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Par Hugues Féron
À 30 ans, Nicolas Colsaerts écume les circuits professionnels de golf depuis près de 12 ans. L’enfant prodige belge de la petite balle blanche y a connu des hauts et des bas. Un peu à l’image de son début de saison où il a réussi 3 Tops 10 (au Volvo Champions en Afrique du Sud, à l’Accenture Match Play Championship en Arizona et au Zurich Classic en Louisiane), mais n’a plus regoûté aux joies de la victoire et a raté le cut à trois reprises de justesse suite à quelques erreurs, notamment au putting. Ce qui fut le cas aux Masters, premier tournoi majeur de l’année. Tel le phénix, Colsaerts a cependant toujours réussi à renaître de ses cendres et est désormais d’attaque pour les prochaines échéances, dont l’US Open (13-16 juin à Ardmore, en Pennsylvanie) et le British Open (18-21 juillet à Muirfield, en Écosse). Nous l’avons rencontré le 8 mai dernier, lors de la présentation du « Kings of Golf » qu’il disputera le 29 septembre prochain sur le parcours du Zoute, en compagnie de deux autres stars mondiales du golf, l’Espagnol Sergio Garcia et l’Ecossais Sam Torrance. Une gageure vu que, à ce jour, il s’agit de la seule compétition-exhibition ouverte au grand public à laquelle ce véritable globetrotter participera cette année en Belgique. Lors de notre interview, il n’avait d’ailleurs plus déposé son sac chez lui, à Waterloo, depuis cinq mois ! Ce qui ne l’empêche pourtant pas de garder un lien indéfectible avec le plat pays qui est le sien…
Nicolas, vous revenez des États-Unis, où l’on vous surnomme désormais le « Belgian Bomber ». Ce surnom vous correspond-il ?
Nicolas Colsaerts — Tout à fait. Aux States, on m’appelle aussi « The muscles from Brussels ». Ce qui leur rappelle Jean-Claude Van Damme, qui avait ce même surnom… Je le lui laisse volontiers (rires). Je préfère « The Belgian Bomber », qui fait référence à ma force de frappe (Colsaerts est le joueur le plus long du circuit au drive, avec plus de 280 mètres de moyenne, NDLR) et à mes origines. Dans un pays où l’on ne connaît la Belgique que pour ses gaufres, ses chocolats ou ses bières, c’est plutôt pas mal d’être reconnu.
Ce surnom ne risque-t-il pas de vous enfermer dans un certain style de jeu, à savoir toujours frapper le plus fort possible, quitte à passer pour un fou ?
NC — Non, il ne faut pas exagérer, je fais encore ce que je veux quand je suis devant la balle ! Je me suis déjà fait siffler par le public américain parce que je prenais un bois 3 au lieu d’un driver au départ d’un trou. C’est vrai qu’au début, cela vous décontenance un peu. Mais je suis désormais habitué à ce genre de situation…
Vous jouez désormais en majorité aux États- Unis mais vous n’y habitez toujours pas. Pourquoi ?
NC — Être en permanence aux States, ce n’est pas pour moi. J’ai toujours l’impression d’y être dans le même patelin, sur les mêmes routes, dans les mêmes restaurants. C’est pour cela que j’ai besoin de revenir de temps en temps en Europe. Non seulement pour jouer au golf sur des tournois que je connais par coeur et sur un circuit où je veux conserver mon droit de jeu, mais aussi pour y retrouver une certaine culture. Je me sens Européen, et je suis fier d’être Belge. Même si je n’y suis pas souvent, j’y reste officiellement domici lié, chez mes parents à Rixensart, tandis qu’un pote me laisse une chambre disponible chez lui à Waterloo quand je reviens un peu plus longtemps. J’aime mieux cela que d’habiter à Bruxelles où c’est invivable avec le trafic de voitures du matin au soir.
Que connaît-on de la Belgique sur le circuit américain ? Et de la Wallonie ?
