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Par Adrienne Pesser
Lorsque l’on passe la porte de l’imposant bâtiment, un doux parfum de sciure de bois vous enivre. Dans le hall d’entrée s’étalent jouets et ameublements en bois. Au fond du couloir, les machines tournent à plein rendement. Ça travaille dur, dans les bureaux comme dans l’atelier !
À la tête d’une équipe de huit personnes, le patron, Pierre Maréchal, mène sa barque. L’ingénieur civil, ancien directeur d’une usine automobile au Grand Duché, se présente comme un Ardennais pure souche, avec en permanence un pied de chaque côté de la frontière. Et de planter le tableau. « Les Ardennais passent pour des êtres taiseux, tenaces, teigneux et travailleurs… et aussi un peu tête de bois » ! Il ne pense pas si bien dire… En 2010, il se voit offrir l’opportunité de plonger dans le monde des PME, lorsqu’une entreprise en difficulté fait appel à son expertise pour relancer le commerce. Naît ainsi 4 wood, société spécialisée dans la création et la fabrication de présentoirs en bois. Les panneaux en MDF s’emboîtent selon un système d’assemblage sans aucune quincaillerie (ni clou, ni vis), le tout à un prix défiant toute concurrence. Ce dispositif offre de nombreux avantages d’un point de vue technique, écologique et logistique. Le marché est florissant, en particulier en France où la fabrique exporte environ 85% de sa production. « Notre savoir-faire est tel qu’on ne rencontre que peu ou pas de concurrents sur notre chemin », se réjouit l’entrepreneur.
Et si on jouait ?
Lorsqu’il établit son business plan au lancement de l’entreprise 4 wood, Pierre Maréchal prévoit de créer au moins une activité autre que le présentoir, dans un esprit de sécurisation. En gardant le système d’assemblage sans clou ni vis – sa marque de fabrique –, l’équipe imagine diverses possibilités permettant de réutiliser les chutes de présentoirs. Et pourquoi pas un jeu éducatif, labellisé 100% « made in Belgium » ? Entouré et encouragé par Macovi, société spécialisée dans la commercialisation de jeux, l’idée de construction de voitures d’abord, de bâtiments ensuite, voit le jour pour finalement « déraper » sur des châteaux forts. Le marché est demandeur de ces jouets au design sympathique, au prix attractif, à leur esprit bio (uniquement en bois, teinté au moyen d’une laque à base d’eau créée spécialement pour eux).
La marque Ardennes Toys est née. Deux semaines à peine, c’est le temps qu’il a fallu pour vendre les 150 premiers châteaux. Fin 2012, quatre mois après le début de la production, le stock de 480 boîtes est épuisé. L’année suivante, Ardennes Toys remporte contre toute attente le prix du jouet de l’année, dans la catégorie construction. Conséquence directe : les clients s’arrachent la nouveauté, les ventes montent jusqu’à 3650 boîtes. En 2014, le compteur affiche un chiffre record de plus de 5000 boîtes écoulées, réparties sur une vingtaine de références.
Dès les débuts, une vraie logique de circuit court apparaît dans ce projet : acheter local, exploiter la matière première de la région, développer l’emploi en Ardennes. « Je me suis rendu compte que bien des gens partageaient ces mêmes valeurs. Par exemple, nous entretenons un étroit partenariat avec l’atelier protégé des Hautes Ardennes, situé à Vielsalm et spécialisé dans l’emballage. Cet impact social positif donne du sens humainement à la construction d’entreprise, autant pour eux que pour nous. » Les clients d’Ardennes Toys sont bien souvent de jeunes parents responsables et animés par cette même optique de retour à l’essentiel et de recherche de solutions alternatives. Père de trois enfants et soucieux du monde qui les entoure, Pierre Maréchal souhait mettre toute son énergie et son savoir-faire au service de la société en participant au circuit économique local.
La clé du succès ? « L’innovation et le fait de communiquer largement sur les valeurs que l’on porte. Un vrai message basé sur l’authenticité et l’intégrité. » Et en matière de communication, Ardennes Toys a trouvé le bon filon : un tapis de 3 x 5 m sur lequel employés, patron y compris, et enfants s’agenouillent… et construisent tous ensemble un château ! « Les parents observent, puis s’assoient également avec nous. On ne demande rien à personne, tout se fait naturellement. » Une communication non agressive en parfaite cohérence avec l’image simple de l’entreprise et offrant une visibilité exceptionnelle, le tout en s’amusant.
