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© Chateau de Freux

Domaine du Château de Freux

  • Découverte
  • / bonnes adresses
Luxembourg  / Libramont-Chevigny

Par Quentin Deuxant

Au cœur de l’Ardenne, le cadre idyllique du Domaine du Château de Freux permet l’organisation d’une série d’événements et se démarque par une offre de logement insolite. Le temps d’une journée d’exception, appréciez la vie de château. Ou passez une nuit, bien installé dans une sphère transparente, à guetter le brame du cerf.


Le Château de Freux a été érigé par les frères jumeaux Auguste et Constant Goffinet, qui comptèrent parmi les principaux conseillers et hommes de confiance de Léopold II, au cœur d’un environnement pour le moins hostile. Le mot Freux, pour l’anecdote, vient du latin « Frigidus », signifiant froid. À cet endroit, les conditions hivernales sont pour le moins rudes, rendant plus complexes les travaux d’aménagement.

Le domaine a pourtant vu le jour à la fin du XIXe siècle, dans cette zone marécageuse, grâce à la ténacité et à l’ingéniosité des deux frères Goffinet. Ceux-ci, issus d’une famille noble originaire de la région, et dont le père avait été luimême au service du premier roi des Belges, eurent pour première tâche… de créer le château en tant que tel. « Lorsqu’ils ont acheté le site, le château tel qu’on le connait aujourd’hui n’existait pas, explique Véronique de Fierlant, propriétaire actuelle du domaine, avec son mari Edouard. Trois maisons qui se trouvaient à cet endroit ont été rassemblées pour former le château. Auguste et Constant Goffinet ont ensuite progressivement acheté des terres aux alentours, pour agrandir le domaine. »

Domestiquer l’eau

La tâche suivante fut d’assécher ces terres très marécageuses. « Ils ont longuement travaillé sur ce problème. En créant des étangs propices à la pisciculture, ils ont trouvé le moyen de canaliser l’eau, poursuit Véronique de Fierlant. C’est la raison pour laquelle on trouve 60 étangs répartis à travers l’ensemble du domaine. Les frères Goffinet sont de cette manière parvenus à tirer un profit économique d’une situation naturelle délicate. C’était calculé. » Cette domestication réussie de l’eau était une aubaine pour Charles de Fierlant, le père d’Edouard, l’actuel propriétaire. Lorsqu’il se retrouve à la tête du domaine, dans la seconde moitié du XXe siècle, il développe l’activité piscicole, continuant à entretenir avec rigueur un site subissant les aléas de la météo.

Investir dans le tourisme vert et insolite

Au décès de Charles, il y a cinq ans, ses enfants ont dû se poser, à nouveau, la question de l’avenir du château et de son immense domaine. « Nous y avons habité durant un an, confie Véronique de Fierlant, belle-fille de Charles. Nous y vivions Moonboots aux pieds, quasiment en permanence, et vêtus chaudement. La maison était loin de présenter les normes de confort actuelles ! Quand nous avons constaté l’état du château, le projet touristique auquel nous pensions depuis presque 10 ans, avant même le décès du père d’Edouard, a pris une autre ampleur. Il fallait tout rénover. » Toit, sanitaires, isolation, électricité, chauffage… Ce sont en effet des travaux lourds qui ont dû être entrepris pour permettre au château d’accueillir, à terme, un gîte d’une grande capacité de 43 personnes. Les travaux se poursuivent actuellement. L’ouverture du gîte est prévue pour les fêtes de la fin de cette année.

Mais en attendant, et afin de pouvoir assumer ces travaux lourds, aussi financièrement, les époux de Fierlant ont déjà lancé une série d’activités touristiques sur le domaine. « Nous avions déjà une expérience dans le secteur puisque nous louons notre gîte – La Héronnière – depuis déjà 11 ans, détaille Véronique de Fierlant. En discutant avec une série d’intervenants du secteur touristique, nous avons entendu parler d’une personne qui vendait les fameuses ‘Sphairs’, ces bulles gonflables, transparentes et chauffées dans lesquelles les touristes peuvent passer la nuit. Nous sommes tombés sous le charme et nous en avons acquis six que nous avons placées sur le domaine. »

Écouter la brame du cerf en restant dans sa bulle

Les « Sphairs de Freux » vont rapidement séduire de nombreux touristes de la région et d’ailleurs. Pour Véronique de Fierlant, il s’agissait d’abord de proposer une expérience hors du commun. « Au départ, nous voulions ouvrir les « Sphairs » au public uniquement durant la période du brame du cerf. Nous avons en effet une population importante de cervidés à proximité et le brame est particulièrement bien audible dans le domaine. Mais, face à une demande importante, on a rapidement constaté qu’il était ridicule de ne pas les utiliser durant le reste de l’année. Depuis cette année, nous sommes présents sur Airbnb et le succès est total : je suis occupée à peu près tous les jours avec cette formule d’hébergement. »

