- Culture
Par Waw
Uchronies - Exposition
Le terme uchronie est apparu pour la première fois en 1857, sous la plume du philosophe français Charles Renouvier (1815-1903). En forgeant ce néologisme sur le préfixe grec “ ou ” (non) et le mot grec “ chronos ” (temps), il plaçait d’emblée l’uchronie dans le champ de la pure spéculation intellectuelle ; traçant ainsi la voie d’un genre, d’abord littéraire et ensuite cinématographique, fécond. Susceptible d’être modifié par l’imagination, le passé devient alors une matière à réorganiser et à redéployer selon d’autres enchaînements de causalité. Et si l’un des éléments du passé est modifié, alors, l’histoire peut/doit être réécrite.
C’est sur cette possibilité que s’organise la nouvelle exposition du BPS22, tirée de sa propre collection et de la collection de la Province de Hainaut dont le Musée est dépositaire. La collection de la Province de Hainaut constitue, plus particulièrement, une matière idéale car, riche de plus de six mille oeuvres, elle brasse plus d’un siècle de création locale, régionale et internationale. Commencée à la fin du 19e siècle, par des achats à des artistes comme Constantin Meunier, Antoine Bourlard ou Alfred Stevens, elle s’est particulièrement développée à partir de 1986, date
à laquelle le Député provincial Pierre Dupont a initié une politique d’acquisition ambitieuse.
Aujourd’hui, cette collection rassemble tous les médiums tels la peinture, la sculpture, la gravure, mais aussi la photographie, l’installation ou la vidéo. Si l’accent est mis sur les artistes hainuyers (Marthe Wéry, Patrick Everaert, Boris Thiébaut, etc.), une attention est également portée aux artistes belges (Marcel Berlanger, Jacques Charlier, Jan Fabre, etc.) et étrangers (Allan Sekula, Maria Thereza Alves, Barthélémy Toguo, Banks Violette, etc.), de registres esthétiques parfois très différents.
L’exposition Uchronies rassemble plus d’une septantaine d’oeuvres, mélangeant les écoles artistiques et les périodes historiques. Elle se structure en six chapitres, Mythologies Politiques, Ailleurs, Frêles Bruits, Paysages Métalliques, Soleil Noir et Néo-gothiques, dans lesquels les oeuvres se côtoient, se prolongent, se répondent ou s’opposent, indépendamment de leur classification dans l’histoire de l’art traditionnelle. De ces proximités nouvelles naissent d’autres filiations, des rapprochements inédits, des apparentements impromptus qui renversent les héritages historiques.
Des figures oubliées ou marginales réapparaissent (Ernest Gengenbach, Jean Ransy, Ruptz) aux côtés d’icônes incontestées (Andy Warhol, Cindy Sherman, Andres Serrano) ; des oeuvres anciennes (Germain Joseph Hallez, Constantin Meunier, Anto Carte, René Magritte) se chargent de nouvelles significations au regard d’oeuvres contemporaines (Edith Dekyndt, Felix Gmelin, Bruno Serralongue) qui les remettent en perspective.
Informations pratiques :
Du 27 février au 29 mai 2016