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Un cow-boy
qui aime monter en solo

  • Dossier
Wallonie

Par Christian Sonon

Était-ce le générique parlé de Jean-Luc Godard, la musique de Georges Delerue ou la villa Malaparte à Capri ? Philippe Bourgueil ne sait plus ce qui l’a séduit à ce point dans Le mépris. Toujours est-il qu’en sortant de la projection, alors qu’il était étudiant en arts plastiques à l’Institut Saint-Luc, le jeune Tournaisien avait trouvé sa vocation : il fera du cinéma.

C’est à l’Insas, quelques années plus tard, alors qu’il s’affaire sur un exercice de montage sur un extrait de Garde à vue, que Philippe Bourgueil décide, en serrant les images sur les bobines de Serrault et de Ventura, qu’il serait monteur. « Travailler en solitaire, j’aime ça », déclarera-t-il. C’est la réalisatrice belge Mary Jimenez qui, la première, lui fera confiance et lui tendra l’escabeau. Depuis, Philippe n’a jamais cessé de monter. Pour ses copains, Thierry Knauff et Olivier Smolders, pour Benoît Mariage, qu’il a connu à l’Insas et qu’il ne quitte plus, pour Jaco Van Dormael qui – parce qu’il était à l’aise avec les nouvelles technologies – lui confia le montage son du Huitième jour. Sorti de l’anonymat grâce à ce film, il… « monte » à Paris où les réalisateurs français se l’arrachent : Sam Karmann, Alain Berberian, Frédéric Forestier, Eric-Emmanuel Schmitt et, plus récemment, Jean-Pierre Améris et Ariel Zeitoun. En récompense de son talent, Wallimage lui remet, en 2006, le Coeur de Cristal du meilleur technicien images wallon. « Mon travail commence quand il y a des rushes et il dure, en moyenne, entre 15 et 18 semaines », explique celui qui vit aujourd’hui à Namur. « Il consiste à recomposer l’action à partir des images, à lui donner du rythme, à mettre en évidence des sentiments… C’est un travail de réécriture qui se fait en studio, avec ou sans le metteur en scène, mais personnellement, je préfère être seul de façon à apporter davantage de créativité. » De ce point de vue, Philippe Bourgueil n’a jamais été autant gâté – et n’a jamais perdu autant de cheveux – qu’avec Le Boulet, notamment sur cette scène de poursuite parisienne entre Gérard Lanvin et un flic en moto et qui se termine par la chute de la grande roue. « Au final, il y a environ 180 plans en trois minutes, soit un par seconde ! » Autre chose qu’il adore : travailler avec les grands comédiens qui lui fournissent une matière première exceptionnelle, tels Gérard Lanvin, François Berléand, Gérard Depardieu – « Il ne connaît pas son texte, il n’est pas dans le coup, mais il vous sort des scènes qui vous scotchent ! » – et, bien sûr, Benoît Poelvoorde – « C’est un génie, je n’ai jamais vu une image de lui qui n’était pas bonne ! » – qui est devenu un pote avant d’être le parrain de son fils. Ces dernières années, Philippe Bourgueil s’est lancé dans des entreprises moins solitaires : il a réalisé le clip de Jeff Bodart, ainsi qu’une septantaine de capsules humoristiques baptisées Qui est là ?, avec Charlie Dupont. Aujourd’hui, il travaille sur un projet de film dont il est occupé à écrire le scénario avec Bérénice, sa compagne et mère de ses enfants. L’animatrice de Bel-RT L fera partie de la distribution aux côtés de quelques grands comédiens de renom.

www.philippebourgueil.be

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