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© Château de Vêves
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Vêves

  • Tourisme
Namur  / Houyet

Par Catherine Moreau

LE CHÂTEAU DE LA BELLE AU BOIS DORMANT

Savez-vous que le château de Vêves, à Celles, héberge la Belle au bois dormant ? Quoi d’étonnant à ce que cet édifice perché sur un piton rocheux, classé Patrimoine exceptionnel de Wallonie, ait été élu patrimoine bâti préféré des Wallons en 2019 ?

 


Un voyage dans le temps qui emprunte escaliers et passages voûtés pour découvrir la vaste salle à manger, d’élégants salons, ou encore la cour intérieure et sa galerie en colombages.

Il y a quelques années encore, de grands panneaux touristiques fleurissaient au bord des autoroutes wallonnes. Sur l’un d’eux, on pouvait lire : « Trois crayons dessinent le ciel ». Le poète chanteur Julos Beaucarne décrivait ainsi le château de Vêves, flanqué de tours aux toits coniques, dominant les vallons boisés de la Mirande et du ry de Vêves.

C’est cet emplacement dominant et commandant l’ancienne route de Dinant vers Rochefort qui explique la construction d’un château aux VIIe et VIIIe siècle, selon la tradition et les chroniques. C’est Pépin de Herstal, l’arrière-grand-père de Charlemagne, qui en aurait fait son fief au VIIIe siècle, attiré sans doute aussi par le voisinage de l’ermitage où vivait saint Hadelin, moine originaire d’Aquitaine qui était venu évangéliser la région.

Heurs et malheurs

Comme tant d’autres, le château connut ses heures de gloire et de disgrâce et se transforma au fil des siècles. C’était d’abord une structure en bois, fragile, qui fut détruite, puis rebâtie en pierre au XIIe siècle. Ensuite, au début du XVe siècle, les bâtiments furent la proie des flammes avant d’être reconstruits par les seigneurs de Beaufort.

Le château médiéval se présentait comme une forteresse défensive, avec une solide enceinte qui ceinturait la cour intérieure pentagonale et montait jusqu’à mi-hauteur des tours. Un corps de logis s’appuyait contre l’enceinte au sud-ouest et un chemin d’accès escarpé menait vers un châtelet coudé par rapport au rempart.

A la Renaissance, il fut transformé en château de résidence. On construisit, dans la cour intérieure, une galerie en colombages ; on colla à l’enceinte de robustes constructions en pierre calcaire. Plus tard, au XVIIIe siècle, on transforma la rampe d’accès pour permettre le passage des carrosses. Et puis, à l’intérieur, les espaces furent réaménagés pour accueillir de luxueux appartements décorés en styles Louis XV et Louis XVI.

Dix années de travaux

Dégradé par les révolutionnaires en 1793, le château le fut aussi par les soldats qui l’occupèrent à la Libération, en 1945. La léthargie se prolongea jusqu’à ce que le Comte Christian de Liedekerke Beaufort, le père du propriétaire actuel, crée une asbl dans le but d’ouvrir le château au public. D’importants travaux de restauration ont été réalisés entre 1969 et 1979 par cette association. Avec l’aide de l’Etat, elle a, par exemple, rendu son aspect initial à la salle d’armes au beau pavement de grès provenant des anciennes carrières de Spontin et de Chevetogne. Elle avait été divisée en appartements au XVIIIe siècle et des planches masquaient la cheminée. Ces travaux ont aussi permis de retrouver dans une chambre, derrière une porte murée, un escalier menant à l’une des tours.

Une histoire familiale

L’histoire du château de Vêves, à Celles, l’un des Plus Beaux Villages de Wallonie, c’est aussi celle d’une longue lignée familiale. A partir du XIIe siècle, l’histoire de la seigneurie de Celles-Vêves se confond avec celle des seigneurs de Beaufort. Cette puissante famille participa à la plupart des conflits féodaux dans la région. Comme la Guerre de la Vache, qui ravagea le comté de Namur et la principauté de Liège entre 1275 et 1278, et le siège de Dinant, au XVe siècle, quand la ville fut rasée par Charles le Téméraire. En 1609, dans le cœur d’un chêne qu’il venait d’abattre, un bûcheron découvrit la statue d’une Vierge en terre cuite qui fut transportée dans l’oratoire du château de Vêves et suscita un tel enthousiasme qu’elle fut déclarée miraculeuse. Sur l’emplacement de l’arbre, les Beaufort firent construire un sanctuaire remplacé ensuite par l’actuelle église Notre-Dame de Foy, lieu de pèlerinage proche de Dinant.

A la suite d’un mariage, en 1761, le château passa aux mains des comtes de Liedekerke Beaufort de Celles qui le possèdent encore aujourd’hui. Certains marquèrent l’histoire comme, notamment, Augustin de Gavre qui fut ambassadeur des Etats Pontificaux. Son épouse, Charlotte, était la fille de la marquise de la Tour du Pin Savenet. Celle-là même qui écrivit le Journal d’une femme de cinquante ans, relatant ses souvenirs de dame d’honneur de la reine Marie-Antoinette, les heures sombres de la Terreur et son immigration en Amérique. Il faut dire que ses deux grands-pères périrent sur l’échafaud !

Passages voûtés, pressoir à cidre…

C’est donc à la fois l’histoire du château et celle de la famille qu’observent les visiteurs à travers des meubles du XVIIIe, des blasons, des armes, de la porcelaine, des tableaux, des gravures et dessins représentant des châteaux de la région… Un voyage dans le temps qui emprunte escaliers et passages voûtés pour découvrir d’élégants salons, la chapelle voûtée, la vaste salle à manger ou la cuisine, bien plus rustique, située dans la partie la plus ancienne, avec son four à pain, son mortier, sa crémaillère et son pressoir à cidre. Sans oublier la chambre de… la Belle au bois dormant avec la princesse endormie, le rouet et son fuseau coupable.

En quête du Graal



Pas peu excités, Mao, 6 ans, et son petit frère de 3 ans, Thaïs, de croiser le fer, pardon ! le bois, sur les pelouses du château. Pour ces gamins venus de la région de Mons avec leur famille, ce n’est pas tous les jours que l’on peut revêtir heaume et tunique, manier l’épée et le bouclier dans un vrai château, tout en croisant de (très) jeunes princesses dans leurs beaux atours ! Les parents, eux, peinent un peu pour reconnaître un monogramme présent sur la reproduction d’une enluminure, sur un mur.
Les familles sont ainsi conviées à une chasse au trésor jalonnée d’épreuves (sept questions) conduisant rien de moins qu’au Saint Graal ramené des Croisades en 1229 par un chevalier et pieusement gardé, protégé et défendu entre les murs du château de Vêves. Autrement dit, LE trésor que Lancelot, Perceval et les meilleurs chevaliers, ainsi que de nombreux nobles, seigneurs, mécréants et imposteurs ont obstinément recherché dans l’espoir d’obtenir la vie éternelle !
« Nous nous sommes rendu compte que les familles hésitaient à pousser la porte d’un château ; d’où l’idée d’inverser la tendance en proposant cette chasse au trésor », explique Laura Moreau, la gestionnaire du lieu.
Ces visites du château et ses abords s’ajoutent à d’autres animations proposées. Des visites libres, des visites guidées interactives en quatre langues (français, néerlandais, anglais et espagnol) ou des visites réservées aux familles et adaptées aux enfants (déguisés) avec animations : cérémonies d’adoubement, introduction aux danses médiévales, mini tournoi d’arbalète…


www.chateau-veves.be

 

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