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Par Gilles Bechet
RAVIVE LA FORCE DES ENZYMES
George et Gordon Blackman
Pionnière dans les solutions d’hygiène à base d’enzymes, entièrement biodégradables, l’entreprise Realco, basée à Louvain-la-Neuve depuis 1995, conforte sa position de leader par une expansion au-delà de nos frontières.
Escherichia coli, salmonella, listeria… autant de noms de guerre pour des organismes invisibles et potentiellement dévastateurs pour l’industrie agroalimentaire ou les cuisines professionnelles. Pendant longtemps, on s’est reposé uniquement sur l’arsenal chimique pour venir à bout des bactéries pathogènes. L’arrivée de Realco a radicalement changé les termes du combat sanitaire. En effet, grâce à la découverte des propriétés des enzymes naturelles, l’entreprise gembloutoise, reprise par Gordon Blackman en 1991, mettait sur le marché des produits de nettoyage et de traitement des eaux biodégradables à 100 %.
Quatre secteurs d’activité
Les activités de Realco se déploient dans quatre secteurs d’activité. Le plus important en volume est celui du secteur agroalimentaire réparti entre la production industrielle et les cuisines professionnelles et collectives, permettant le nettoyage quotidien des chaînes de production et des installations. Vient ensuite la gamme de produits destinés à l’hygiène domestique, dont la gamme eezym, distribuée en grande surface. Si, suite à l’arrivée du coronavirus, la désinfection est de plus en plus une priorité à la maison, il faut veiller à ne pas abuser de certains agents de désinfection chimiques qui peuvent générer à long terme une résistance des bactéries. Les enzymes naturelles présentes dans les produits de Realco dégradent la saleté tout en garantissant un nettoyage en profondeur ciblant les bactéries tout en respectant l’environnement. Une gamme est aussi disponible pour le nettoyage des piscines qui, dans la période de confinement, ont connu un attrait soudain. OneLife, enfin, est une filiale qui se concentre sur la décontamination des milieux hospitaliers.
Avec l’aide de l’UCL et de l’INRA
Depuis ses débuts, Realco a travaillé en étroite collaboration avec des laboratoires universitaires. C’est ainsi que l’apport scientifique de l’UCL et de l’INRA (Institut national de recherche agronomique) a permis de mettre en évidence la présence du biofilm et de mettre en œuvre des solutions pour s’en débarrasser. Le biofilm est une matrice protectrice créée par l’accumulation de bactéries qui est très difficile à détruire par les produits de nettoyage et de désinfection classiques car il peut se montrer mille fois plus résistant que lorsque les bactéries se présentent sans cette protection. Grâce à sa gamme de produits à base d’enzymes, Realco peut garantir un traitement préventif et curatif des biofilms.
La recherche et développement est au cœur de la stratégie d’expansion de l’entreprise. D’une part, pour toujours et encore améliorer les produits existants, mais aussi pour mettre au point de nouveaux produits ou protocoles. « On a travaillé pendant trois ans sur un process de nettoyage enzymatique de la ligne de production qui permet aux entreprises du secteur alimentaire d’étendre la date de péremption de leurs produits. Des résultats qui ont par ailleurs été validés par un article publié dans une revue scientifique. »
Les enzymes naturelles présentes dans les produits de Realco dégradent la saleté tout en respectant l’environnement.
La « chimie verte » et ses préjugés
Sans véritable concurrent pour ses produits, Realco doit cependant toujours tenir compte de la méconnaissance et des préjugés persistants vis-à-vis de la « chimie verte ». « L’idée que les produits écologiques ne fonctionnent pas aussi bien que les produits traditionnels circule encore dans une partie du public. Comme notre prix est légèrement plus élevé, certains hésitent à sauter le pas. Heureusement, nous avons le retour des consommateurs qui soulignent l’efficacité de nos solutions et prouvent que nous avons raison. »
Pour Realco, la chimie verte n’est pas qu’un slogan. Toute l’entreprise a d’ailleurs souscrit à une charte écologique qui promeut une gestion verte des déchets et de l’énergie, et qui encourage le personnel à emprunter la bicyclette pour tous les déplacements de proximité.
Des filiales à l’étranger
A côté de la vente de ses produits, l’entreprise propose aussi un service de conseil et d’accompagnement. Realco peut ainsi aider ses clients à mettre en place la meilleure stratégie d’hygiène en identifiant les bactéries pour choisir le produit le mieux à même de les éliminer. « Les entreprises ont souvent des protocoles de nettoyage bien rodés mais pas toujours sans défaut. On essaie de s’intégrer dans le processus pour en accroître son efficacité. »
Présente hors de nos frontières via un réseau de partenaires et de distributeurs actifs un peu partout dans le monde, Realco a aussi l’ambition de s’implanter sur d’autres continents via des filiales. Sur le plan mondial, le petit poucet belge est appelé à se battre contre des grands groupes, il est donc primordial d’être bien implanté sur les marchés étrangers. « Nous avons une filiale aux Etats-Unis appelée Realzyme, où nous employons trois personnes. Et nous sommes en train d’évaluer la location la plus appropriée pour en ouvrir une autre en Asie. »
Un incendie, puis le Covid !
L’année 2020 aura laissé des traces dans les annales de Realco, l’entreprise aujourd’hui dirigée par George Blackman. A double titre. En janvier, un incendie ravageait entièrement les sites de production et de stockage de l’entreprise située dans le parc scientifique de Louvain-la-Neuve, heureusement sans faire de victimes et en laissant les capacités de gestion et de recherche et développement intactes. Deux mois plus tard, c’était la pandémie du Covid-19 et le « lockdown » sur la planète entière ! L’entreprise, qui emploie 53 personnes, a heureusement pu traverser ces deux coups durs sans dommage à long terme.
« Nous n’avons procédé à aucun licenciement », se réjouit Valentine Neirynck, Product Manager. « Le personnel s’est montré très flexible. Certaines fonctions ont bien évidemment dû être remaniées temporairement. Nous avons aussi vu des commerciaux venir aider au conditionnement. C’est vraiment grâce à l’implication de nos collaborateurs que nous sommes arrivés à nous relever des difficultés. »
Côté clients, la continuité a été assurée grâce aux partenariats avec des sous-traitants. « Nous pouvions compter sur les stocks encore disponibles chez des partenaires et distributeurs. En six semaines, nous avons pu relancer la production grâce à des sous-traitants. »
On ne mesure pas encore les bouleversements liés à la pandémie du coronavirus, mais une chose est claire, la désinfection et l’hygiène sont plus que jamais à l’agenda ! Même si ses produits et ses activités de base n’étaient pas directement concernées, Realco a participé à l’effort général en produisant du gel hydroalcoolique – lequel doit respecter une formule soigneusement cadenassée. « Cela a contribué à nous maintenir la tête hors de l’eau. »