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Par Joéllie Sprumont
C’est dans le quartier du Vieux Namur que trône l’église Saint- Loup. Actuellement en restauration, le monument a conservé sa splendeur passée. Les Amis de Saint-Loup se dévouent pour faire revivre le monument, classé patrimoine exceptionnel de Wallonie.
L’histoire de l’église Saint-Loup doit être racontée en évoquant le lien la liant à l’actuel Athénée royal François Bovesse. Autrefois appelé École du Faucon, celui-ci est repris en 1611 par les frères jésuites qui en font un collège d’humanités. Ils agrandissent les bâtiments et y construisent un réfectoire, un lavoir, et même une brasserie. Sur base des plans de l’architecte jésuite Père Huyssens, les premières pierres de la chapelle jouxtant le collège sont posées en 1621. L’église est baptisée Saint-Ignace en l’honneur du fondateur de la Compagnie de Jésus. L’argent vient à manquer et la construction de l’église s’éternise. Elle est seulement achevée en 1641. Quatre ans plus tard, Englebert Dubois, l’évêque de Namur, l’inaugure.
Après la suppression de la Compagnie de Jésus par le Pape Clément XIV en 1773, les Jésuites doivent quitter les lieux. À quelques rues de là, l’église Saint-Loup est en ruine. La ville confie alors à son curé et ses paroissiens l’ancienne chapelle jésuite. L’église devient donc paroissiale en 1777 sous le patronyme de Saint-Loup. La statue de Saint-Ignace qui trône dans le maître-autel est légèrement transformée, se parant d’une mitre et d’une crosse. En janvier 1936, l’église Saint-Loup et le collège, devenu Athénée, deviennent patrimoines immobiliers classés de la Région wallonne. C’est récemment, en 2013, que l’église Saint-Loup est classée patrimoine immobilier exceptionnel.
L’élégance extérieure
À deux pas de la Cathédrale Saint-Aubain de Namur, Saint-Loup n’a rien à lui envier. Inspirée de celle du Gesù à Rome, la façade en met plein la vue au visiteur. Le monogramme IHS est gravé dans la pierre : Iesus Hominum Salvator (« Jésus, sauveur des hommes »). Il représente le blason traditionnel d’un monument jésuite. Une autre phrase est inscrite au-dessus des deux portes en bois, Namurci Decus Ac Gloria Resurgo. Il s’agit d’un chronogramme : « Honneur et Gloire de Namur, je resurgis ». Certaines lettres sont en majuscules et en les assemblant, elles donnent une date ; 1865, année de restauration quasi à l’identique de la façade. Celle-ci n’étant plus en marbre noir, très fragile, mais en pierre de taille de la région. Son architecture est d’inspiration baroque avec ses colonnes et pilastres annelés ou ses murs-boutants. Plus petit que prévu, le clocher a été repoussé au bout de l’église.
Depuis 2012, les Amis de Saint-Loup rassemblent près de trente personnes, passionnées par cette église qui n’a pas encore rendu son dernier souffle. Architecte, professeur, historien ou jeune retraité, tous contribuent à la rénovation du patrimoine wallon.
C’est par un sas de verre que le visiteur s’aventure au coeur de la chapelle. Celle-ci est étonnement lumineuse. Les rayons du soleil traversent les fenêtres dépourvues de vitraux. Le sol est en pierre bleue polie. Complètement noire à l’origine, la voute sculptée est en pierre de sable depuis 1976. Les colonnes annelées en marbre rouge ressortent dans la lumière. Une seule toile est accrochée au mur, les autres attendent dans la réserve un petit coup de fraîcheur. Dix confessionnaux sont encastrés dans les murs. Sont sculptés dans le bois, guirlandes, feuillages, raisins, pommes, poires, fleurs, tantôt des têtes d’anges, tantôt des têtes grotesques. En 1866, Charles Baudelaire, de passage à Namur, écrit : « Saint-Loup. Merveille sinistre et galante. Saint-Loup diffère de tout ce que j’ai vu des jésuites. L’intérieur d’un catafalque brodé de noir, de rosé et d’argent. » C’est d’ailleurs lors de cette visite que l’écrivain des Fleurs du mal perd connaissance.
Un nouveau souffle grâce aux bénévoles
La décision de restaurer l’église Saint-Loup a été prise en 1979. Depuis cette date, d’importants travaux ont été réalisés. Les dix confessionnaux ont été retirés de leur niche, puis replacés. La chaire de vérité, ainsi que les marbres, ont été remis à neuf. Cependant, la liste des travaux à effectuer est longue. Les statues, les peintures, le maître-autel, les autels latéraux et les orgues à relever. Depuis 2012, les Amis de Saint-Loup rassemblent près de trente personnes, passionnées par cette église qui n’a pas encore rendu son dernier souff le. Architecte, professeur, historien ou jeune retraité, tous contribuent à la rénovation du patrimoine wallon. Les cloches ne sonnent plus et la messe n’est plus donnée à Saint-Loup. Mais ce n’est pas pour autant que l’église est désacralisée. Concerts, expositions ou visites, l’église namuroise a déjà attiré plus de 15 000 curieux.
Renseignements
Le sas vitré est accessible du mardi au dimanche, de 10h à 16h, d’octobre à mars, et de 10h à 18h, d’avril à septembre.
L’église est ouverte tous les samedis de l’année de 11h à 16h les mois d’hiver, à 18h les mois d’été.
Visite guidée à 15h.
Informations :
Rue du CollègeB-5000 Namur
Tel. : +32 (0)81 22 80 85
www.eglisesaintloup.be