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Les deux visages de l’info

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Par Sophie Corin

Deux figures de proue de l’information télévisée : Hadja Lahbib et Hakima Darhmouch. À elles deux, elles touchent plus d’un million et demi de téléspectateurs. Anodin ?

Hadja Lahbib

En 1997, après un court passage à la rédaction de RTL et quatre années en tant que journaliste indépendante, Hadja Lahbib a intégré l’équipe du JT de la RTBF et ne l’a plus quittée depuis. Il faut dire qu’elle a été sollicitée pour le présenter trois mois seulement après son arrivée. De la cellule société en passant par la cellule politique, elle s’est retrouvée à la cellule internationale, un souhait de sa part après trois ans dans la maison.

Des expériences professionnelles, Hadja en a accumulé quelques-unes. Pourtant, elle n’a pas développé de préférence pour un genre journalistique en particulier. «J’aime varier les plaisirs», sourit-elle. «La vie est trop courte et nous offre des faveurs trop variées pour s’en priver.»

S’investir longuement dans un documentaire ou dans une série de reportages en terrain inconnu l’épanouit tout autant que de recommencer chaque matin le même refrain pour présenter le JT. De retour d’Afghanistan, où elle a réalisé son documentaire Afghanistan. Le choix des femmes, dans des conditions spartiates, beaucoup avaient mis leur main à couper qu’elle se sentirait frustrée de rejoindre le studio du JT. Ils avaient tort ! Sa particularité, c’est de pouvoir jongler avec les deux.

La présentation, quant à elle, lui apporte encore d’autres satisfactions. C’est un vrai travail d’équipe. C’est aussi composer avec les aléas du direct. «On n’est jamais à l’abri d’une erreur technique qui intervient à 19h29, au moment où l’on doit tout donner, soupire-telle. Souvent, tout se joue à la minute.»

« Mon truc antistress ? Rationaliser ! » Pour elle, le tout est de préparer, mais pas trop. Elle explique en prenant l’exemple de l’émission culturelle bilingue qu’elle présente avec Dimitri Verhulst, Vlaamse kaai : à l’écran, cela doit paraître totalement improvisé ; en réalité, tout est balisé ! Tout, sauf les dialogues.

Après une journée riche d’enseignements, Hadja Lahbib tient beaucoup à partager ses sentiments avec ses enfants. « Il est vrai que, chacune à leur manière, mes rencontres me transforment », révèle-t-elle. Elle se souvient d’un épisode du magazine de société qu’elle présente sur Arte, Quai des Belges. Elle y accueillait des trisomiques 21. Leur affectuosité, leur générosité l’ont bousculée. C’est un petit bout de son coeur qu’elle leur a laissé. Elle se dit extrêmement chanceuse de pénétrer dans des univers si différents du sien. Ils se veulent d’autant plus enrichissants !

La plupart du temps, quand Hadja entreprend quelque chose, elle le fait avec passion. Elle fonctionne beaucoup par coups de coeur pour un sujet, une personne, un lieu... Quand ça lui arrive, elle démarre au quart de tour ! « Quoi que je fasse, je garde mon métier dans un petit coin de la tête. C’est sans doute parce que je l’ai dans la peau », rit-elle. Une pièce de théâtre, un film, elle envisage tout avec le regard de la journaliste.

Liégeoise de coeur

Sa ville d’accueil, Liège, c’est dans un petit coin de son coeur qu’Hadja la garde. D’origine algérienne, elle y a vécu longtemps et n’a, dès lors, cessé de la chérir. Sa vitalité culturelle débordante est une des raisons de l’admiration qu’elle lui voue. « À Liège, à Mons ou à Namur, la Wallonie a ce petit côté humain qui nous ramène à l’essentiel », s’exprime-t-elle avec un brin de nostalgie. Dans ses restos favoris, elle se sent comme à la maison. Dans les magasins qu’elle fréquente, on sait ce que d’habitude elle commande. C’est ce regard souriant, ces quelques paroles échangées qui lui font du bien quand elle revient. Vivant actuellement à Bruxelles, elle se demande d’ailleurs à chaque fois pourquoi elle est partie.

Sa région, elle en est fière. Quand des amis viennent de l’étranger pour lui rendre visite, elle les emmène à la citadelle de Liège bien sûr, mais à Wépion aussi, à Spa… Selon elle, la fierté, c’est précisément ce que les Wallons devraient retravailler. Leur défaut n’est autre que l’envers de leur qualité : ils se fichent pas mal de leur image. Ça les rend éminemment sympathiques, mais ne les représente pas à la hauteur de ce qu’ils sont vraiment !

