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Par Marc Vanel
UN CIRCUIT QUI N’A PAS DE PRIX
Le Circuit de Spa-Francorchamps fêtera ses 100 ans cette année mais il ne cesse d’évoluer. De prochains travaux permettront une plus grande connexion avec le public.
© Marc Vanel
Trente kilomètres de fibres ont été déroulées pour le centre de contrôle.
En 1920, après vingt-cinq ans de courses de côte organisées par l’Automobile Club de Belgique à Barisart et à Malchamps, sur le territoire de Spa, le Chevalier Jules de Thier (PDG du quotidien La Meuse), le baron Joseph de Crawez (bourgmestre de Spa) et Henry Langlois (ACB) décident d’aller plus loin et de créer le Circuit de Francorchamps. La première course a lieu l’année suivante, il s’agit d’une course de motos 350cc. En 1922, c’est au tour des voitures de débarquer sur le circuit. A l’époque, le record de vitesse n’était que de 88,9 kilomètres/heure, mais il faut savoir que la course se déroulait sur des chemins de terre, l’asphaltage complet n’étant effectif qu’en 1928.
Le circuit le plus rapide du monde
Long de quinze kilomètres, le circuit ne cessera d’être amélioré, avec une suspension de 1939 à 1948 pour cause de conflit mondial. La reprise en 1950 est magistrale avec la première course de « voitures de série », le premier championnat du monde des conducteurs et, donc, le lancement de la Formule I moderne. En 1958, Spa-Francorchamps devient le circuit de F1 le plus rapide du monde.
En 1978, sous l’impulsion de Jacky Ickx, alors administrateur-délégué, un nouveau circuit est dessiné. Il sera plusieurs fois modifié et adapté pour ne plus faire que sept kilomètres et correspondre aux normes de la Fédération internationale automobile. A noter que 80 % du tracé sont situés sur la commune de Stavelot, le reste sur celle de Malmedy.
Depuis 2007, le circuit a été renforcé en tant que pôle économique wallon majeur. L’organisation de la Formule 1 n’est plus de son ressort (c’est la SA Spa Grand Prix qui s’en charge), sa mission est d’organiser et de promouvoir des activités, mais surtout de gérer l’infrastructure dans un objectif de développement économique.
Les «premières»
1896 Première course de côte organisée à Spa-Barisart
1921 Première course motos 350cc
1922 Première course de vitesse autos
1924 Première édition des 24h de Spa
1930 Première (et dernière) participation du constructeur belge Imperia
1950 Premier Championnat du Monde des Conducteurs
1955 Première équipe nationale belge
1966 Première victoire de Jacky Ickx en tourisme aux 24h de Francorchamps
1970 Première victoire d’une Porsche 917
1973 Première épreuve des 24h Motos
1984 Première victoire de Jaguar en endurance depuis 1957
1986 Première organisation des 24h 2CV
1992 Première victoire de Michael Schumacher et première victoire allemande
Un nouveau tournant en 2016
En 2016, Nathalie Maillet, ancienne pilote, reprend la direction et décide de faire de l’anneau spadois un circuit d’excellence en développant un nouveau modèle économique axé sur le digital. « Ce plan stratégique, explique-t-elle, s’articulait autour de trois thématiques : la piste, les infrastructures et un circuit connecté avec une vision “le public est notre patron”. J’ai souhaité pérenniser les championnats déjà présents mais aussi attirer de nouveaux championnats ou événements. Nous sommes passés de dix-sept week-ends de course ou événements en 2016 à plus de vingt-cinq sur la saison qui s’étend de mi-mars à mi-novembre. »
Une nouvelle piste a été construite ainsi qu’un véritable stadium de tribune, et la zone piétonne du Kemmel a été élargie pour une meilleure sécurité des spectateurs. « Nous avons aussi déroulé trente kilomètres de fibres pour notre centre de contrôle, installé le wifi gratuit et développé une application avec de nombreux services. L’ensemble fait partie d’un investissement décennal de 80 millions annoncé fin de l’an dernier pour le retour de l’endurance moto en 2022. Ancré dans son histoire mais tourné vers le futur, le Circuit de Spa-Francorchamps génère du bénéfice qui est réinvesti dans les infrastructures et des projets d’avenir. Notre attrait touristique est un axe à développer qui participera à la poursuite de notre croissance. »
Une vitrine pour la Wallonie
A 100 ans, le circuit est plus que jamais un atout pour la Wallonie. « Les retombées économiques directes et indirectes sont importantes pour la région, conclut Nathalie Maillet, mais elles sont difficilement chiffrables. Vous vous doutez bien que les hôtels, restaurants, gîtes, camping, magasins locaux… bénéficient pleinement du public drainé par les courses. Nous en avons malheureusement encore eu la preuve lors de nos quatre mois de fermeture l’an dernier, l’impact a été direct pour tous.
Cela étant, notre renommée internationale n’a pas de prix. Peu sont ceux qui ne connaissent pas le Circuit de Spa-Francorchamps qui est une formidable vitrine pour la Wallonie. Tout le monde est le bienvenu sur la piste et j’encourage également les fans de sports moteurs à se faire accompagner par leur famille, car nous créons actuellement des activités spécifiquement dédiées aux familles et en lien étroit avec notre environnement verdoyant. »
« Nous sommes passés de dix-sept week-ends de course ou événements en 2016 à plus de vingt-cinq sur la saison qui s’étend de mi-mars à mi-novembre. »
Un an de festivités
Nathalie Maillet est la directrice du circuit depuis 2016.
Difficile de préparer et de fêter un anniversaire, quel qu’il soit, en période de pandémie, mais divers événements sont bien sûr prévus en lien avec le Circuit de Spa-Francorchamps. Son histoire ayant débuté en août 1921, son centenaire sera célébré dès ce mois d’août si les conditions sanitaires le permettent. « Plusieurs actions seront échelonnées durant une année, précise Nathalie Maillet. Nous avons noué différents partenariats qui seront dévoilés cet été, entre autres avec le Musée du Circuit qui présentera le célèbre virage de Stavelot, lequel ne fait plus partie du tracé actuel. Différents panneaux seront ainsi placés afin de découvrir son ancienne configuration. » Et la directrice d’ajouter : « Cette célébration sera axée sur les organisations de courses, les trackdays, les teams et pilotes, mais également sur le public. Il ne faut pas oublier que l’histoire du circuit a également été écrite par nos fans, nos spectateurs ! »