- Dossier
Par Gilles Bechet
On l’a découverte à la présentation de Génies en Herbe, puis à celle du Concours Musical Reine Elisabeth. C’est avec Ma Terre et Nuwa, deux émissions qui portent sa marque, que Corinne Boulangier a trouvé de quoi nourrir sa curiosité atavique. Désormais directrice de La Première, elle veut se laisser guider par deux valeurs qui résument son parcours déjà riche, en apportant du bonheur et du sens.
Née le 14 février 1973 à La Louvière, Corinne Boulangier a puisé chez un grand-père qui est passé du travail de la ferme à celui des ascenseurs du canal du centre, la conviction que le rapport à la terre et à son exploitation sont des questions centrales dans le monde d’aujourd’hui. Les racines qui l’ont nourrie sont d’abord familiales. « Je sais ce que ça a coûté aux générations qui m’ont précédées de m’amener là où je suis. Toute petite, j’ai été encouragée à regarder le monde autour de moi, le patrimoine agricole comme le patrimoine industriel. Ce n’est pas pour rien que ma curiosité intellectuelle me pousse à mettre en avant ces aspects de la Wallonie. » Paradoxalement, c’est grâce à son travail avec l’Institut du Patrimoine (IPW) pour l’émission Ma Terre qu’elle a redécouvert certains lieux patrimoniaux de Wallonie. « Ce ne sont pas des coquilles vides, ce sont ces lieux où les constructions des hommes portent des traces qui témoignent de leurs combats, de leurs visions et de leur créativité qui nous ramènent d’où on vient. Et ça, ça me touche. » Élevée au rang de chevalier du Mérite wallon en 2012, elle a senti cet attachement pour la Wallonie grandir en elle comme une plante qui se développe. Elle en regrette d’autant plus l’indifférence que certains affichent pour leur région et pour toutes ses réalisations. « Très souvent, j’ai l’impression que, à ne pas s’intéresser au passé, on néglige le présent et on prend le mur de l’avenir en pleine figure. »
Élevée au rang de chevalier du Mérite wallon en 2012, elle a senti cet attachement pour la Wallonie grandir en elle comme une plante qui se développe.
Communiquer, informer, sensibiliser
« Alors qu’on est en permanence plongé dans les difficultés, on a souvent l’impression que les voix dominantes sont celles qui dénoncent les problèmes, pas celles qui proposent des solutions. » Avec conviction, Corinne Boulangier fait part de son admiration pour les médecins et chercheurs qu’elle côtoie depuis qu’elle est la marraine de la Fondation Saint- Luc. Créée à l’occasion du 10e anniversaire de l’implantation des cliniques universitaires en terre bruxelloise, la fondation s’est donné pour objectif d’aider les professionnels de la santé à compléter leur formation à l’étranger et aussi d’accorder aux cliniciens des bourses qui leur permettent de se consacrer à des projets de recherche pendant deux ou trois ans. Cette décision qui n’allait pas de soi pour l’animatrice journaliste qui confesse une frousse bleue de l’hôpital, de la maladie et des seringues ! Communiquer, informer et sensibiliser, voilà les tâches qu’elle accomplit avec générosité portée par sa curiosité et son sens du contact. « Le premier enjeu est de faire comprendre aux profanes, dont je fais partie, l’enjeu de la recherche dans des domaines parfois très pointus pour l’ensemble de la chaîne sanitaire et cela au bénéfice de tout un chacun. » Le deuxième objectif est celui de lever des fonds pour la recherche et de sensibiliser à l’importance du mécénat. « C’est fondamental, d’autant plus que ce n’est pas ancré dans notre culture où on a tendance à confondre mécénat et sponsoring. »
« Ce ne sont pas des coquilles vides, ce sont ces lieux où les constructions des hommes portent des traces qui témoignent de leurs combats, de leurs visions et de leur créativité qui nous ramènent d’où on vient. Et ça, ça me touche. »
De ses visites au service de néonatalogie à un service d’urgence, de ses discussions approfondies avec des chercheurs, de ses rencontres avec des hommes et des femmes passionnés, elle reçoit des belles leçons de vie. « Ça me fait du bien. Quand on fréquente l’hôpital du côté de celui qui subit, on en a une vision unilatérale. On a parfois l’impression qu’on ne compte pas, qu’on n’est pas compris. Il y a toujours certains médecins ne savent pas communiquer, mais j’en ai rencontré d’autres qui ajoutent à leur excellence technique, des capacités d’empathie et de chaleur humaine exceptionnelles. »
Courir pour la recherche
Le 26 mai 2013, une équipe de la Fondation Saint-Luc sera sur la ligne du départ des 20 km de Bruxelles. Si les dieux du stade sont avec elle, Corinne Boulangier en sera, avec l’envie de se bouger pour faire bouger les choses. « Ce n’est pas gagné, car physiquement je viens de tellement loin depuis décembre, mais l’aventure est tellement stimulante que je ne pouvais pas au moins essayer de relever le défi. » L’invitation est lancée à tous pour courir ou pour parrainer un coureur. La centaine de coureurs de Saint-Luc et de l’UCL forment une chaîne à l’avant du groupe pour contenir les coureurs et éviter les faux départs. C’est le team du « start control ». Ceux qui veulent en être sont attendus à 8h45.