 

Hakima Darhmouch

« Le journal, ce n’est pas le fruit du travail d’une seule personne », insiste Hakima Darhmouch. Elle est la femme la plus regardée en Belgique francophone et pourtant, modeste, elle est convaincue que c’est à l’équipe qu’elle doit son succès. Elle s’efforce avant tout de rester naturelle, malgré son manque de confiance en elle et son expérience.

Arrivée à la rédaction de RTL en 1999 en tant que pigiste, Hakima Darhmouch a débuté sa carrière journalistique à la radio. Après un court détour en politique, la météo et les infos trafic, elle est devenue reporter avant de présenter le JT. Un poste qu’elle n’envisage pas comme une finalité en soi. Avec ses reportages et ses productions — car elle est aussi productrice —, elle s’efforce de toucher à toutes les facettes qu’offre le métier. « Être une bonne présentatrice, c’est prendre les téléspectateurs par la main pour les emmener découvrir ce qui nous a marqués. » Le premier défi à relever pour y prétendre est de s’intéresser à tout ! Pas trop compliqué pour elle qui a gardé de son enfance toute sa capacité d’émerveillement.

Mieux connue par le JT, elle affectionne pourtant la radio. En particulier Vivre ensemble, ce magazine psychologique qu’elle a longtemps présenté. « La psychologie est un domaine qui me passionne. Le bien-être, la santé et le lifestyle également », dévoile-t-elle. La particularité de cette émission est de laisser la parole aux auditeurs. Et elle adore ça. Leurs tranches de vie la touchent. Et puis, il n’y est pas non plus question de faire face à cette contrainte d’urgence, omniprésente du flash info. Traiter des sujets en profondeur apporte une autre satisfaction dans laquelle Hakima se sent bien.

Spontanéité

Ce qu’elle aime le plus en radio, c’est la liberté de ton qu’el le a le loisir d’y employer, à dix mille lieues du caractère formel de l’actualité. Devant la caméra, il est question de garder son sérieux et, pour elle, qui se qualifie de spontanée, ce n’est pas toujours facile. « Si quelqu’un me fait rire, j’ai toutes les peines du monde à me retenir. Si un témoignage me touche, c’est ma voix qui me trahit. » Ses émotions, Hakima avoue avoir beaucoup de mal à les contrôler lorsqu’elle traite des informations liées à la pauvreté, à la précarité ou à la maladie. « Nous restons des êtres humains. Il m’est bien sûr arrivé de pleurer. » Généreuse dans l’âme, elle s’insurge devant le nombre croissant de drames humains et sociaux. Hakima Darhmouch garde un souvenir indélébile de chacune de ses rencontres. Mais elle se rappelle tout particulièrement son reportage sur les femmes atteintes du cancer. « Des femmes exceptionnelles, pleines de courage et d’espoir », confiet- elle, encore bouleversée. « Une belle leçon de vie ! »

Dans sa carrière, de nombreux évènements ont marqué sa mémoire. Elle était au Maroc au moment des attentats. Elle cite la crise politique de 540 jours, les attentats du 11 septembre, la catastrophe du tsunami, le 60e anniversaire de la libération d’Auschwitz, la première élection de Barak Obama, la faillite de la Sabena, la mort de Michaël Jackson… Pas étonnant qu’elle trouve son métier passionnant ! Hakima Darhmouch a eu la chance de rencontrer Benoît Poelvoorde. Lui qu’elle a toujours admiré en tant qu’acteur et en tant que personne. En plus de sa modestie et de son humour, elle apprécie chez ce Namurois d’origine la mélancolie joyeuse qu’il dégage… un peu à l’image de tous les Wallons. Pour concrétiser l’admiration sans faille qu’elle lui voue, il fallait qu’elle lui consacre une émission. Au terme d’une année entière de travail est né un portrait de 70 minutes composé d’une dizaine de reportages entremêlés de tête-à-tête. Les profs, les amis de Benoît, Hakima n’a oublié d’en interroger aucun. « C’est l’interview la plus difficile que j’ai jamais eu à réaliser », se souvient-elle nostalgique.

Généreuse dans l’âme, elle s’insurge devant le nombre croissant de drames humains et sociaux. Hakima Darhmouch garde un souvenir indélébile de chacune de ses rencontres. Mais elle se rappelle tout particulièrement son reportage sur les femmes atteintes du cancer.


Née à Bruxelles, d’origine marocaine, elle est restée très attachée au quartier de son enfance, à Schaerbeek. Elle apprécie malgré tout de s’évader de la capitale, à la découverte des quatre coins de la Belgique. Lorsqu’elle se rend en Wallonie, elle ne manque pas de faire un petit détour par La cuisine d’un Gourmand, un restaurant gastronomique à Profondeville qu’elle recommande chaleureusement.

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