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© © Ingrid Otto

On en est Schtroumpf !

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Bruxelles  / Bruxelles

Par Gilles Bechet

Les célèbres personnages de Peyo fêtent les soixante ans de leur apparition avec une exposition événement immersive à Brussels Expo. Avant de faire le tour de la planète... bleue.

On les appelle Pitufos à Madrid, Strumpar à Reykjavik, Siriner à Istanbul, Smurfs à Los Angeles ou Lan Jing Ling à Pékin, mais ils ne changent jamais. Ils sont toujours haut comme trois pommes (bleues) et sous leur blanc bonnet, ils représentent toute la diversité de la comédie humaine.

Soixante ans après leurs apparition dans un album de Johan et Pirlouit, les Schtroumpfs ont conquis le monde. Peyo fut un des premiers auteurs de bande dessinée européens à prendre conscience du potentiel du marketing et des produits licenciés pour accroître la notoriété de ses personnages. Aujourd’hui, la bande dessinée ne représente plus que 4% des revenus de IMPS, l’entreprise, toujours basée à Genval, qui gère les droits, l’image et les développements des petits lutins bleus. Les aventures des Schtroumpfs se déclinent désormais sur de multiples supports, les dessins animés, le cinéma, les jeux vidéo, les parcs d’attraction et maintenant « La Schtroumpf Experience » (« The Smurf Experience »), installée jusqu’au 27 janvier 2019 à Brussels Expo. Sur 1.500 m2, un parcours immersif et interactif emmène le visiteur à travers l’univers magique des Schtroumpfs et l’invite à parcourir neuf espaces successifs pour déjouer les plans de leur ennemi de toujours, Gargamel, qui a construit une machine infernale pour détraquer le climat au-dessus du village de champignons.

 Vivre comme un Schtroumpf

Il suffit d’écarter une case de bande dessinée géante, et nous voilà plongé dans un monde magique où les nouvelles technologies interactives se combinent aux techniques plus traditionnelles des arts vivants. Au cours de la balade, on croise des comédiens costumés ou manipulant des marionnettes géantes de Schtroumpf. Grâce à la technologie du facelift, on peut aussi contempler dans un miroir son double virtuel avec la tête d’un Schtroumpf ou déclencher des images interactives sur des écrans. « Nous avons rassemblé tous les moyens à notre disposition pour raconter une belle histoire et vivre une chouette expérience, explique Marcos Viñals Bassols, le scénographe. Les effets théâtraux, principalement des décors immersifs, restent très efficaces. Tout le monde sait bien qu’on est dans du faux, mais on aime bien croire que c’est du vrai. Surtout les enfants qui ont gardé intact leur capacité à l’émerveillement. »

Les petits bouts, qui constituent le public prioritaire de l’expérience, ont été consultés en amont pour évaluer leur niveau de connaissance schtroumpfesque, mais aussi pour connaître et rencontrer leurs attentes. « Ce qu’ils voulaient, c’était découvrir le village, vivre comme un Schtroumpf et défier Gargamel. Et tout cela, bien entendu, avec les touches de magie et les sortilèges qui rajoutaient à la fascination. »

© Ingrid Otto

On ne trahira personne en révélant que cette aventure se termine bien pour les Schtroumpfs et leurs visiteurs. Dernière formalité, avant de regagner le monde des hommes, il faut échapper à l’infâme sorcier. Et pour cela, rien de tel qu’une cigogne qui se fera un plaisir de jouer au taxi des airs. Grâce à la magie de la réalité virtuelle, on peut grimper sur le dos du grand oiseau et regagner sans encombre le village des Schtroumpfs en survolant des paysages montagneux, des marais putrides et glisser entre les arbres d’une forêt touffue pour arriver sur la place du village où nous attend un grand feu de joie. « Les séquences de réalité virtuelle sont maintenant fréquentes dans les parcs d’attraction. Mais, en général, après avoir enlèvé les lunettes, il n’en reste pas grand chose. Nous avons trouvé quelque chose de fort à raconter, quelque chose que normalement un être humain ne peut pas faire. Sans la réalité virtuelle, on ne peut pas se mettre sur le dos d’une cigogne et se balader au-dessus d’un village schtroumpf. »

Des valeurs estampillées ONU

Le succès planétaire des Schtroumpfs en a fait des mascottes universelles dans lesquelles toutes les races peuvent se reconnaître. C’est sans doute pour ça qu’en 2016 les Nations Unies les ont choisis comme ambassadeurs des dix-sept Objectifs de Développement Durable adoptés par 195 pays. Des objectifs à concrétiser d’ici à 2030 pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous. Sur l’ensemble du parcours de « La Schtroumpf Experience », dix-sept objets incarnant chacun de ces objectifs ont été disséminés dans les décors. Une corde à linge pour illustrer l’égalité des genres, un coffre pour incarner la disparation de la pauvreté, un rouleau à tarte pour symboliser la réduction des inégalités sociales. Ils sont accompagnés de fiches explicatives et d’un dossier pédagogique en trois langues à l’intention du public scolaire. « La trame narrative est une métaphore de la dégradation du climat par l’homme. Aujourd’hui, c’est clair que, dans nos pays occidentaux, l’opinion générale et le système éducatif font que ces valeurs de préservation de la nature ou de l’égalité homme-femme sont courantes et largement acceptées, mais cette exposition va voyager dans d’autres pays et continents où ces objectifs ne vont pas de soi. C’est donc une bonne chose que les Schtroumpfs arrivent là-bas avec leurs valeurs estampillées ONU pour être diffusées dans le cœur de ces enfants qui seront les décideurs de demain. »

