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Par Waw
Trois expositions à découvrir jusqu’au 16 mai 2021
LE GRAND ATELIER DE JOËL-PETER WITKIN
Articulée autour de ses thématiques de prédi- lection que sont la mort, la religion, le mythe et l’allégorie, l’exposition démontre toute la maitrise technique et atypique de ce singulier photo- graphe né en 1939 à Brooklyn (New York). Fascination et répulsion, compassion et voyeu- risme sont autant de réactions possibles face aux photographies de Joël-Peter Witkin qui semblent être les tableaux d’une « monstrueuse parade » mettant en exergue un monde de souf- france, de mutilations, de désincarnations, sans exclure une forme de dérision. Mutilés, andro- gynes, transexuels, cadavres démembrés empruntés aux morgues réinterprètent des figures mythologiques ou bibliques, magnifiés par le travail d’artisan orfèvre de Witkin, une pra- tique excluant toute manipulation digitale.
Cupid and Centaur in the Museum of Love, Marseille, 1992 © JP Witkin, Baudoin Lebon
Joël-Peter Witkin démontre une connaissance approfondie de la peinture et de la sculpture autant que de la photographie et de la mythologie. A contempler ses pho- tographies, on ne peut se déprendre du jeu de l’analogie : ici Dürer ou Goya, là Picasso ou Marey, quand Botticelli, Vélasquez ou Man Ray ne sont directement cités. Witkin se réapproprie l’iconographie en d’éton- nants télescopages déjouant la chro- nologie et les disciplines, à l’exemple de ces équivoques Galatées aux corps érotisés dont il s’est fait le Pygmalion.
Anna Akhmatova, Paris, 1998 © JP Witkin, Baudoin Lebon
PETER H. WATERSCHOOT
SUNSET MEMORY
© PH. Waterschoot
Né à Gand, en 2009, Peter H. Waterschoot nous convie à un voyage immobile, dans ce qui pourrait être le récit recomposé d’une étrange nuit se déroulant en des espaces clos, aux lumières tamisées autant que dans la ville qui les héberge. Au cours de séjours de trois ou quatre jours consécutifs, à Ostende, Bruxelles, Venise, Osaka ou Berlin, Peter H. Waterschoot a photographié en reclus les signes du temps et de l’absence dans des chambres, des couloirs, des salons, des dancings dépeuplés... Ici et là, on aperçoit des lits et fauteuils abandonnés, des papiers peints défraîchis, des verres oubliés et des réveils arrêtés. Peter H. Waterschoot ne nous dévoile pas seulement le récit hypothétique d’attentes mystérieuses dans ces lieux clos, il se fait également l’œil indiscret de rues désertées, qu’un faible éclairage seul anime.
© PH. Waterschoot
DEBI CORNWALL
WELCOME TO CAMP AMERICA
Compliment Detainee Media Room, Camp 5, 2014 © Debi Cornwall
Hormis les tenues oranges des prisonniers, peu d’images circulent sur ce qui se cache réelle- ment derrière les murs de Guantanamo, la base militaire américaine située à la pointe Est de Cuba tristement célèbre pour être un lieu de tortures et d’incarcérations.
Entre mars 2014 et janvier 2015, durant trois séjours, la photographe new-yorkaise Debi Cornwall a été autorisée à entrer dans l’enceinte de Guantanamo pour réaliser un reportage pho- tographique à la condition impérative de respecter strictement certaines règles. Interdiction de photographier le visage des soldats, de prendre la moindre image des dispositifs de surveillance, obligation d’être perpétuellement escortée et de faire valider chaque jour les prises de vues enregistrées sur la carte SD de l’appareil et... de développer dans la foulée les négatifs pour qu’ils puissent être inspectés, ce qu’elle réalisera dans la baignoire de sa chambre d’hôtel, sous le regard attentif de son escorte.