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© Simon Nicolas

Modalisa,
la reine du Silicon

  • Économie
  • / Success story
Luxembourg  / Liège

Par Charlotte Quevedo

Désormais connue et reconnue parmi les 50 entreprises les plus innovantes du monde, la start-up liégeoise Modalisa Technology n’a pas fini de faire parler d’elle. Donc, parlons-en !

Hormis le diplôme, une furieuse soif de connaissances et un esprit sollicité en permanence par des idées brillantes et novatrices, rien a priori n'aurait dû faire se croiser Tony Ciccarella, 38 ans, et Frédéric Maréchal, 28 ans, cofondateurs de Modalisa Technology. Ces deux génies des lignes de codes ont suivi la même formation à l'Institut Montefiore de l'Université de Liège, partagé la même geekattitude… à dix ans d'intervalle. Ils se rencontrent de manière informelle autour d’un verre et, au fil de discussions, se découvrent de nombreux points en commun. Aux rencontres fortuites se substituent ensuite les rendez-vous pris entre deux hommes devenus amis. Les idées fusent et très vite convergent vers un constat : aucun système performant n'a encore été imaginé pour modéliser un ensemble de processus complexes. Nous sommes alors en 2006, année qui voit naître les premières esquisses de la technologie Modatech.

Plus qu’un logiciel

Imaginée et programmée entièrement par Tony Ciccarella et Frédéric Maréchal, Modalisa Technology n'est pas un simple logiciel, mais bien une plate-forme complexe composée de briques applicatives. Actuellement, trente modules permettent à l'entreprise de modéliser – d'où le nom, et pas en référence à Léonard de Vinci – l'ensemble de ses services en temps réel.

Le but ultime de Modalisa Technology est de permettre au CEO d'une entreprise de isualiser en temps réel toute l'activité de son entreprise à l'aide de sa tablette ou de son Smartphone et de pouvoir à tout moment influer sur son fonctionnement. La plateforme Modalisa, volontairement user friendly, permet au chef d'entreprise de modifier très facilement des processus, de donner de nouvelles priorités, de réassigner des tâches, de gérer les ressources humaines en fonction de l'activité du jour, etc. Il peut également être prévenu par un sms ou une notification push si une tâche n'a pas encore été effectuée, ou si son délai d'expiration sera bientôt atteint… Les possibilités sont infinies.

Les processus sont constitués d'un ensemble de tâches, soumises à des conditions, toutes associées à une personne ou à un rôle. La plate-forme permet à la fois une micro mais aussi une macrovisualisation des services humains et des machines.

Les très grandes entreprises possèdent déjà des systèmes mis en place pour encadrer leurs procédures, modéliser leurs activités, la plupart au moyen de réseaux privés virtuels (VPN). Tout est modélisé par le business analyst qui met en route la programmation d'applications. Un processus modélisé d'un côté, des applis de l'autre et un labyrinthe hiérarchique pour couronner le tout. La moindre modification doit toujours attendre l'approbation de l'un et de l'autre. Une actualisation d'une application implique de mettre à jour également les processus concernés, et réciproquement. Il y a donc un décalage énorme (plusieurs mois, voire plusieurs années) entre ce que reflètent les processus – ce que l'on croit voir dans l'entreprise – et ce qu’il s’y passe réellement. Or, il est aujourd'hui crucial pour le succès d'une société de pouvoir faire évoluer rapidement et facilement ses processus pour répondre aux besoins du marché.

L'Institut Montefiore

Tous deux des « produits » de l'Institut Montefiore de l'Université de Liège, Tony Ciccarella et Frédéric Maréchal ont chacun une spécialisation au service de Modalisa. Tony, ingénieur civil spécialisé en informatique, se dirige très vite vers la finance et l'industrie. Frédéric, lui, est spécialisé dans les architectures complexes et le temps réel. Cette formation, ils l'ont acquise à l'ULg et ne sont pas prêts de l'oublier, et plus particulièrement Monsieur Pierre Wolper, Vice-Recteur de la Recherche de l'ULg, et le Professeur Guy Leduc, spécialisé en réseaux. « On peut les considérer l’un comme l’autre comme nos mentors », confie Tony Ciccarella. Ce sont eux qui leur ont donné cette envie d'apprendre, d'innover et de créer sans cesse. Professeurs d'abord, ils les ont ensuite aidés et encadrés au moment de l'élaboration de Modalisa Technology. Des chercheurs et des doctorants ont été associés à leur projet, des locaux mis à leur disposition, mais aussi de très bons conseils dispensés. « L'Institut Montefiore encourage les étudiants à l'initiative et la créativité sans donner de contraintes et notre département Recherche et Développement est très important, précise le Professeur Pierre Wolper. Leur formation les a vraiment lancés. » 