NC — Si la Belgique et Bruxelles parlent à certains Américains, je dois bien dire que la Wallonie est aussi inconnue que la Flandre. Vous devez imaginer qu’il y a 25 états américains qui sont 10 fois plus grands que la Wallonie. La Belgique est à peine aussi grande qu’un de leurs plus petits états, donc je suis déjà content s’ils en ont entendu parler. Ce qui ne m’empêche en rien de brandir bien haut nos couleurs. Voir le drapeau belge flotter sur un mât lors d’une épreuve comme la Ryder Cup, l’an dernier à Medinah (Chicago), cela vous booste et vous pousse à aller plus loin.
Bruxellois d’origine, vous avez émigré en Wallonie en passant toute votre jeunesse golfique dans les clubs brabançons de Rigenée et de Waterloo. Pourquoi ?
NC — Tout simplement parce qu’il n’y a pas de golfs compétitifs dans Bruxelles. C’est dommage qu’une grande ville comme notre capitale n’ait pas un beau parcours de championnat. Nous sommes quand même la capitale de l’Europe ! Le parcours du Ravenstein, à Tervuren, reste l’un de mes préférés en Belgique mais n’a pas la longueur suffisante, tant au niveau du parcours que du practice par rapport aux standards du circuit pro. De son côté, le Brabant wallon a accueilli pas mal de parcours, ce qui a permis au golf de prendre de l’ampleur dans le pays. Le Brabant wallon est véritablement le berceau du golf moderne en Wallonie et en Belgique.
Les Liégeois sont très certainement les Wallons les plus internationaux. Quand on rencontre un Wallon à l’étranger, il y a de grandes chances qu’il vienne de la Cité ardente !
Quels sont vos golfs préférés en Wallonie ?
NC — J’aime beaucoup les clubs royaux comme Spa, Sart Tilman, Waterloo avec la Marache ou encore le Hainaut (Erbisoeul). Bon, si on parle club, j’ai bien entendu de très bons souvenirs aussi à Rigenée !
Avez-vous de la famille, des racines, des amis en Wallonie ?
NC — De la famille, non. J’ai grandi dans le centre de Bruxelles où j’ai d’ailleurs frappé mes premières balles non seulement au pratice du club de Boitsfort, mais aussi dans un filet mis en place par mon père dans la cour intérieure de l’immeuble dans lequel j’habitais. Mais j’ai beaucoup d’amis à Liège, l’autre ville golfique qui sait s’amuser ! Les Liégeois sont très certainement les Wallons les plus internationaux. Quand on rencontre un Wallon à l’étranger, il y a de grandes chances qu’il vienne de la Cité ardente ! Hein oui…
Avez-vous des endroits de sortie préférés ?
NC — Voilà quelques années maintenant que je suis 340 jours par an aux quatre coins du monde… donc je suis plutôt débranché et je n’ai plus d’habitudes. Quand je reviens en Belgique, j’apprécie cependant toujours la nourriture typiquement belge, comme une bonne petite sole meunière ou une croquette aux crevettes. Surtout du poisson, en fait. Aux États-Unis, à part les steaks et les hamburgers… Auparavant, je connaissais aussi quelques bonnes boîtes de nuit, surtout dans la capitale, mais tout cela c’est de l’histoire ancienne pour moi.
Y a-t-il quelque chose dans lequel vous désirez vous investir, à Bruxelles ou en Wallonie ?
NC — Pour l’instant, je pense quasi exclusivement à ma carrière, je n’ai vraiment pas le temps de penser à autre chose. Je viens cependant de mettre sur pied, en collaboration avec mon sponsor 2pm, mon coach Michel Vanmeerbeek et mon manager, Vincent Borremans, la « Nicolas Colsaerts Coaching Team » (NCTT). L’an dernier, lors de l’événement « Colsaerts & Friends », j’ai constaté en effet que de nombreux enfants me prenaient en exemple et étaient passionnés par ce jeu. Cela se voyait dans leurs yeux. J’avais vraiment envie de faire quelque chose pour eux. Nous avons dès lors mis en place deux journées de sélection pour des enfants de 10 à 12 ans, 9 joueurs étant désormais repris dans la NCTT où ils bénéficieront gratuitement des conseils de « Mich », afin d’améliorer leur frappe de balle. C’est à cet âge que cela se joue ! J’avais vraiment envie de m’investir à ce niveau. Mais pour moi, peu importe que ces enfants proviennent de Flandre, de Bruxelles ou de Wallonie. Nous sommes un trop petit pays pour nous prendre la tête à ce niveau.