Et ils vécurent heureux…
Au total, huit équivalents temps-plein forment l’équipe créative et productive commune de 4 wood et Ardennes Toys. « Bien entendu, l’objectif n’est pas de rester à huit après avoir construit tout ça. » Parallèlement, une douzaine d’agents commerciaux occupent le terrain, wallon et français principalement. En Flandre, aux Pays-Bas comme au Luxembourg, le marché progresse également. D’autres pays plus inattendus montrent de l’intérêt : l’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Allemagne, l’Ukraine et même le Panama. « Des contacts qui nous tombent du ciel ! Ce sont eux qui nous approchent. Et à vrai dire, je ne sais même pas comment ils nous trouvent », s’amuse le chef d’entreprise. Dans les maisons, les châteaux forts Ardennes Toys ne restent jamais bien longtemps dans leur boîte. De plus, avec une seule de ses boîtes, il est possible de monter un nombre infini de bâtisses. Développer à la fois la créativité et le regard que porte l’enfant sur lui-même représente un réel plus. « Nous avons une bonne place sur le marché du jouet en bois. Notre produit, unique, est une pure innovation. Nous n’avons donc aucun concurrent direct. »
Les secteurs du jouet et du présentoir de fabrication 100% ardennaise auraient-ils encore de beaux jours devant eux ? C’est là tout ce qu’on leur souhaite.
2012
C'est en 2012 que les premiers châteaux sortent de l’usine. Il n'aura fallu que 15 jours pour que les 150 premiers châteaux se vendent comme des petits pains. Ensuite, c'est l'escalade. 480 boîtes vendues en 2012, 3 650 en 2013 et plus de 5 000 en 2014.
2013
C’est en octobre 2013 qu’Ardennes Toys s'est vu décerner le prix du jouet de l’année, dans la catégorie construction.
80%
Chaque année, 80% de la production est écoulée durant le second semestre, à l’occasion de la Saint- Nicolas et de Noël. 50% des ventes de châteaux forts s’eff ectuent sur le Benelux, l’autre moitié a lieu aux 4 coins de la France.
20
Outre sa douzaine d’agents commerciaux en activité, 4 employés et 4 ouvriers composent l’équipe commune d’Ardennes Toys et 4 wood.
Renseignements:
Ardennes Toys
La Chaussée, 55 B-6637 Malmaison (Fauvillers)
+32 (0) 61 41 48 88
www.ardennestoys.com
LE GREEN HUB LUXEMBOURGEOIS, UNE VISION OUVERTE SUR LA CRÉATIVITÉ
Dans le cadre du programme Creative Wallonia et sa volonté de déployer les initiatives, chaque province wallonne est invitée à proposer son propre projet. Comme ses homologues, le Luxembourg belge s’est lancé dans l’aventure en mettant sur pied une plate-forme créative, appelée « Green hub », un nom aux couleurs des paysages alentours. L’objectif consiste à monter un programme d’actions visant à susciter la créativité à tous les niveaux et ainsi connecter les acteurs entre eux, tous secteurs confondus.
Comme le souligne son président Laurent Briou, « la créativité et l’innovation représentent une nécessité de survie sur le marché actuel ; telle est la philosophie du hub luxembourgeois. On dit toujours que ceux qui n’avancent pas reculent. Si l’on n’innove pas, si l’on reste sur ses acquis, il ne faut pas traîner à regarder dans le rétroviseur ; sinon, les autres acteurs risquent de vite nous dépasser. C’est là tout l’enjeu d’apprendre à réduire ou conserver, selon les cas, cet écart compétitif. »
Initié début 2014, le programme étendu sur cinq ans en est toujours aux balbutiements et est ouvert à toutes les propositions. Pour sa première année d’activités, l’ASBL se voit allouer un budget de 160 000 €. 50% sont consacrés aux diverses animations, formations ou conférences. L’autre moitié constitue un soutien purement financier, afin de donner un « coup de pouce » à certains projets et de permettre des synergies. Luxembourgeois, innovez !