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Par Florence Thibaut
Si les bienfaits du sommeil sur la santé physique et mentale sont avérés, la sieste au travail reste taboue dans nos régions. Elle permet pourtant de réduire rapidement son stress et de recharger facilement ses batteries. Favoriser la sieste éclair dans son entreprise, c’est gagner en productivité.
Fervente ambassadrice de la sieste, à ses yeux arme anti-burn-out, Sophie Geilenkirchen a choisi d’y consacrer toute son énergie en développant « WorkInJoy ». Centré sur le bien-être, le concept global combine espaces de ressourcement en entreprise, ateliers thématiques et application mobile avec des conseils « santé » à la clé. Diplômée d’HEC-Liège, ancienne directrice des ressources humaines chez BEA et directrice financière chez Neuroplanet Group et Invest Minguet Gestion, la fondatrice de la PME installée à Liège est aussi professeur de yoga, thai chi et pilates. Rencontre avec une passionnée férue d’interactions humaines.
Comment est né WorkInJoy ?
Stakhanoviste du travail, grande voyageuse et jeune maman, j’ai découvert les siestes flash. Ces petits moments de repos très courts me faisaient beaucoup de bien et m’aidaient à affronter ma journée. C’est mon expérience personnelle et mon envie de travailler sur le bien-être qui ont donné naissance à WorkInJoy, il y a un peu plus de trois ans. Le concept centré sur la santé a d’abord pris la forme d’une activité complémentaire en marge de ma carrière, avant de devenir mon métier à part entière. Mon grand défi reste de prendre mon bâton de pèlerin et d’évangéliser les entreprises, même si le train est en marche.
Quels sont les bienfaits du sommeil pour les entreprises ?
Ils sont multiples ! On estime qu’un employé bien reposé est en moyenne deux fois moins malade et six fois moins absent. Il est aussi 55% plus créatif, 12% plus productif et 9 fois plus loyal. Les pauses énergisantes sont un outil de rétention et de fidélisation. Investir dans ses collaborateurs est toujours rentable. Au delà de ces statistiques, un employé qui dort suffisamment gagne en énergie et en motivation, cela rejaillit forcément sur l’équipe. On est tous parfois en mode robot. On est fatigués, on survit grâce au café… Faire une vraie pause permet de prévenir la fatigue et de vivre sa journée autrement. C’est un cercle vertueux.
Comment s’articulent vos services ?
Avec mes deux collaboratrices, nous fonctionnons avec l’équation suivante : diagnostic de la situation, analyse sur base d’un questionnaire envoyé aux employés, recommandations et déploiement en entreprise. WorkInJoy souhaite offrir un service holistique, clé sur porte et facile à tous les niveaux. Ainsi, nous concevons des salles de repos en travaillant sur l’aménagement, l’éclairage, le son, l’aromathérapie… Nous nous chargeons de tout, à nos frais, en échange d’un abonnement mensuel. Une application développée avec un partenaire, dont la nouvelle version sort d’ici peu, permet de voir les disponibilités de la salle en temps réel et de réserver son moment. Les données collectées nous permettent ensuite de faire un reporting et un monitoring précis de son utilisation. Nous réalisons également des ateliers thématiques, par exemple, sur la nutrition ou des workshops de relaxation pour apprendre à se détendre. Le fil rouge de toutes nos activités est toujours le bien-être et l’équilibre.
Qu’est ce qui fait une « bonne » sieste ?
Lâcher prise est loin d’être évident, encore moins au travail. On y est souvent déconnectés de nos émotions. Il est important de se recentrer et d’apprendre à écouter son corps. Comme manger cinq fruits et légumes par jour, cela s’apprend et cela s’entraîne. Pour donner un coup de fouet, la sieste doit être courte, environ vingt minutes. Il ne s’agit pas de tomber dans un sommeil profond, mais de faire le vide, de se connecter à ses sensations et décompresser. L’espace choisi doit pour cela être sécurisant et ressourçant. Nous conseillons une chaise longue et ergonomique ou un coussin géant plutôt qu’un lit. Nous proposons également un casque anti-bruit pour ceux qui le souhaitent.
Qui sont vos clients aujourd’hui?
Le Centre d’Affaires Natalis, Afelio, le Pôle image de Liège… Nos clients ont différentes tailles et balayent plusieurs pans de l’économie. Bien sûr, certains secteurs plus créatifs sont traditionnellement plus réceptifs que d’autres à ce type de démarches. Mes interlocuteurs sont généralement le CEO dans les petites structures et le DRH ou le Facility Manager dans les plus grandes. Je parle leur langue et je suis passée par le business, ça les rassure. Une constante : je vois notre collaboration comme un partenariat à long terme. C’est avant tout une relation humaine. Tous les trois mois, une visite a lieu sur le terrain pour prendre le pouls de la société. Le contrat court sur au moins deux ans, parfois il s’étale sur 4 ou 5 ans.
Comment agir rapidement sur le bien-être de ses employés ?
Il faut d’abord se questionner sur ce qu’on veut et ses priorités, en visant toujours le win-win. On peut agir par des petites choses simples, par exemple, des fruits, des ateliers sur la pleine conscience ou la nutrition, des possibilités de faire du sport... Progressivement, c’est une culture bienveillante et déculpabilisante qui s’instaure. Le bien-être est quelque chose qui se cultive. Il ne se décrète pas une fois pour toute.
Comment le concept WorkinJoy a-t-il évolué ?
Notre palette de services s’est étoffée. Un pôle formation s’est développé en marge de nos espaces de relaxation. Nous proposons des formations courtes et pratiques, par exemple, en gestion du stress ou en sophrologie, pour offrir rapidement un maximum d’informations directement utilisables. Le temps c’est de l’argent en entreprise ! Des événements sont également venus se greffer aux autres activités.
Comment imaginez vous votre concept dans cinq ans ?
Il y a encore beaucoup de choses que j’ai envie de développer. Je pense notamment à travailler sur la question du change management avec une amie coach. D’ici cinq ans, j’espère bien avoir multiplié par cinq le nombre de clients ! Tout est reproductible dans notre modèle, pourquoi pas imaginer aussi une franchise en France ou ailleurs.
Qu’est ce qui vous plaît dans votre métier ?
Je ne ferais machine à arrière pour rien au monde, même si je ne compte pas mes heures et que j’ai divisé mon salaire par deux ! Je me suis lancée sans parachute, mais avec beaucoup de passion et d’énergie. J’aime les gens. C’est un métier où l’on fait de belles rencontres. Quand on voit des gens qui se détendent et qui vont mieux, on a gagné sa journée.