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Par Marie Honnay
à l’heure des grands hommes
Grand voyageur épris de liberté, le Liégeois Sébastien Colen est cofondateur de Col&MacArthur, une marque de montres de collection dont il est désormais l’unique chef d’orchestre. Retour sur une saga hors-norme.
Sébastien Colen, cofondateur de Col&MacArthur
Une montre de collection, c’est quoi ? Un petit bijou technique à la mécanique bien huilée ? Un design d’exception lui permettant de passer les décennies sans prendre une ride ? Un peu des deux, probablement. Sans parler, évidemment, de la dimension émotionnelle de la montre en question. Celle qui ne s’explique pas vraiment et qui donne à chaque exemplaire un petit supplément d’âme. Si cette dernière définition s’applique assez bien aux modèles du label liégeois Col&MacArthur, elle va comme un gant à Sébastien Colen, son cofondateur. Car il fallait tout de même être un peu fou pour lancer une nouvelle marque de montre. Surtout quand on ne vient pas du secteur de l’horlogerie et qu’on n’est pas né en Suisse.
Pour cet ingénieur liégeois passionné de voyages, rien n’aurait été possible sans sa rencontre avec Iain Wood-McArthur, un horloger anglais installé en Belgique. Leur premier rêve commun : une montre dédiée aux Scots Guards de la garde royale britannique, l’ancien régiment de l’horloger. Si le chemin des deux hommes s’est séparé en 2018, avant d’avoir connu un premier succès commercial, Sébastien Colen n’avait pas choisi de quitter un poste enviable dans le secteur pétrolier pour abandonner son projet avant de l’avoir fait décoller. Contrairement aux goliaths de l’industrie horlogère, Col&MacArthur s’inscrit dans un marché de niche. Le public visé : les passionnés d’histoire, les férus de patrimoine et les amoureux de l’horlogerie de collection qui souhaitent s’offrir une montre au design étonnant. Mais avant que la sauce prenne vraiment et que les montres liégeoises s’écoulent en Belgique, en France et en Angleterre, Sébastien Colen a tout de même dû faire preuve d’audace et d’une sacrée dose de détermination.
Il fallait tout de même être un peu fou pour lancer une nouvelle marque de montre. Surtout quand on ne vient pas du secteur de l’horlogerie et qu’on n’est pas né en Suisse.
Au poignet du président
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le garçon a le sens du storytelling ; mais aussi un sacré penchant pour le buzz. « Quand on a de grands rêves, on n’a souvent pas d’autre choix que de se jeter à l’eau », précise-t-il. En 2018, alors que la marque ne convainc pas encore le public, le jeune entrepreneur imagine Armistice 1918, une montre commémorative de la première guerre mondiale. « Cette montre, c’était celle de la dernière chance. Si le succès n’avait pas été au rendez-vous, je n’aurais pas eu d’autre choix que de retourner à mon premier métier. » C’est lors d’un voyage en France que l’heureux déclic s’est produit. « Je savais qu’à l’occasion des commémorations qui devaient avoir lieu plus tard dans l’année, Emmanuel Macron allait passer par Compiègne. J’ai donc contacté la mairie pour obtenir un rendez-vous. Comme la montre leur a plu, je leur ai proposé de l’offrir au Président. » Un joli buzz qui vaut à la marque liégeoise un reportage à la télévision française en prime time. La machine Col&MacArthur était lancée.
La montre Armistice offerte au président Emmanuel Macron. Un joli buzz.
Un Liégeois sur la lune
Au travers des différentes collections lancées depuis 2018, Sébastien Colen a cherché à titiller l’esprit de collection, mais aussi la fibre patrimoniale des amateurs de belles montres. De la Lunar 1969 créée pour commémorer les 50 ans des premiers pas de Neil Amstrong sur la lune au très ludique modèle Schtroumpf Collector en passant par la Da Vinci 1519 qui célèbre les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, chaque création raconte un petit bout de notre grande Histoire.
« Pour chaque nouveau modèle, je commence par me documenter sur le fait historique, puis je confie mes idées à un designer. Les étapes plus techniques, je pense notamment aux complications, sont confiées à une manufacture suisse. Quant aux montres, elles sont assemblées à Liège par notre horloger. Si je suis seul à bord, je peux compter sur une équipe de collaborateurs indépendants qui m’épaulent quand j’en ai besoin. Cette gestion entièrement digitale, y compris pour la distribution des montres via notre e-shop, me permet de continuer à voyager. A l’heure actuelle, mon objectif est de pérenniser la marque. En décembre dernier, nous avons lancé une version White du modèle Lunar, mon préféré en termes de design pur. Les prochains mois seront riches en nouveautés (voir encadré), mais mon rêve ultime n’est pas lié à un produit en particulier. A terme, j’espère pouvoir générer assez de profits pour financer une ONG et soutenir des projets sociétaux et humanitaires », conclut-il.
Le Liégeois semble sur la bonne voie puisqu’en 2020, boosté par sa présence à la télévision belge et française, Col&MacArthur a enregistré une augmentation de son chiffre d’affaires de 300 % ! Une croissance de bon augure pour ce passionné qui, au travers de ses collections de montres conçues pour être transmises de génération en génération, entend bien satisfaire notre profond désir d’accéder, nous aussi, à une certaine forme de prospérité.
Montre Da-Vinci
De futurs collectors
Au printemps prochain, les amoureux de la conquête spatiale découvriront un modèle commémoratif des 60 ans du premier homme dans l’espace. En 2021, Col&MacArthur célèbrera aussi les 500 ans de la mort du grand voyageur qu’était Magellan. Un modèle sous le signe de l’aventure en mer, à découvrir en avril. L’an prochain, Sébastien Colen rêve d’inviter les collectionneurs dans les coulisses de la bataille de Stalingrad. Il a d’ailleurs déjà planifié ses recherches tant à Berlin qu’en Russie. Et s’il parvient à franchir les nombreux obstacles liés aux droits de propriétés intellectuelles, le Liégeois lancera également une montre célébrant le cinquième anniversaire de la disparition de Johnny Halliday.