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Par Marc Vanel
À Ronchinne, entre Crupet et Godinne, plongez dans l’Histoire de Belgique et reconnectezvous avec la nature en séjournant à l’Hôtel*** du Château de la Poste, « la maison de mon grand-père à la campagne ».
Entouré de champs et de bois, et baignant dans un silence que seul dérange le chant des oiseaux, l’Hôtel du Château de la Poste a connu plusieurs vies, et non des moindres. L’histoire de la demeure démarre en 1884 lorsqu’un notaire namurois rachète cette propriété qui faisait alors 2 500 ha. Durant les travaux de réaménagement, le notable décède et, après plusieurs propriétaires, le bien va être acquis en 1909 par le prince Victor Napoléon Bonaparte en exil à Bruxelles. La date correspond à celle du décès du roi Léopold II, un événement attendu, si l’on peut dire, par la princesse Clémentine de Belgique, car son père avait refusé à plusieurs reprises qu’elle épouse ce prince français afin de ne pas faire courir au pays le risque d’un retour à la France. Le décès permettait enfin la chose… Une fois la noce célébrée, le couple s’installe donc dans cette petite maison de Ronchinne, « la butte aux ronces ». Seuls 500 ha sont conservés et le bâtiment est transformé en (petit) château impérial. L’aménagement du jardin est confié à un certain Jules Buyssens qui n’était qu’alors que simple jardinier aux serres de Laeken et qui va devenir l’un des plus importants paysagistes de Belgique.
Durant la Première Guerre mondiale, le couple se réfugie avec ses deux jeunes enfants en Angleterre. Clémentine et son mari apportent alors soutien et aide à des œuvres de charité en faveur des soldats avant de revenir à Ronchinne. Après le décès du prince en 1926, la princesse continuera à vivre sur la propriété, tirant ses ressources des cinq fermes établies sur ses terres avant de s’établir en 1945 à Tervueren dans la Villa Clémentine où vivent actuellement le prince Laurent et sa famille. Inquiétée par la Question royale, Clémentine est autorisée par le Général de Gaulle à venir en France, bien avant l’amnistie de la loi d’exil en 1957. Elle décède à Nice en 1955.
Épisode postal
En 1947, la propriété namuroise est revendue par les enfants Bonaparte au comte Le Grelle, plus intéressé par les chasses du domaine que par les vieilles pierres. Dix ans plus tard, il revend l’ancien palais et 42 ha de terres au « Fonds Spécial d’Assistance aux Postiers » qui va en faire un lieu de villégiature, de séminaire et de loisirs pour son personnel. Du team building avant l’heure avec 40 chambres, des espaces de restauration, de réunion, le tout ouvert à tout membre du personnel de la Poste qui souhaitait y célébrer un événement familial ou tout simplement passer un week-end en famille. Mais l’entretien d’une telle infrastructure coûte cher et, depuis 2000, le lieu n'était plus très fréquenté. En décembre 2006, la Poste décide de revendre son bien. En moins de dix jours, il est acquis par un groupe de sept copains belges qui décident de le transformer en hôtel pour faire la fête ! Déconcertés par le décès du meneur du groupe, les six amis font alors appel au Parisien Thierry Durand qui va rénover les chambres et mettre le chef danois Kasper Kurdahl aux fourneaux. En 2009, l’ancien palais princier devient donc « L’Hôtel de la Poste » en référence à son passé tandis que le restaurant est baptisé « Clémentine » en hommage à son ancienne propriétaire.
Nouveau virage
Mais étonnamment, la formule ne trouve pas son public, le lieu est quelque peu isolé et le luxe et le confort ne sont pas à la hauteur de l’ambition des gérants qui envisagent de réduire à 20 chambres. Arrivé en 2008 dans la place pour organiser des activités pour les clients, et surtout leurs enfants, Laurent Marée propose alors de transformer l’hôtel de luxe en « maison de mon grand-père à la campagne ». Son concept ? Un endroit qui peut continuer à accueillir les séminaires, véritable fonds de commerce de la maison, tout en développer une autre idée de l’hébergement touristique. Un lieu où, même pour une réunion, chacun peut y faire ce qu’il veut, se détendre, retrouver une certaine harmonie avec soi et avec la nature. Désormais fermé aux clients extérieurs, le service se concentre sur des produits artisanaux de qualité. Le petit déjeuner est copieux, mais vous devez presser votre orange vous-même ou préparer votre omelette. Le midi, le buffet est servi et libre d’accès et deux lieux sont accessibles pour la restauration du soir. Entre les services, les salons sont confortables et deux grandes cheminées réchauffent les soirées froides. « Je propose, tu disposes » : ancien animateur du Club Med (mais pas uniquement), Laurent Marée a conservé cette philosophie, « les choses sont là, aux invités d’en disposer ».
Côté hébergement, 42 chambres doubles, triples ou quadruples sont proposées dans divers corps de logis (de 90 à 175 €), mais aussi une cabane dans les arbres pour 4 personnes et « Le Loft Cube », un étonnant volume ultra techno posé au milieu des arbres avec vue 360° (de 220 à 320 €). De quoi déconnecter entièrement et rapidement. Et si cela ne vous suffit pas, il y a aussi de la pétanque, du tennis, un terrain de foot, un parcours VTT de 12 km sur le site et, dernière nouveauté, l’entretien d’un petit vignoble planté par Jean-François Baele (voir p. 14) tout dernièrement et qui a pour ambition de produire 1 500 bouteilles d’effervescents aux armes du Château. Ah oui, si vous venez à 8, il y a aussi un kicker pour 8 dans la pièce voisine des salons !
Château de la Poste
Ronchinne 25
B-5330 Maillen
+32 81 41 14 05 / info@chateaudelaposte.be
www.chateaudelaposte.com