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© Christophe Ketels

Agnès Flémal et WSL

  • Business
Liège  / Liège

Par Frédérique Siccard

17 ans de challenges

De chef de fratrie à chef d’entreprise, Agnès Flémal franchit le pas en 1984, au lendemain de sa remise de diplôme, lorsque son père lui annonce la faillite de l’entreprise familiale. Polytechnicienne, entrepreneure dans l’âme, elle relève le défi. Le nouveau millénaire la trouvera à la tête de WSL. Face à une feuille blanche.

 

« Je suis devenue entrepreneure à 24 ans. Ce n’était pas ce que j’espérais, mais j’ai plongé dans le bain parce que je ne voulais pas laisser soixante personnes sur le carreau et je n’en suis jamais ressortie. Quand la Région wallonne m’a recrutée, en 2002, pour diriger le premier incubateur technologique d’Europe, c’était autant en raison de mon expérience que parce que je suis une femme. Il semblait évident que je maternerais les petites spin-off. Mais moi, je ne materne pas, je challenge ! », souligne Agnès Flémal.

Seule, d’abord, en équipe, ensuite, elle développe et structure un écosystème unique et innovant. Mi-incubateur, mi-accélérateur, WSL est aujourd’hui le partenaire privilégié de 83 techno-entrepreneurs en projet ou à la tête d’une start-up “deep tech” de moins de 5 ans. « Nous assurons en permanence un suivi “hands on ”. Nous créons des services, observons chaque conseil d’administration, donnons des conseils en matière de Ressources Humaines, sur la structure des ventes ou la façon de lever des fonds. Nous travaillons en appui, pas à la place de », insiste la directrice.

De Liège à la Wallonie
Si WSL est né sur les hauteurs de la Cité ardente, dans le Liège Science Park du Sart Tilman, soit près de l’université, l’organisation est aujourd’hui présente dans toutes les provinces wallonnes. Une position multiple qui offre une plus grande proximité avec les entreprises incubées, les universités et les hautes écoles. WSL travaille également avec les pôles de compétitivité et l’Agence wallonne à l’Exportation et aux Investissements étrangers (Awex). « Au vu des domaines d’activités des entreprises que nous encadrons, il est naturel que l’extension wallonne se double d’une expansion internationale, au service de ses start-up », remarque la Directrice.

WSL a ainsi noué des liens privilégiés avec le Research Valley Partnership de l’Université de Texas A&M (Houston) et avec Cal Poly, l’Université d’État polytechnique de Californie. Il est labellisé par l’ESA (Agence spatiale européenne) et est devenu, en 2007, le premier incubateur hors USA labellisé par la National Business Incubation Association (NBIA). La même année, WSL est élu meilleur incubateur techno-entrepreneurs européen et entre dans le Top 10 mondial en 2019 (lire par ailleurs).

WSL en chiffres

124 start-up
107 millions d’euros - chiffre d’affaire cumulé des sociétés incubées
43 millions d’euros - valeur ajoutée des sociétés incubées
85 % taux de survie après 5 ans des entreprises suivies par WSL
11 % taux de création annuel d’emplois par les entreprises suivies par WSL
866 emplois directs


Techno, services et RH
« Chaque entreprise que nous soutenons représente une aventure différente et compliquée à sa façon. Il faut tenir compte de l’humain, des egos, d’intérêts que nous ne connaissons pas toujours de part et d’autre. Mais ce qui est gai et nous fait avancer, c’est l’idée d’être utiles à plein de moments, à plein d’endroits, grâce à une équipe interne de spécialistes réactifs et capables de travailler de manière transversale. Nous savons que rien n’est jamais acquis et que nous devons être attentifs à tout. Nous avons horreur de la zone de confort », insiste la directrice en renvoyant à la signification de WSL : « Will Stretch your Limits ».

WSL parmi les plus performants
Déjà primé en 2018, WSL s’est classé sixième dans le top 10 des incubateurs publics les plus performants au monde en 2019, lors d’une étude menée par l’association internationale suédoise UBI Global. Une belle reconnaissance pour WSL qui se retrouve aux côtés de « poids lourds » logés dans de grandes villes comme Baltimore, Turin ou Pékin.

Au niveau européen, WSL est classé troisième. Outre les incubateurs publics, le classement d’UBI Global comprend plusieurs autres catégories, comme les incubateurs universitaires, les incubateurs privés, les projets hybrides ou différents types d’accélérateurs pour start-up. Parmi les critères qui ont fait la différence pour l’incubateur wallon, on retrouve le chiffre d’affaires généré chez ses start-up et le taux de rétention des sociétés en Wallonie.

« Nous sommes tout petits parmi beaucoup de grands, dans un classement qui tient compte de pas mal de critères, vingt et un en tout, souligne Agnès Flémal. Nous sommes particulièrement bons pour ce qui est de garder les talents, puisque tout le monde reste en Wallonie. Et le chiffre d’affaire généré par nos start up endéans les trois ans est significatif, tout comme l’impact de ces sociétés sur le PIB wallon, qui reste l’objectif fondamental de l’action de WSL. »

www.wsl.be

Trois générations de succès

WSL accueille généralement une septantaine de start-up et de scale-up, qui restent en moyenne entre trois et cinq ans. 2019 a été marquée par le rachat de deux « pépites » portées par l’incubateur wallon. Cefaly, qui avait connu une belle croissance ces dernières années, a été reprise par un fonds d’investissement américain, tandis que Smartnodes (qui était toujours dans l’incubateur) est passée dans le groupe français Lacroix. « Soutenir nos spin off, c’est aussi les aider à saisir une opportunité quand elle se présente », remarque Agnès Flémal. « Dans le cas de Smartnodes, le groupe Lacroix a acquis une compétence particulière en même temps qu’une équipe multilingue qui lui permettra de se développer dans le Nord et l’Allemagne. »

Des trois générations de projets encadrés par son incubateur, la directrice retient particulièrement :

• Aerospace Lab, qui comptait deux personnes il y a un an et demi et en emploie quarante aujourd’hui, après deux levées de fonds et une ‘série A’ en cours.

• Coretech, l’un des premiers projets, positionné aujourd’hui comme «intégrateur de technologies, services et stratégies permettant de réduire les factures énergétiques de ses clients professionnels ».

• Axinesis, spin-off de l’Université catholique de Louvain (UCL), qui travaille à l’amélioration de la récupération fonctionnelle des patients grâce à des technologies innovantes et accessibles, dédiées à la réadaptation des membres supérieurs des patients atteints de lésions cérébrales.

Financé par une ligne budgétaire « variable » de la Région wallonne, WSL est l’acteur-support des deep tech. « Nous n’acceptons que des projets ayant une technologie disruptive, menés par des gens qui ont une maîtrise technologique, précise Agnès Flémal. Le niveau d’exigence à l’entrée a été relevé, de sorte que le nombre de dossiers que nous accepterons chaque année tournera désormais autour d’une dizaine, contre une quinzaine auparavant. Mais nous en recevons toujours autant.»

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