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Par Florence Thibaut
Née en 2007, DreamWall crée des décors virtuels. Depuis sa couverture des dernières élections présidentielles françaises, le studio d’animation s’exporte à grande vitesse. La PME carolo vient ainsi de décrocher un contrat avec Canal Plus. Un signal fort sur le marché.
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Le début de l’histoire de DreamWall démarre par un mariage entre le groupe Dupuis et la RTBF. Les deux partenaires décident de créer un studio d’animation et de graphisme spécialisé dans les métiers de la production d’animations et d’infographies. Très vite, Thibaut Baras, son directeur général, s’intéresse au virtuel, un domaine alors à peine effleuré. « J’ai toujours cru en la réalité augmentée et aux technologies virtuelles à la télévision, même si on était peu nombreux à l’époque. Les directeurs artistiques et les producteurs les ont longtemps ignorées. Aujourd’hui, la tendance s’inverse et il y a un effet d’entraînement des grandes chaînes », cadre-t-il.
Toujours implanté à Marcinelle, le studio de création s’organise autour de plusieurs piliers : l’animation 2D (séries, long-métrages, teasers, formats webs) et 3D, création de décors virtuels, visualisation 3D et habillage TV (génériques, réalité augmentée, etc.). Et Thibaut Baras de souligner « Notre avantage est d’avoir pris de l’avance. Nous savons comment raconter des histoires et emmener le spectateur ailleurs ». L’actionnariat de la société est actuellement constitué de la RTBF et des Editions Dupuis (Groupe Media Participations, Wallimage Entreprise, Sambrinvest et Léon Pérahia).
Des studios de tournage virtuels
Il y a cinq ans, pour développer son expertise dans le domaine, DreamWall a donné naissance à KeyWall, un ensemble de studios de tournage virtuels (sur fond vert) qui possède les mêmes actionnaires rejoints par Télésambre et RTC Liège, deux télévisions locales. L’un des studios proposés est le plus grand d’Europe. Ces installations de pointe sont destinées à la création en télévision, au cinéma ou sur le web. Moins chers, les décors virtuels offrent aussi des possibilités infinies sur le plan narratif. « Je vois plusieurs avantages clés à ces technologies, en particulier dans le domaine du divertissement, explique Thibaut Baras. Notre matière première ce sont nos logiciels. Cela permet des économies de production non négligeables en matière d’éclairage, de création de plateaux, mais aussi d’entretien des installations. Ensuite, les technologies virtuelles offrent une vraie plus-value éditoriale ».
Le prochain segment de marché à développer, ce sont les films de fiction et les documentaires, encore peu « virtualisés ». « Le virtuel de 2018 va permettre encore d’autres innovations techniques. Nous ne sommes qu’au tout début de cette révolution. Les technologies sont aujourd’hui mûres pour répondre aux besoins des chaînes. Il permet déjà de créer des décors impossibles à réaliser en dur avec du matériel. Les possibilités créatives sont sans fin ».
Des clients plus français que belges
L’habillage des dernières élections présidentielles françaises pour France Télévisions avec un Laurent Delahousse filmé sur fond vert au milieu des silhouettes animées des candidats fait partie des tournants dans l’histoire de la jeune société. Ce projet a été mené en avril et en mai en collaboration avec Zero Density, un spécialiste de la réalité augmentée basé à Izmir (Turquie). « Grâce à des infographies, des sets virtuels et des animations, les téléspectateurs ont pu quitter la réalité pour vivre une expérience différente du récit. On les a emmenés à d’autres endroits, ajoute Thibaut Baras. Il est vrai que cela a été un moment charnière pour nous. Cela a piqué l’intérêt des autres chaînes, qui ont tout à coup imaginé le potentiel pour leurs propres programmes ». France 2 lui a aussi confié son émission phare « Envoyé Spécial ».
Les clients de la PME sont désormais plus français que belges. Ils se trouvent également aux Etats-Unis ou en Finlande. Des contacts sont pris en Chine et au Moyen Orient. « Peu de sociétés dans le monde maîtrisent toute la chaîne et allient compétences artistiques, techniques et de création en studio. C’est ce qui séduit en Belgique comme à l’étranger ». Il y a quelques semaines, DreamWall signait un contrat avec Canal Plus pour l’habillage d’une émission sportive diffusée le dimanche soir, un partenariat plus que prestigieux. « C’est une chaîne qui a toujours été avant-gardiste. C’est une belle reconnaissance de notre travail et un gage de crédibilité sur le marché », se réjouit Thibaut Baras.
Des prix internationaux
Autre élément qui participe à la renommée de la société, plusieurs prix internationaux figurent déjà à son palmarès. Ainsi, en 2014, une de ses équipes participa au film « Loulou, l’incroyable secret », qui décrocha le César du meilleur film d’animation. Le succès aidant, plusieurs nouveaux profils ont pu être engagés. DreamWall emploie aujourd’hui entre 100 et 120 personnes selon les projets et KeyWall en mobilise une dizaine. Développeurs, ingénieurs et « computer artists » côtoient des producteurs télé, scénographes et décorateurs. Ces quinze derniers mois, le nombre de collaborateurs n’a fait que progresser. « Nous avons pu engager des jeunes talents issus du monde du jeu vidéo. C’est passionnant. Et d’autant plus intéressant que les techniques du jeu s’invitent à la télévision. C’est un monde nouveau qui s’ouvre ! »
Une dizaine de projets sont actuellement menés de front par les équipes. Dans les prochains mois, les deux temps forts seront la Coupe du monde de football et les prochaines élections communales belges en octobre. « Notre plus grand challenge sera de réussir à mener à bien tous ces projets » !
En chiffres
7,2 millions € : Le CA de Dreamwall
2007 : L’année de création
Entre 100 et 120 : Le nombre d’employés
2,1 millions € : le CA de Keywall
x4 : La progression de l’équipe de Keywall en 15 mois
DreamWall
Rue Jules Destrée 52
B-6001 Marcinelle (Charleroi)
+32 71 60 01 60
http://fr.dreamwall.be