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© Fred Guerdin

Le métal ou le bois ?

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Hainaut  / Frameries

Par Thomas Turillon (L'Avenir)

Yves Deneyer ne choisit pas

Dans son atelier de La Bouverie, à Frameries, Yves Deneyer prend autant plaisir à réaliser une volée d’escalier en fer qui tiendra trente ans que le bardage mural d’une maison. L’homme s’épanouit autant en créant des plats d’essences rares par du tournage sur bois qu’en soudant une passerelle d’acier en devenir.

C’est totalement par hasard qu’il a tenté l’approche des deux matières au point de transformer une passion en profession. « Ma formation, c’est programmeur-analyste en informatique… Cela n’a donc rien à voir ! Passionné d’automobile, c’est dans ce secteur que j’ai été actif durant douze ans. » De quoi lever le voile sur l’un de ses secrets lui permettant de se démarquer au quotidien : « La finition par la peinture sur mes ouvrages métalliques d’aujourd’hui émane de mon passé dans l’automobile. Par la qualité des peintures utilisées dans ce secteur, ma technique vient de la carrosserie et non du bâtiment ! »

Pas une bavure, pas une coupe avec un millimètre de travers, même pas un boulon qui dépasse…

 


© Fred Guerdin

Pour la satisfaction de ses clients

C’est durant cette période où il fut actif dans l’univers des quatre roues qu’Yves Deneyer a entamé sa reconversion voici quatorze ans. Sa maison qu’il a lui-même construite en 2005 et qui se démarque notamment par des murs intérieurs en MDF est le premier témoin palpable de son talent lorsque l’on débarque chez le Borain. Ainsi que la table en Mortex qu’il a également créée et l’escalier métallique de très belle facture – « J’en ai créé 200, depuis ! » - qui permet de rejoindre l’étage. Pas une bavure, pas une coupe avec un millimètre de travers, même pas un boulon qui dépasse…

« Mon architecte m’a dit que j’avais de l’or dans les doigts et que je devais me lancer dans ce créneau. C’est ainsi que je me suis installé en 2007, aidé par un ouvrier à mi-temps car je n’aime pas trop déléguer. Tant que j’en suis physiquement capable, j’aime tout gérer seul. J’interviens partout en Belgique, mais le projet doit me motiver. Je réalise ce qui est techniquement possible de faire mais il faut que cela m’inspire. Je ne fais pas de l’alimentaire, je travaille pour la satisfaction des clients… et la mienne ! Hormis de grosses pièces réalisées dans mon entrepôt, tout se fait directement sur les chantiers. »

Le spectre des interventions du quasi quinquagénaire est large, très large. Et pour cause : « Je déteste la monotonie ! J’aime passer de la création d’un mobilier à un bardage en bois, puis enchaîner avec l’aménagement d’une terrasse, par exemple. » Le fait de maîtriser à la fois le travail du bois et du métal lui permet de gagner du temps en ne dépendant pas des autres, comme ce fut le cas pour son meuble de télévision dont il a fabriqué la structure métallique avant d’en assurer l’habillage bois.

C’est totalement par hasard que Yves Deneyer a tenté l’approche des deux matières au point de transformer une passion en profession.


Artisan, pas artiste !

Il faut un peu gratter le vernis pour comprendre que son talent n’est pas arrivé par hasard. « Mon père et mes deux grands-pères avaient des ateliers, je bricolais avec eux, j’ai commencé à souder à 12 ans ! », raconte Yves Deneyer, qui a ainsi commencé à travailler la dextérité de ses dix doigts dès son enfance, sans songer toutefois que ses amusements de gamin feraient de lui le professionnel sollicité d’aujourd’hui. Au point que neuf clients sur dix signent désormais le devis sans être allés voir ailleurs.

Son style ? Ses créations correspondent à certains codes du XXIe siècle. « Tout ce que je fais est très contemporain. C’est très linéaire, épuré » … Mais n’allez pas lui dire qu’il est un véritable artiste. Ce statut, il le rejette aussi dans ses autres passions où il excelle, comme la photographie, notamment via ses images XXL de grands espaces de la côte ouest des Etats-Unis où il aime bivouaquer en famille. « Les photos sont belles mais ce n’est pas moi l’artiste, c’est la nature », insiste-t-il. Au terme artiste, Yves Deneyer oppose celui d’artisan, plus approprié à ses yeux. « Je me suis battu pour obtenir ce statut officiel. C’est l’artisanat qui me définit, avec mes nombreuses pièces uniques et cet esprit de finition à la main.»

Des arbres de défunts devenus des objets immortels
Stylos en magnolia, moulins à poivre en loupe de bouleau, sous-verres en noyer, pommes décoratives en cerisier du Japon … Pas moins de cinquante-six essences de bois ont déjà pu connaître une nouvelle vie grâce à sa dextérité. « La majorité provient d’arbres abattus dans la région. J’essaie au maximum de rester dans le bois local », explique Yves Deneyer qui travaille parfois également à partir de planches de skateboard recyclées.
Autant de pièces de bois qui ne manquent pas de provoquer une incommensurable émotion lorsqu’elles se transforment en objets d’art, voire en cadeaux. L’artisan se souvient ainsi du bois tiré d’un pommier ayant appartenu à une grand-mère décédée et qui est devenu le vide-poche de sa petite-fille. Il se rappelle aussi cette personne qui a voulu lui racheter les plats qu’il avait créés dans un tronc de noyer provenant du terrain de sa maman et qui a ensuite distribué à toute sa famille les stylos réalisés dans le restant du même bois. Notre interlocuteur pense enfin à ce tulipier de Virginie, bois dont il apprécie l’odeur et le travail qu’il confère. « Il a été abattu sur une propriété familiale où les enfants avaient construit une cabane lorsqu’ils étaient petits. Pour faire perdurer l’histoire de l’arbre dans la famille, le dame qui y habite m’a demandé d’en réaliser des plats afin de les distribuer à ses proches ». De belles histoires.

 

Stylos en magnolia, moulins à poivre en loupe de bouleau, sous-verres en noyer, pommes décoratives en cerisier du Japon... Pas moins de cinquante-six essences de bois ont déjà pu connaître une nouvelle vie grâce à sa dextérité.

 

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