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Par Waw
28.5 > 4.12.2016
Christine Plenus
Sur les plateaux des Dardenne
Œil silencieux et attentif, le photographe de plateau doit autant témoigner du film qui s’élabore devant son objectif, que de ceux qui le font, des acteurs à l’équipe de tournage. Un travail qui ne peut que s’inscrire dans celui d’un autre avec ses limites et ses contraintes préétablies que sont l’éclairage, le cadrage, les vêtements des acteurs, le décor de la scène.
Depuis trente ans, Christine Plenus photographie chaque tournage de Jean-Pierre et Luc Dardenne, trois décennies de complicité depuis le premier Falsch (1987) jusqu’au tout récent La fille inconnue qui sortira à l’automne 2016. Sa présence chaque jour de tournage lui permet de saisir des moments privilégiés, en photographiant les séquences majeures.
L’exposition Sur les plateaux des Dardenne se développe au travers des films photographiés, s’émancipant de leurs propres histoires. Traduisant sans jamais le trahir l’univers des frères Dardenne, les quelque 120 photographies qui composent l’exposition nous offrent ce privilège de raconter les films autrement et de percevoir des moments magiques au cœur de la création. Parmi les thèmes récurrents, l’on retrouvera les étreintes, la solitude ou les courses éperdues.
Christine Plenus est née en 1958. Diplômée en photographie en 1979, elle enseigne à l’Institut Saint-Luc à Liège depuis 1981. Photographe de plateau sur des films de courts et longs métrages depuis 1986.
«Enseigner la photographie, c’est vivre et partager des expériences. Faire de la photographie, faire des photographies, c’est regarder et découvrir. C’est la vie.»
Bois du Cazier. Marcinelle, 1956
Le 8 août 1956, 262 mineurs perdaient la vie dans ce qui allait devenir la plus grande catastrophe minière de Belgique. A l’annonce de l’accident, des photographes se rendent sur place. Leurs images témoignent des premières heures où les secours s’organisent, où l’espoir pousse les sauveteurs vers la mine, et les femmes, les enfants, vers les grilles où on les contient.
Elles traduisent aussi l’attente insoutenable, les jours qui passent, apportant leur lot de mauvaises nouvelles, drainant visiteurs officiels et badauds.
Présents aux premières heures de la catastrophe, Camille Detraux et Raymond Paquay ont photographié et recueilli des commentaires, gardant la trace circonstanciée du drame tout en rejetant l’effet facile et l’image choc.
« Le pire, c’était l’attente, interminable. Dans la soirée du premier jour, on a vu quelques rescapés. L’espoir revenait. Mais il s’amenuisa ensuite, de jour en jour. J’avais vécu d’autres catastrophes minières, des coups de grisou, des éboulements. Mais ceci dépassait l’imagination. Impossible de ne pas penser au nombre de ces mineurs, à leur impuissance devant l’incendie », témoigne Camille Detraux.
Par la suite, d’autres images les ont rejointes, réalisées par plusieurs photographes présents sur les lieux du drame : Roger Anthoine, Antoine Rulmont, Hermann Chermanne, Alain Massin et Kryn Taconis, qui avaient tous en commun la même attention au drame humain qui se jouait, le même respect pour les victimes et leurs familles.
Leonard Freed, présent à Marcinelle, au moment des funérailles des victimes, a également réalisé un pudique et bouleversant reportage, que sa veuve a généreusement offert au musée en 2011.
Soixante ans après la catastrophe restée dans les mémoires, au-delà même de nos frontières, le Musée de la Photographie, à la suite des Archives de Wallonie, rend hommage aux victimes par cette exposition réunissant ces témoignages en images, accompagnée de la sixième édition, revue et augmentée, de l’ouvrage Bois du Cazier, Marcinelle 1956.