Bio Express
Nom : Colsaerts
Prénom : Nicolas
Date de naissance : 14.11.1982
Domicilié à Rixensart
Clubs (en amateurs)
Débuts à Boitsfort (1989), puis Rigenée (Villers-la-Ville) et Royal Waterloo (Ohain),
Professionnel de golf depuis 2000.
Victoires pro
Omnium de Belgique (2003),
Open de Bordeaux (2005),
Challenge de Finlande et Challenge des Pays-Bas (2009),
Open de Chine (2011) et Volvo World Match Play Championship à Finca Cortesin (2012).
Ryder Cup
1 sélection (2012), victoire 13,5-14,5 de l’Europe aux États-Unis.
1 pt de Colsaerts (avec Lee Westwood) contre Tiger Woods/Steve Stricker.
Chloé Leurquin De Waterloo à Rio
La jeune Waterlootoise de 22 ans est passée Pro en mars dernier. Premier objectif : se qualifier pour les Jeux olympiques au Brésil en 2016.
Chloé Leurquin est l’un des grands espoirs actuels du golf féminin belge, à la recherche d’une « héritière » à la brabançonne Florence Descampe, seule joueuse de notre Royaume à avoir remporté un tournoi sur le circuit américain au début des années ’90. Chloé, 22 ans, a décidé de passer professionnelle de golf en mars dernier. Cette décision pourrait sembler précipitée alors qu’elle n’a pas encore terminé ses études d’ingénieur de gestion à l’UCL. « Je suis en 1ère Master, avec encore un an pour réaliser notamment mon mémoire. Je compte bien cumuler le golf professionnel avec la fin de mes études, mon statut de sportive de haut niveau me permettant d’avoir des facilités notamment d’horaires, en accord avec les profs, commente-t-elle. C’est donc une décision mûrement réfléchie, en concertation avec mes parents et mon coach du Royal Waterloo, Arnaud Langenaeken. J’ai décidé de me concentrer sur le circuit LET Access Series, à savoir la Division 2 européenne féminine. Mon objectif est de me retrouver dans le Top 5 final en fin de saison afin d’avoir une carte complète pour le circuit européen féminin 2014. À partir de là, je pourrai viser plus haut avec, pourquoi pas, une qualification pour les Jeux olympiques de Rio en 2016… »
Un rêve d’autant plus fort que la jeune golfeuse est née à… Rio de Janeiro. Rien ne la prédestinait à une carrière en golf, sport qu’elle a commencé vers 11 ans sur les greens de Louvain-la- Neuve sous l’impulsion de son père, directeur de la société d’imprimerie Evadix, à Tournai. « J’ai directement accroché. En jouant tous les jours, je me suis rapidement retrouvée parmi les meilleures de ma catégorie d’âge, en poursuivant mon apprentissage au Royal Waterloo. J’ai alors été prise en charge par l’Association francophone de golf, puis au sein de la Belgian Team. Les filles nées en 1990 (telles une autre Waterlootoise, Laura Gonzales Escallon, l’Anversoise Valentine Gevers, la Brabançonne Manon Vanmol et la Liégeoise Stéphanie Dony, NDLR) étaient très compétitives. Ce qui favorise la progression. »
Chloé a pris régulièrement le dessus sur ses adversaires ces dernières années, remportant le titre de championne de Belgique amateur à trois reprises (2007, 2008 et 2012) ainsi qu’une fois en 2010 en « match-play » (tournoi un contre un). Elle a également terminé l’an dernier première au ranking belge. Son dernier et seul titre international amateur, conquis en mars dernier dans des conditions apocalyptiques aux Internationaux amateurs d’Italie, à Castel Gandolfo, est à son image ; imperturbable et dotée d’un mental d’acier. Une qualité essentielle à conserver pour parvenir à ses fins.