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Par Waw
Un rêve devenu réalité
On la distingue d’abord de loin, confusément, en se frottant les yeux, en refusant de penser qu’il s’agit peut-être du reste du thorax d’un monstre préhistorique soudain mis à jour. Puis le phénoménal objet se dévoile progressivement au fur et à mesure que la route s’élève et que l’on approche de son lieu d’ancrage, la borne kilométrique 99, à hauteur de Lavaux-Sainte- Anne. C’est une sculpture en acier Corten de 200 tonnes qui enserre gracieusement le paysage et dont les deux arcs plantés de chaque côté de l’E411 se rejoignent virtuellement sous celle-ci. Il y avait donc bien matière à se frotter les yeux, car s’il s’agit d’une œuvre d’art, c’est un rêve quand même, celui du Français Bernar Venet, et il est devenu réalité en Belgique, à la frontière entre les provinces de Namur et du Luxembourg, sur l’une des autoroutes les plus fréquentées d’Europe.
Inutile de dire que l’artiste a dû en avaler des kilomètres de béton avant de trouver dans notre pays un tronçon vierge de toute construction et, surtout, dépourvu de tout éclairage axial qui aurait nui à son image.
Si l’Arc Majeur, qui fut inauguré le 23 octobre, est l’histoire d’un homme et de sa passion, il est aussi l’aboutissement d’une réflexion entamée 35 années plus tôt, en France, à la demande de Jack Lang, alors ministre de la Culture. Des projets non aboutis lui avaient donné pour écrin des abords d’autoroutes verdoyants en Bourgogne et en Moselle, mais c’est la rencontre entre Bernar Venet et Bernard Serin, le président du Groupe Cockerill, qui s’avéra décisive, celui-ci lui offrant de financer l’œuvre par le biais de sa fondation et l’aide de mécènes, et de la réaliser dans ses ateliers à Seraing avant de l’offrir à la Région wallonne, en tant que symbole de son savoir-faire séculaire.
Œuvre d’art, défi technique et aventure humaine : l’Arc Majeur s’est découvert plusieurs cordes !