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Mobilité : Francorchamps, un avenir 100% connecté

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Liège  / Francorchamps

Par Thierry Desiraut

Et si le développement du circuit de Francorchamps passait aussi par l’électrique ? Non pas pour des compétitions de Formula E, mais bien pour les tests de constructeurs. Sa directrice Nathalie Maillet en est bien convaincue. Rencontre.

 


Nathalie Maillet
CEO du Circuit Spa-Francorchamps

 

Digitalisation à 100%, organisation de courses et de visites en réalité augmentée, wifi gratuit, nouvelles caméras, salle de contrôle relookée, organisation d’événements, renaissance d’un Business Club : Nathalie Maillet ne manque pas d’idées pour le Circuit de Spa-Francorchamps qu’elle dirige depuis mai 2016. Débordant d’ambitions, elle entend faire de l’anneau spadois un « circuit d’excellence au service du public »

De nationalité française, cette nouvelle directrice quitte la France pour étudier l’architecture à Londres avant de diriger un cabinet d’éco-architecture au Luxembourg. Son père et son mari évoluant dans la course automobile, elle entame elle-même une carrière de pilote, assez tardivement, dans la trentaine. Sa première course, ce doit être un signe, c’était en 2004… à Francorchamps en BTCS, Belgian Touring Car Series, épreuve-phare des championnats belges. Nathalie Maillet a également roulé en Roadster Cup, en Nascar Euro Series ou encore en VW Fun Cup, la mythique course des 25 heures (ndlr : la compétition dure bien 25 h !) de Spa Francorchamps à laquelle elle participe 7 fois, avec 5 podiums et le titre de championne en 2006. En 2016, suite à une procédure de recrutement opérée par un cabinet international, Nathalie Maillet est engagée pour gérer ce circuit qu’elle connaît si bien.

Atouts et défis

Le Circuit de Spa-Francorchamps ne manque pas d’atouts. Aux yeux des pilotes de toutes nationalités, il fait partie des tracés légendaires du sport automobile, au même titre que Monza ou Suzuka. Son tracé d’un peu plus de 7 km est même le plus long du championnat du monde. Ses virages rapides, son célèbre et unique Raidillon de l’Eau rouge et son cadre naturel de verdure sont appréciés des pilotes et des amateurs qui viennent parfois de très loin pour assister à ses spectacles. Conçu en 1921 sur 14 km sur les routes reliant Francorchamps, Malmedy et Stavelot, le Circuit (qui ne passe aucunement par Spa) accueillit rapidement les 24h de Spa-Francorchamps et le Grand Prix de Formule 1 de Belgique. Plusieurs fois modifié et adapté, le circuit actuel ne fait plus que 7 km et a été adapté aux normes de la Fédération internationale automobile, la FIA.

Depuis 2007, le Circuit a été renforcé en tant que pôle économique wallon majeur. L’organisation de la Formule 1 n’étant plus de son ressort (c’est la SA Spa Grand Prix qui s’en charge), la mission de la société « Circuit de Spa-Francorchamps » est d’organiser et de promouvoir des activités sur le circuit, mais surtout de le gérer dans un objectif de développement économique. Son permis d’exploiter, délivré par la Région wallonne, l’oblige, parmi d’autres restrictions, d’organiser toutes ses courses entre le 16 mars et le 14 novembre de chaque année, et prévoit de très exigeants contrôles de bruits. Et les riverains veillent au quotidien !

Nouveaux défis

« Nous voulons aujourd’hui, explique Nathalie Maillet, développer un nouveau modèle économique axé sur le digital et faire venir les familles et les jeunes. Plutôt que d’utiliser un jeu vidéo, nous voulons proposer aux jeunes de rouler sur nos pistes en temps réel avec des lunettes de réalité virtuelle. Pour permettre cela, nous avons déroulé 15 km de fibre noire qui vont e. a. nous permettre d’avoir une tribune connectée, de proposer le wifi gratuit au public, etc. Ne pouvant tout faire nous-même, nous allons croiser les talents afin d’offrir le meilleur. Tout évolue tellement vite, il faut continuellement réajuster la technique. »

100% connecté

C’est une vision totalement neuve qui préside donc au développement du circuit, articulée autour des sports mécaniques bien sûr, mais aussi du tourisme. La stratégie se décline en trois axes. « Notre objectif, poursuit la CEO, est d’être le circuit le mieux connecté au monde pour offrir un vrai service au public, des systèmes efficaces pour les promoteurs, et une base de jeux en temps réel. Le digital abolit les frontières, il permettra de développer le tourisme et créer des espaces là où il n’y en a pas… 

Grâce à de nouvelles infrastructures digitales, nous pourrons offrir au public plus de services qu’à la maison pour qu’il revienne en masse sur le Circuit, notamment via une application. Nous avons aussi renforcé la communication et les interactions avec le public via les réseaux sociaux. La piste sera elle aussi connectée, nous voulons renforcer les informations dont le public disposera sur site grâce à des panneaux interactifs ou encore des panneaux LED qui permettront de mieux suivre les courses sur écran géant. Cela renforcera également la sécurité sur la piste. La réalité augmentée prend de l’ampleur. Les jeux en live permettront d’attirer un nouveau public, ils sont en pleine expansion. »

Ensuite, pour célébrer son centenaire en 2021, le Circuit va créer des casques géants de 6 à 7 m de diamètre qui permettront de créer l’histoire du lieu, avec un casque par décennie. « Nous allons aller chercher des images chez les gens. Le projet, c’est une randonnée culturelle pour les familles qui fera 7 km dans un premier temps, puis 14 en passant par le Musée de Stavelot. Les gens commenceront à pied, et continueront en vélo électrique ou en voiturette de golf. » Nathalie Maillet mise sur 300 000 visiteurs grâce à cette attraction !

Enfin, un « Centre virtuel des sports mécaniques et touristique » permettra d’abolir les frontières pour amener les étrangers sur le site et inversement transporter les personnes présentes sur le Circuit vers l’extérieur. Par exemple assister à un concert aux États-Unis, une coupe du monde, visiter une usine connectée de constructeur, tout est possible. Dans le même esprit, l’« Accord d’amitié » passé avec le circuit japonais de Suzuka semble très prometteur.

Tests

Et la Fée électricité dans tout cela ? Aucune course de Formula E ne se tiendra à Francorchamps, car celle-ci est avant tout destinée aux villes, l’idée étant de convaincre mandataires locaux et habitants que la mobilité future de la ville passe par l’électricité, et pas uniquement pour se déplacer. Par contre, de nombreux constructeurs automobiles sont en train de mettre au point de nouveaux modèles de voitures hybrides ou électriques et ont besoin de circuits pour les tester. Et comme les moteurs électriques sont quasiment silencieux, le Circuit pourrait ainsi exploiter ses installations toute l’année. Du moins quand le permis d’exploitation aura été modifié. « Nous devons travailler dans un esprit d’excellence, conclut la manager, et permettre à la région de bénéficier de retombées directes et indirectes de nos activités. En 2018, nous aurons de nouvelles activités sportives qui vont ravir les spectateurs, avec des bolides d’exception. C’est important, il faut offrir du spectacle et innover. 2017 a été l’année de la mise en place, 2018 sera une année réellement dédiée aux nouveaux services au public et nous serons totalement opérationnels en 2019. »

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