Après avoir assuré une partie de la rénovation, les propriétaires ont par ailleurs décidé, depuis l’an dernier, de louer une partie du château pour l’organisation de mariages. Un service dont l’intérêt est renforcé par la présence d’une église, juste à côté du château…

De la culture à gogo…

Mais les projets pour lesquels Véronique de Fierlant et de son époux débordent d’enthousiasme ont trait à la culture. « Nous avons déjà organisé toute une série d’événements mêlant art et convivialité, explique-t-elle. Des repas contés, avec des récits ardennais écrits spécialement pour l’occasion, des concerts ou encore des soirées « contes coquins » ont déjà eu lieu dans le château ou dans le domaine. C’est un secteur sur lequel nous voulons travailler de plus en plus. »

Une association a été spécialement créée à cette fin. L’ASBL Arts et Patrimoine de Freux, lancée l’an dernier, a mis sur pied un premier événement. « Durant le week-end des Fêtes de la Chasse de Saint-Hubert en 2016, nous avons invité 25 artistes œuvrant dans diverses disciplines à explorer le thème de la nature, explique la propriétaire des lieux. Le succès a vraiment été au rendez-vous, tant du côté des artistes que du public. Nous avons compté entre 2 500 et 3 000 passages sur les trois jours de l’événement. Tous les artistes nous ont demandé pour revenir. Cela nous a confortés dans l’idée de réitérer l’événement et d’en faire un rendez-vous annuel. »

En 2017, l’événement s’est tenu durant le deuxième week-end de septembre. « Nous avons doublé le nombre d’artistes présents et la date a été calquée sur celle des Journées du Patrimoine. Nous avons ouvert les écuries d’époque, qui ont été rénovées avec des techniques anciennes par des compagnons bâtisseurs. Et nous y avons organisé un grand repas avec menu de terroir et ambiance jazz le samedi soir. Tout le monde a mis la main à la pâte pour que l’événement soit un succès ! », détaille fièrement la propriétaire.

… dans une zone Natura 2000

Nature et culture, on l’aura compris, sont donc les deux pierres angulaires du projet du Domaine du Château de Freux. Pour le mener à bien, au-delà de bâti à rénover, il faut aussi aménager et entretenir les espaces naturels. La tâche est délicate. Le domaine est classé en zone Natura 2000. Afin de garantir la préservation de la biodiversité, la gestion du domaine doit répondre à des règles précises. Si cela enchante le visiteur, cela peut aussi constituer un vrai casse-tête pour Véronique de Fierlant et son époux. « Tout le bâti du site est rénové à l’ancienne, et c’est un choix, explique-t-elle. L’an prochain, nous allons nous attaquer à la rénovation de deux anciens fenils, avec des techniques qui demandent des moyens importants. Mais pour les abords du château et l’aménagement du domaine, le classement Natura 2000 est très contraignant. C’est simple, on ne peut rien faire ! »

Les propriétaires du domaine voient cependant le côté positif des choses. « Notre site est une vraie richesse naturelle et nous tentons de mettre en avant tous ses atouts. Nous avons la chance d’avoir fréquemment la visite d’oiseaux rares, notamment des cigognes noires. Et puis, il y a les cerfs, les chauves-souris… On souhaite tirer parti de tout ça. Nous organisons par exemple des activités avec Natagora, à la découverte des chauves-souris, en facilitant l’accès au domaine avec un guide nature. On ne demande pas d’argent aux personnes qui souhaitent organiser des balades guidées sur notre site. Mais on a un accord avec l’organisation pour préparer les repas pour les promeneurs. Ces bénéfices-là sont pour nous. »

Le sens des responsabilités

Les époux de Fierlant semblent avoir hérité de leurs ancêtres le sens de la débrouille et de l’entrepreneuriat, des qualités qui leur permettent de maintenir un héritage patrimonial important pour la région. « C’est vrai que le domaine constitue un morceau important du patrimoine local, répond Véronique de Fierlant. Les gens du village, contents d’apprendre que mon mari reprenait le château, nous ont proposé de l’aide. Cela nous a vraiment fait chaud au cœur ! »

Il faut dire que, dans la région, les propriétés de cette envergure partent plus facilement dans l’escarcelle d’investisseurs étrangers, qui ne se soucient pas toujours du respect du bâti traditionnel. « C’est justement ce que les habitants apprécient : notre sens de la responsabilité par rapport à ce patrimoine et le fait que nous faisons tout notre possible pour le respecter lorsque nous rénovons. Nous ne voudrions pas faire autrement. » Avec toutes ces bonnes intentions, nous ne pouvons que souhaiter un plein succès aux propriétaires du Château de Freux. Et inviter le plus grand nombre à découvrir ce domaine exceptionnel.

Domaine du Château de Freux
Rue Suzerain 42
B-6800 Libramont-Chevigny
+32 476 85 97 12 / info@domaineduchateaudefreux.be
www. domaineduchateaudefreux.be

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