 Un savoir-faire belge

Gardienne de l’oeuvre de Peyo et de son image, la société IMPS de Genval se partage entre l’octroi des licences et le développement de projets inédits. C’est elle qui a conçu l’exposition en association avec différents partenaires belges développant chacun une grande expertise dans leur domaine. La production et la conception sont assurées par l’Usine à Bulles, aux commandes du Festival International de BD de Liège, qui s’est pour l’occasion associé avec DC & J, nouvelle société de production liégeoise engagée à soutenir des projets forts et novateurs pour le théâtre, la danse, le cirque et l’opéra. L’exploitation de « La Schtroumpf Experience » est prise en charge par Cecoforma, société de communication et d’événementiel dirigée, comme l’Usine à Bulles, par Stephan Uhoda, actif dans l’organisation d’événements et grand passionné de culture.

Tous les contenus visuels et interactifs ont été réalisés par la société Dirty Monitor, basée à Charleroi, qui s’est fait connaître par la technique du vidéo mapping et exporte son expertise audio-visuelle des USA au Proche-Orient. La production est prise en charge par Exhibition Hub, société bruxelloise de création, de production et de distribution d’expositions qui conçoit des projets à vocation internationale comme Terracota Army, The Art of the Brick, ou Van Gogh Experience.

 Le compte à rebours

Après Bruxelles, « La Schtroumpf Experience » va tourner pendant cinq années en Europe et au-delà. Ce sera la même exposition qui sera remontée, voire dupliquée, comme ce sera sans doute le cas en Asie. « Nous sommes très fiers d’externaliser tout ce savoir-faire belge », se réjouit Philippe Glorieux, directeur Marketing et Communication. Intemporels, universels, les Schtroumpfs plaisent parce qu’ils prolongent l’enfance. En dehors des traductions dans 84 langues, il n’y a rien à changer, les valeurs des sympathiques petits lutins sont les mêmes partout dans le monde. Pour trouver un équivalent à l’ubiquité des petits personnages de Peyo, c’est du côté de Disney qu’il faudrait aller chercher, mais contrairement à l’entreprise basée en Californie, IMPS n’a pas de filiales. Toute la gestion de l’univers Schtroumpf est assurée depuis Genval par une équipe de 38 personnes. « Nous avons eu un bureau à Los Angeles et un autre à Hong Kong, mais nous avons tout rapatrié ici, ce qui nous semblait plus rationnel ». IMPS accorde toujours ses licences après un examen scrupuleux de la demande. Mais une fois qu’elle est accordée, c’est au licencié de gérer la fabrication et la distribution des produits. Reste le problème lancinant de la contrefaçon qu’IMPS gère avec vigilance mais sans illusions excessives.

Aujourd’hui, la Chine est le plus grand marché extérieur. C’est dans les années 80 que les Lan Jing Ling (les petits esprits bleu en mandarin) y ont fait leur apparition via une série télévisée. Celle-ci fut d’ailleurs la première série étrangère à recevoir l’autorisation officielle du parti communiste pour être diffusée sur les chaînes nationales. Les enfants d’alors ont grandi et ont fait des enfants à leur tour, qu’ils emmènent aujourd’hui dans les grands shopping malls de l’Empire du Milieu, théâtre d’événements réguliers autour des Schtroumpfs générant d’importantes recettes en merchandising.

Chez IMPS, le compte à rebours jusqu’au printemps 2020 a déjà commencé. Un nouveau chapitre au potentiel énorme  s’ouvrira dans la saga des Schtroumpfs : une nouvelle série télévisée. Produite en France par IMPS et Media Participation en partenariat avec TFI, elle comptera deux fois 52 épisodes de 11 minutes. Réalisé entièrement en images de synthèse, elle introduira de nouveaux personnages avec un Gargamel, encore plus fourbe et encore plus bête, mais toujours perdant. Si l’impact mondial de ces nouveaux épisodes dépasse ou égale celui de la première série, la planète sera vraiment bleue.

 www.smurfexperience.com

 

 Les Schtroumpfs en chiffres

 Livres

120 éditeurs

90 pays

50 millions de livres vendus dans le monde

300 titres

 

Télé

272 épisodes

diffusés sur plus de 100 territoires

doublés en plus de 40 langues

 Merchandising

70 licences actives

100 millions de figurines Schleich vendues

160 millions d’œufs Kinder

1 gomme Schtroumpf avalée chaque minute quelque part dans le monde

 Guiness Book

5.000 participants habillés en Schtroumpf dans 11 pays

 

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