPRIÉTÉ … VERTE
Chaque année, Thomas & Piron créé environ 1 100 habitations – maisons unifamiliales et appartements – à travers la Wallonie et le Grand-Duché de Luxembourg. C’est le principal acteur du secteur. Au coeur d’un numéro dédié au luxe, celui de devenir propriétaire fait toujours partie des aspirations de beaucoup de monde. « C’est certainement le rêve de pas mal de personnes. Afin de leur permettre d’y accéder, nous veillons à développer un produit compétitif, de qualité », explique Louis-Marie Piron. Le leitmotiv de l’entreprise basée à Paliseul reste donc de proposer des produits accessibles et peu énergivores. « En tant que principal constructeur de maisons et d’appartements de la Région wallonne, nous nous devons de faire preuve de professionnalisme, de montrer l’exemple », explique le patron. Il n’en demeure pas moins que qualité et accessibilité ne sont pas toujours simples à allier. « Il faut veiller à investir dans la qualité, dans la mise en oeuvre des bons matériaux, des technologies disponibles », poursuit l’entrepreneur. Afin de rester à jour, Thomas & Piron a créé son propre département de recherche et un centre de formation. Au total, 1 500 personnes travaillent pour Thomas & Piron en Wallonie et au Grand-Duché. Aussi, le constructeur peut tester les innovations. « Aujourd’hui, tous nos bâtiments présentent des performances énergétiques qui vont bien au-delà des normes prescrites. Il va de notre responsabilité, afin de préserver cette magnifique nature qui nous entoure, de mettre en oeuvre des bâtiments basse-énergie. Toutes nos habitations. » Par contre, un produit passif, plus coûteux et présentant de nombreuses contraintes, ne fait pas l’objet de nombreuses demandes. « Ce n’est aujourd’hui pas forcément le bon choix que d’opter pour du passif. Beaucoup de gens souhaitent profiter d’un poêle à bois ou d’un feu ouvert. Ce n’est pas possible avec une maison passive », explique le patron. Parce qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, l’entreprise a mis en oeuvre un bâtiment administratif durable pour elle-même. « Les bureaux sont chauffés à partir de déchets de bois et des panneaux solaires produisent de l’électricité, avec pour objectif de produire le moins de C02 possible. Nous nous devons, évidemment, de montrer l’exemple. »
Informations :
La Besace, 14B-6852 Paliseul
Tel. : +32 (0)61 53 11 11
infobe@thomas-piron.eu www.thomas-piron.eu