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© AMB Ecosteryl

AMB Ecosteryl

  • Business
Hainaut  / Mons

Par Florence Thibaut

Une deuxième vie pour les déchets biomédicaux

Créé en 1947 à Jemappes, AMB Ecosteryl est devenue au fil des générations un leader mondial du traitement des déchets hospitaliers présent dans 60 pays. Mise face au Covid-19, la société décontamine aujourd’hui des masques à tour de bras.


A sa création, AMB (pour Ateliers Mécaniques du Borinage) se spécialise dans la conception et la production de machine d’extraction pour l’industrie minière. Suite au déclin de cette industrie, elle s’oriente, il y a une vingtaine d’années, vers la prise en charge de déchets médicaux : seringues, compresses, supports en plastique ou ustensiles de laboratoire que les hôpitaux peinent à traiter de manière écologique et économique. Le groupe familial conçoit alors une technologie de pointe pour recycler ces déchets longtemps incinérés ou traités par la méthode de l’autoclave, soit une technique onéreuse de stérilisation à la vapeur d’eau à très haute température sans réduction de déchets.

« Notre approche est à la fois plus durable et moins onéreuse, introduit Olivier Dufrasne, président d’AMB Ecosteryl, aux commandes de la PME aux côtés de son frère Romain. Les déchets traités par nos machines sont tout d’abord broyés afin de réduire leur volume de 80 %, vient ensuite le principe du micro-ondes permettant une décontamination des bactéries grâce à une température de 100 degrés durant une période d’une heure, ce qui tue les virus les plus résistants. Le recours à une chaleur sèche permet d’éviter le traitement d’eau contaminée. Grâce à ce procédé certifié par l’Institut Pasteur à Paris, des déchets médicaux particulièrement dangereux deviennent inoffensifs et sont assimilables à des déchets ménagers. »

Une méthode de tri optique

Depuis la réorientation de ses activités, le groupe familial, qui emploie aujourd’hui une quarantaine de collaborateurs, a installé chez ses clients quelque 170 machines – dont la première à Lille il y a 17 ans – qui ont traité des centaines de millions de kilos de déchets à travers une soixantaine de pays. Parmi ceux-ci, la Chine, la Malaisie, les Philippines, le Kenya ou la Colombie. « Nos marchés principaux sont ceux où les normes environnementales sont plus avancées, indique Olivier Dufrasne. Nos clients sont pour la plupart des entreprises environnementales actives dans la gestion des eaux usées et des déchets, mais également des hôpitaux et des établissements de santé, ainsi que des laboratoires. »

Etape clé dans le développement de l’entreprise, la mise au point, il y a deux ans, de Neo-Ecosteryl, un système breveté de recyclage des déchets récoltés. « Grâce à une méthode de tri optique, les composants et objets en plastique – en particulier ceux en polyéthylène et polypropylène – collectés par nos machines peuvent être triés, transformés et revendus, ce qui limite le gaspillage et valorise ces déchets. »

Selon la taille et le type de machines qui valent entre 300.000 et 1.000.000 d’euros, des volumes de 75 à 500 kilos de déchets peuvent être traités chaque heure, ce qui peut représenter jusqu’à 2.000 tonnes par an. Entièrement mécaniques, ces systèmes, installables en une douzaine de jours (dont deux jours d’installation physique et dix jours de formation), ne demandent pas d’entretien particulier. « Notre première machine tourne encore 24 heures sur 24, affirme Olivier Dufrasne qui ajoute : « Nous ne nous reposons pas sur nos lauriers mais nous continuons à investir massivement en R&D pour continuer à grandir. Nous voulons conquérir le monde de manière bienveillante. »

Le Covid, vecteur d’innovation

Monté à bord d’un projet piloté par le CHU de Liège sur appel du gouvernement wallon, l’entreprise apporte depuis le début de la crise sanitaire son expertise de la décontamination pour répondre à la pénurie généralisée de masques. « Depuis le mois de mars, nous faisons partie d’un groupe de travail de la Région wallonne aux côtés d’autres entreprises industrielles, de centres de recherches et d’acteurs publics, explique encore Olivier Dufrasne. Comme partout, il faut plus de masques pour plus de personnes. Réutiliser ce qu’on peut dans ce contexte de crise est déterminant. Notre capacité est de 1.400 masques de catégorie FFP2 par jour. »

Autre impact de cette crise sanitaire sans précédent, une importante hausse de la demande en provenance de tous les continents. « L’intérêt pour nos solutions ne fait qu’augmenter. C’est une crise mondiale qui repose urgemment la question du traitement adéquat des déchets dans chaque pays. Ce type de période force la réflexion. Différents ministères de la santé s’intéressent en ce moment à des technologies qui, comme les nôtres, sont faciles à installer puisqu’elles ne nécessitent que de l’électricité. Elles apportent une solution immédiate. »

Pour faire face à cette situation inédite, tous les membres de l’équipe sont sur le pont. « Nous ne travaillons que sur des projets d’urgence. Les autres sont mis au frigo. C’est un moment très particulier pour nous tous. Nous voulons être une société refuge, fiable, qui apporte des solutions et est reconnue pour cela. »

www.ecosteryl.com

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