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Par Joéllie Sprumont
Blanc ou complet, aux raisins ou de mie, dans tous les cas, on l’aime tranché. Au supermarché ou en boulangerie, rares sont ceux qui ne repartent pas avec leur pain coupé et emballé. Rencontre avec JAC, leader sur le marché des machines à trancher.
UN PEU D’HISTOIRE
Il faut faire un sacré bond en arrière pour voir l’apparition des trancheuses à pain en Belgique. Les Américains sont venus avec les leurs pendant la Seconde Guerre mondiale et en ont oublié quelques-unes. On doit d’ailleurs l’invention à un ingénieur américain, Frederick Otto Rohwedder. Depuis 1912, il essayait de développer une trancheuse. Il faut attendre juillet 1928 pour son utilisation dans une boulangerie de Chillicothe, au Missouri. Grâce à sa facilité d’utilisation, le pain tranché s’est ensuite répandu dans le monde comme une trainée de poudre.
Chez Carrefour, Colruyt, Delhaize ou encore Auchan, les trancheuses à pain JAC occupent une place de choix au rayon boulangerie. Ces trois petites lettresont fait la renommée de cette entreprise. Tout s’amorce en 1990, rue Verte Voie, à Liège, avec Baudouin Van Cauwenberghe, ingénieur civil de formation, à la recherche de nouveaux défis. Entrepreneur avant tout, il avait déjà repris une petite entreprise près de Bruxelles quand cette nouvelle opportunité se présenta. À ce moment-là, la société, créée en 1946, avait besoin de quelqu’un pour relancer l’activité.
Encore actif aujourd’hui dans le groupe, Baudouin Van Cauwenberghe a été à l’origine du développement international de JAC. Stéphane Guillaumont, directeur commercial, le confirme : « Sa très bonne idée a été de sortir du marché belge et de s’ouvrir au monde. C’est sous son impulsion que la société s’est rapidement organisée pour travailler à l’export. Il s’est rendu dans des salons pour faire connaître le concept. »
Avec l’internationalisation, qui rime avec industrialisation, un autre axe important de développement a été celui du self-service en grandes surfaces. Une décision majeure dans l’essor de l’entreprise. JAC est aujourd’hui présent dans 75 pays sur tous les continents.
Toujours en quête d’amélioration en termes de qualité, d’ergonomie, d’hygiène et de sécurité, JAC se positionne comme le leader du secteur. Avec un chiffre d’affaires de 25 millions €, le groupe se destine principalement aux grandes et moyennes surfaces, ainsi qu’aux artisans. À y regarder de plus près, presque toutes les machines que l’on croise possède effectivement le fameux logo rouge et noir. Autant dire que les engins se vendent comme des petits pains !
Back to USA
Ce sont des milliers de dispositifs qui sortent chaque année de la maison mère liégeoise et du deuxième site de production, à Langres, en France. Celui-ci développe les machines qui servent à la division et au façonnage de la pâte tandis que le site de Boston (USA) vient compléter l’offre logistique sur le nouveau continent. « Les premières trancheuses ont été apportées en Belgique par les Américains en 1946. Aujourd’hui, nous nous positionnons en tant que sérieux concurrent sur le marché US », déclare Stéphane Guillaumont.
Mais tout le monde veut-il la même machine ? Une culture du pain tranché existe bel et bien et varie suivant les régions. « C’est là toute la difficulté de notre activité. Suivant les pays où nous sommes, les épaisseurs ne sont pas les mêmes. On adapte les appareils à la demande des clients. » C’est sans doute là une des forces de la société. « Et de travailler en partenariat avec les clients afin de développer des outils adaptés à leurs demandes concrètes, aux volumes de livraison, dans des délais très courts... »
Et pour l’avenir ? Sans dévoiler le fond de sa stratégie, le management de l’entreprise a mis quelques gros projets sur la table : toujours plus d’hygiène, d’ergonomie, de facilité d’utilisation en self-service. Développer des trancheuses à lames circulaires (choix de l’épaisseur et du nombre de tranches par l’utilisateur), élargissement de la gamme de mécanisation pour le développement à l’international, accroître les parts de marché en Afrique, dans les pays de l’Est, aux États-Unis et même en Asie. Bref, il reste encore du pain sur la planche.