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© Julien Benhamou

Audrey Levêque
De la réalité liégeoise
au rêve parisien

  • Dossier
Wallonie

Par Adrienne Pesser

Docteur en sociologie, comédienne, chanteuse et, depuis peu, bonne soeur ! À ce titre, Audrey Levêque profite de la moindre seconde qui s’écoule sur la majestueuse scène du Mogador à Paris pour vivre son rêve sans modération.

Originaire de Soumagne, Audrey Levêque baigne depuis sa plus tendre enfance dans l’univers artistique. Flûte, piano, chant, elle est tombée dans la marmite quand elle était petite. À l’âge de 18 ans, Audrey se découvre une irrépressible passion pour la comédie musicale anglo-saxonne. « Ce style a résonné en moi comme une évidence. J’ai de suite senti que j’avais trouvé ma voie… ou ma voix. »

En l’an 2000, licenciée en sociologie et agrégée en sciences humaines de l’Université de Liège, Audrey entame une thèse de doctorat, financée par le FNRS. Certes, les études l’accaparent beaucoup. Mais elle n’en oublie pas pour autant sa vocation.

En 2006, doctorat en poche, elle quitte l’ULg et acquiert le statut d’artiste. Elle en profite pour développer ses capacités grâce à des cours de théâtre, de chant et de danse. Les apparitions sur les planches des théâtres wallons se succèdent. Dans son CV à rallonge, on recense, entre nombreux autres rôles, ceux de Mary Poppins dans le Spectacle EnChanté et de Stella Spotlight dans Starmania. Après trois ans de vie d’artiste, le compte-épargne chute dans le rouge. Retour à l’ULg, où Audrey accepte une place au département des ressources humaines à HEC. « Tout en travaillant, je continuais à passer des auditions. J’avais et j’ai toujours le chant dans les tripes. »

Soeur Marie Berthe l’aventurière

En janvier 2012, la comédienne s’inscrit à une audition lancée par Stage Entertainment pour la légendaire comédie musicale Sister Act. Le verdict tombe. Elle embarque dans la sacro-sainte aventure et incarne Soeur Marie Berthe au Théâtre Mogador au coeur de Paris. Branle-bas de combat ! Du jour au lendemain, elle quitte la vie universitaire pour entrer dans le Broadway parisien. « Mon rêve se réalise enfin. Et pas n’importe lequel ! Mon rêve version “gold”. Non seulement il s’agit de Paris, mais en plus de “Sister Act”. » Septembre 2012 marque le point de départ de l’aventure et le show devrait se prolonger au moins jusqu’au mois de juin 2013. Au rythme effréné de sept représentations par semaine, les 32 artistes – dont un autre Belge, Jackson De Decker – se dépensent sans compter devant des salles combles. « Impossible de se lasser. La troupe le vit différemment chaque soir car le public réagit autrement à chaque fois. L’ambiance de feu présente aussi bien dans la salle que dans les coulisses motive les esprits. »

Mon rêve se réalise enfin. Et pas n’importe quel rêve… Mon rêve version « gold ». Non seulement il s’agit de Paris, mais en plus de Sister Act.


Ma Cité ardente bien-aimée

Joviale et souriante, Audrey s’est rapidement liée d’amitié avec ses camarades français. Néanmoins, l’absence de ses proches et de ses contrées la tourmente. « À côté de la froideur parisienne, la chaleur de la Cité ardente me manque énormément. » À propos de sa chère et tendre ville, la comédienne la décrit de façon à faire rêver plus d’un Parisien ! Liège, c’est avant tout un état d’esprit, un mode de vie, un espace de libertés. Les qualificatifs ne manquent pas. « La spontanéité des Liégeois et leur accent mélodieux ; les Grignoux, la Sauvenière et leur programmation décalée ; les cafés ouverts jusqu’au finish ; la gastronomie liégeoise et, de manière plus générale, les plats typiques belges ; la vie théâtrale variée et accessible à tous les publics… Liège est une ville unique et complète d’un point de vue culturel et intellectuel. » D’autres lieux lui tiennent également à coeur, notamment le Théâtre Molière et le Kladaradatsch à Bruxelles, remplis de souvenirs entre autres avec la troupe des Colyriques.

Chaque mois, la nonne rentre en Belgique et fait le plein de produits bien de chez nous : chocolat, spéculoos, péket, bières… Au travers de ces spécialités, l’expatriée se complaît à partager un bout de son patrimoine matériel… et immatériel. De temps en temps, des expressions wallonnes sortent naturellement de sa bouche. « Oufti » est devenu mot courant dans les coulisses, n’en déplaise à ses complices de jeu.

Dans quelques mois déjà, le rêve prendra fin. Adieu la chorale des bonnes soeurs survoltées, adieu le Mogador, adieu Paris. Les pieds sur terre, Audrey réalise qu’un rôle comme celui de la Soeur Marie Berthe sur une grande scène parisienne ne se présentera probablement plus. Alors, à bientôt 35 ans, célibataire et sans enfant, elle vit son rêve sans retenue. « Je me vois mal faire carrière dans le musical. Après “Sister Act”, j’ai envie de me poser et de fonder une famille, un mode de vie incompatible avec les comédies musicales. Maintenant, quoiqu’il puisse m’arriver, j’ai déjà réalisé mon rêve ! »

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