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VIN DE LIÈGE - Liège, terroir viticole

  • Dossier

Par Marc Vanel

En quatre ans, « Vin de Liège » a rassemblé 1 800 000 € auprès de 1200 coopérateurs et trois fonds d’investissement wallons. On produira du vin dans la Cité ardente !

 

Douze hectares de cépages résistants ont été plantés, la première pierre d’un chai flambant neuf a été posée le 22 avril dernier, les premières bouteilles sortiront en 2015. C’est presque un cas d’école. Pour mieux comprendre, rencontre avec Alec Bol, administrateur-délégué, et Romain Bévillard, œnologue en charge des futures cuvées.

« Vin de Liège »

Entreprise de formation par le travail spécialisée dans le maraîchage et l’entretien de parcs et jardins, l’asbl la Bourrache a créé en 2010 la coopérative « Vin de Liège » pour faire revivre la vigne sur les coteaux de la Citadelle. Le projet est alors porté par Fabrice Collignon, administrateur, et l’œnologue français Romain Bévillard, fraîchement engagé. Complété par Alec Bol, le trio va mener durant quatre ans une campagne d’information pour convaincre le grand public d’investir une part de 500 € dans leur projet.

Dans le même temps, les trois compères partent à la recherche de la parcelle idéale. Leur attention se porte d’abord sur un terrain appartenant à la congrégation des Filles de la Croix, rue Hors-Château. Consulté par les promoteurs du projet, l’échevin de l’urbanisme et de l’environnement de l’époque leur confie que ce projet pourrait s’inscrire dans son projet de valorisation des coteaux, mais il leur apprend surtout que le terrain est également convoité par Paul-François Vranken, un homme d’affaires liégeois qui produit du Champagne à Reims depuis 1976 et qui souhaiterait planter 100 hectares de vigne à Liège ! Ce second projet soulève de grandes inquiétudes chez les riverains qui craignent des retombées écologiques négatives. Le patron de Vranken-Pommery referme alors les portes et depuis, plus aucune information ne filtre sur le sujet. Aux dernières nouvelles, le projet semble toutefois abandonné. Au siège belge de la société, on répond « qu’il n’y a pas de tel projet », mais les autorités provinciales liégeoises tenteraient de renouer contact. En réalité, il faudrait requalifier en terres agricoles des terres qui ne le sont pas, et l’opération n’est pas simple.

Dans la vallée du Geer

Soucieuse d’avancer et de répondre aux attentes de ses premiers coopérateurs, la coopérative « Vin de Liège » plante une première parcelle de 600 pieds de vigne rue Naimette avant de décider de quitter la ville. Des terrains à Eben-Emael (Bassenge) et Heure-le-Romain (Oupeye) sont choisis. « Nous disposons à présent de 16 hectares de terrains, explique Alec Bol, 12 sont plantés, dont 2 en avril dernier. Nous avons fait le choix de planter des cépages résistants aux maladies, appelés aussi cépages interspécifiques. Trois hectares de rouges à Eben-Emael (Cabernet Cortis et Pinotin) et dix autres “panachés” blancs et noirs (dont deux plantés à la mi-avril) à Heure-le-Romain (Johanniter, Muscaris, Solaris, Souvignier gris). »

Le 25 janvier dernier, à l’occasion de la Fête de la Saint-Vincent, patron des vignerons, le capital a été clôturé. Au-delà des espérances, à plus d’1 800 000 € ! « Lever des fonds lorsque l’on n’a rien à montrer n’est pas une mince affaire, confirme le jeune administrateur-délégué. Au début, peu y croyaient. Certains ont pris une part par amour de Liège, pour défendre leur région. Dès que l’on a planté en 2012, les demandes ont afflué, parfois trois par semaine. Puis l’accord des fonds d’investissement wallons qui nous permettent surtout de garantir nos emprunts auprès des banques (cf. encadré). » Aujourd’hui, une trentaine de coopérateurs viennent travailler la vigne le premier samedi du mois et s’investissent totalement dans ce projet qui associe également des jeunes en formation envoyés par le CPAS de Herstal notamment.

Plusieurs gammes

Côté production, la coopérative proposera une gamme complète de vins. Effervescents, blancs et rosés dès 2015, rouges lorsque la vigne aura atteint sa maturité. Il faut en effet attendre quatre ans, parfois plus, pour qu’elle donne le meilleur d’elle-même. « Nous avons transformé un terrain qui était en agriculture conventionnelle en un vignoble bio où tout est à gérer à la main, cela n’a pas été simple, explique Romain. D’après nos prévisions, nous devrions disposer l’an prochain de 25 000 bouteilles, peut- être plus, peut-être moins. Avec un objectif de 80 à 100 000 en 2017-18. Cette année sera celle de tous les dangers, car nous devons aussi construire notre chai dont la première pierre a été posée fin avril, y installer les cuves dès juillet et faire en sorte que le bâtiment soit prêt pour accueillir les vendanges. Il nous reste peu de temps. » Mais l’équipe demeure optimiste. Conçu pour vinifier 14 hectares de vignes, le chai pourra facilement être agrandi jusqu’à 25 hectares. Le métier qui entre, sans aucun doute.

SCRLFS Vin de Liège

Rue Fragnay, 64

B-4682 Heure-Le-Romain info@vindeliege.be

www.vindeliege.be

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