Au stade du projet d'abord, la plate-forme a ensuite pu être expérimentée au sein du Laboratoire de Recherche de l'Université d'Harvard. Cela notamment grâce à des contacts apportés par Michaël Herfs, Docteur en Sciences Biomédicales et Consultant Directeur de la branche eHealth de Modalisa Technology, qui a pu dès le départ s'impliquer dans le projet et servir d'intermédiaire entre le monde des laboratoires et celui de l'informatique. 

Au sein d’un laboratoire, Modalisa permet une gestion plus procédurière des analyses, des résultats obtenus en temps réel, le respect des normes en la matière, l'uniformisation des langages, le contrôle de la durée de vie d'un échantillon, etc.

Modalisa Technology est actuellement en train de mettre au point un réseau social, basé sur le modèle de la plate-forme Modalisa, et qui promet de très bien se développer à l’international.


The Valley

Le concept devenu produit et cette efficacité démontrée au sein des laboratoires d'Harvard leur a valu une distinction au prestigieux TiE50 Awards Program lors de la conférence TiECON 2013 qui s'est tenue au coeur de la Silicon Valley en juin dernier. Parmi les 1 400 entreprises sélectionnées, Modalisa est la seule entreprise belge à figurer dans le top 50 des entreprises les plus innovantes au monde. Une reconnaissance de choix et un cadre idéal pour permettre à une start-up liégeoise de rencontrer les personnes les plus influentes du milieu. Car, actuellement, l'objectif principal des deux fondateurs est le développement international. « Il faut faire rentrer des investisseurs étrangers dans notre capital, qui n’est pour le moment n’est composé que de fonds propres, explique Tony Ciccarella. Ce sont eux qui nous confèrent une autorité au niveau international, et plus particulièrement auprès de nos futurs clients. » Les perspectives ont déjà bien été abordées et l’impact mesuré au niveau du business plan. L’ouverture d’un bureau aux États-Unis est prévue pour fin 2014, probablement au sein même de la Silicon Valley. À l’horizon 2016, une autre antenne pourrait bien voir le jour à Singapour compte tenu des investisseurs asiatiques déjà intéressés par leur plateforme. À l’échelle de l’Europe, les jeunes développeurs ont également décidé de s’implanter au Luxembourg et dans d’autres pays d’Europe. Lesquels ? Le choix sera fortement conditionné par les investisseurs qui prendront part à l’aventure. Le dernier tour de table est prévu pour cet automne.

Des racines et des aides

Bien sûr – et ces deux Liégeois n’ont de cesse de le rappeler – leur objectif est de conserver le siège social de Modalisa Technology en Wallonie, plus particulièrement en Province de Liège. Mais comme le veut le dicton, nul ne serait prophète en son pays. Entrés dans l’histoire de l’IT comme les seuls finalistes belges du TiECON 2013, « notre distinction à San Francisco est une manière de ramener un peu de soleil chez nous et de montrer qu'il y a moyen d'être au top ici », confie Frédéric Maréchal. « Notre bébé est né à Liège, ce serait un échec de devoir partir pour le voir grandir. » Si des pointures comme IBM et Cisco comprennent l’intérêt de leur concept et se montrent enthousiastes (voire plus) face à leur plate-forme, on imagine aisément que la reconnaissance locale devrait suivre.

L’appel est clairement lancé. La start-up a déjà séduit de très gros investisseurs américains, indiens et chinois, mais Tony Ciccarella et Frédéric Maréchal préfèrent se donner le temps, garder la main, convaincre les pouvoirs publics de les soutenir et, surtout, les convaincre de les suivre car la technologie de pointe peut aussi être conçue, imaginée et développée chez nous.

 

www.modalisa-technology.com

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