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L’autre Eldorado
d’un saltimbanque

  • Dossier
Wallonie

Par Christian Sonon

« La musique de film ? C’est un complément parfait à ma vie de saltimbanque ! » Pourtant, quand Bouli Lanners invite Renaud Mayeur à mettre des notes sur son Eldorado, en 2008, le musicien n’avait guère de connivences particulières avec le 7e art. Ce n’était qu’une question de temps !

Certes, Renaud Mayeur avait connu quelques bons moments avec des films d’Édouard Molinaro, Yves Robert et Henri Verneuil. Bien sûr, il avait vibré sur les musiques de Morricone et de Badalamenti, mais cet univers n’était pas sa tasse de thé, la musique rock – au sens large.

« J’ai appris la batterie à l’académie, explique l’Hennuyer. Pour le reste, je suis autodidacte. J’ai arrêté l’école à 16 ans pour faire du rock, du jazz, du reggae… Et j’ai bourlingué d’un groupe à l’autre (Hulk, les Anges, la Muerte, Triggerfinger) en touchant un peu à tout : batterie, guitare, banjo, clavier… Entre 2005 et 2009, il m’arrivait de donner près de 150 concerts par an. En Belgique, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas principalement. » C’est lorsqu’il est en concert avec son groupe au Botanique, à Bruxelles, que Bouli le découvre. Pas au hasard d’un sentier. Le Liégeois est lui-même DJ et passionné de musique. Il a flashé sur un morceau de Renaud appelé Vendetta et lui demande s’il peut l’utiliser pour son long métrage. En outre, il lui propose, en s’inspirant des images tirées des paysages filmés du côté de Liège et dans les Ardennes, de composer trois autres thèmes. « Dans le style western-spaghetti, ça te va ? », lui lance Bouli. Et comment que ça lui allait, puisque c’était exactement ce qu’il était en train de faire !

Accrédité d’une fort belle note, le compositeur a un pied dans la maison cinéma. Une nouvelle porte s’ouvre quand Hubert Gillet l’appelle pour Dans tes bras, le film qu’il vient de tourner avec Michèle Laroque. « Tu me trouves quelque chose d’organique, de terrien, d’accord ? », lui demande le réalisateur. « Plus vague que ça, c’est impossible », pense le compositeur, qui s’exécute néanmoins en deux temps, trois mouvements. Puis, c’est le tour de Torpédo, un film produit par Dominique Janne et réalisé par le Belge Matthieu Donck. « J’y ai tout fait de A à Z, se rappelle Renaud. Y compris chanter, ce qui n’est pas vraiment mon truc ! » Son quatrième opus, Mobile Home, de François Pirot, lui vaut sa première reconnaissance cinématographique : le Magritte 2013 de la meilleure musique de film, qu’il partage avec Coyote, Michael de Zanet et François Petit. Surréaliste, cette récompense ? Il n’est pas loin de le penser. D’autant que voilà notre saltimbanque sur la scène du Mont des Arts aux côtés de Didier Reynders et du Prince Laurent. Mais le compositeur ne se prend pas la tête pour autant. En attendant d’être appelé pour vivre de nouvelles aventures à l’écran, il enregistre son premier album avec le groupe qu’il a créé l’an dernier, Dario Mars and the Guillotines. Une musique qui… tranche avec ce qu’il a fait jusqu’à présent.

renaudmayeur/tumblr.com

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