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© Coris BioConcept
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Coris BioConcept

  • Business
Namur  / Gembloux

Par Florence Thibaut

détecte les maladies infectieuses

Etablie à Gembloux, Coris BioConcept conçoit des tests de diagnostic médicaux simples et rapides pour des pathologies respiratoires et gastro-entériques. La PME a été mobilisée pour trouver une manière de détecter le Covid-19.


Coris BioConcept a été fondée à l’automne 1996 par une poignée d’investisseurs et de biologistes, dont Thierry Leclipteux, directeur scientifique de la société durant plusieurs années avant d’endosser le rôle de CEO. Titulaire d’un doctorat en biologie de l’Université de Namur, il passe quelques années à l’Institut National des Radioéléments avant de rejoindre une organisation spécialisée dans les tests vétérinaires, puis de fonder sa propre société installée au départ dans sa maison familiale. « Nous avons commencé à petite échelle. Notre mise de départ n’était que de quelques milliers d’euros. Les premiers kits étaient emballés dans ma cuisine », se rappelle-t-il.

La petite société prenant de l’ampleur, elle déménage dans le Parc scientifique Créalys à Gembloux. A l’été 1997, elle sort son premier test sur le marché, le Rota-Strip, qui permet de détecter le Rotavirus, un virus pouvant causer des gastro-entérites graves en particulier chez les jeunes enfants. La gamme grandit avec les années. « Les tournants dans l’histoire de notre société suivent ses avancées scientifiques. » Ainsi, l’an 2000 marque le recrutement du premier employé, une étape symbolique. C’est aussi l’année de son expansion à l’international. Après s’être intéressé au Brésil, au Chili ou à l’Espagne au tournant du millénaire, Coris BioConcept se lance sur une douzaine de nouveaux marchés dans la foulée, dont l’Egypte, le Vietnam et l’Argentine. La PME commence également à faire parler d’elle. En 2002, elle est lauréate du Grand Prix à l’Exportation et en 2004 du Prix Wallonie à l’exportation. Elle décroche celui de Best PME en 2005 et son CEO est élu Namurois de l’année en 2006.

« Le développement d’un test de diagnostic prend beaucoup de temps. Cela nécessite d’être en étroit contact avec des universités et des laboratoires. Etablir un tel réseau se construit avec les années. »

 

85 % du chiffre d’affaires à l’étranger

Coris BioConcept emploie aujourd’hui trente-cinq collaborateurs, dont douze alloués au département Recherche & Développement à l’origine de tous les produits développés et de technologies brevetées, comme le « Gravity driven test » qui permet une migration des liquides par gravité pour des tests d’urine. A la base des activités, ce département dispose d’un budget de 30 % du chiffre d’affaires. « Le développement d’un test de diagnostic prend beaucoup de temps, poursuit Thierry Leclipteux. Cela nécessite d’être en étroit contact avec des universités et des laboratoires. Etablir un tel réseau se construit avec les années. »

La PME distribue aujourd’hui ses produits dans une soixantaine de pays, ses clients étant essentiellement des professionnels de la santé (laboratoire privés et publics). « Environ 85 % de notre chiffre d’affaires se fait à l’étranger, principalement en Espagne, au Chili, en Irlande, en France, Italie, Japon, Afrique du Sud et Colombie, même si la Belgique reste un marché important. Notre présence couvre presque le monde entier. »

Ces dix dernières années, l’entreprise s’est notamment intéressée aux entérobactéries qui résistent aux antibiotiques. Après des années de recherche, elle a lancé en 2015 la gamme « Resist » qui répond à un besoin non couvert par les laboratoires de microbiologie clinique. « Ces tests nous ont permis d’accroitre notre notoriété et d’être reconnu comme un acteur important dans le domaine du diagnostic des résistances aux antibiotiques. C’est une gamme qui fonctionne très bien », se réjouit le CEO qui travaille en ce moment sur des technologies alternatives dans le domaine de la biologie moléculaire pouvant potentiellement changer les méthodes de diagnostic actuelles.

Le Covid-19 en 15 minutes

Après la crise du SARS en 2003, puis l’épidémie de grippe en 2009, Coris BioConcept a dû faire face au printemps à l’afflux massif de demande de kits pour détecter le Covid-19. Pour y répondre, ses équipes ont développé un système pouvant permettre un dépistage à large échelle en collaboration avec différents partenaires scientifiques internationaux, dont le Laboratoire Hospitalier Universitaire de Bruxelles et le laboratoire du Centre Hospitalier de l’Université de Liège. Fin avril, quand nous avons interrogé Thierry Leclipteux, la PME gembloutoise avait la capacité de produire 240.000 tests par semaine.

Comment vos activités ont-elles été impactées par la crise sanitaire ?

Nous sommes en pleine épidémie. En tant que société de diagnostic, nous avons un important rôle à jouer. Nous avons rapidement été mobilisés pour trouver une manière de détecter le virus. A l’époque de l’épidémie du SARS, nous avions développé des réactifs dans le cadre d’un projet européen. Ils sont restés au congélateur toutes ces années. Nous en avons repris une partie pour créer le test actuel. Nous avons notamment travaillé avec un laboratoire allemand pour le mettre au point. La qualité de ce type de tests est liée à la qualité des réactifs. Les nôtres étaient déjà testés et étaient de très haute qualité. La vitesse est clairement un des facteurs décisifs dans la lutte contre la pandémie. La demande est énorme et mondiale…

Fin avril, la PME gembloutoise avait déjà la capacité de produire 240.000 tests par semaine.


Comment vos équipes se sont-elles organisées ?

Notre production tourne à plein régime et nos équipes travaillent en moyenne de 6h30 à 19h. Beaucoup de samedis y passent aussi. Grippes, bronchites ou gastro-entérites ne s’arrêtant malheureusement pas, nous devons poursuivre la production de nos autres tests de détection de maladies infectieuses. Nous avons formé des équipes back-up issues de la R&D pour soutenir la production. Comme nous sommes certifiés ISO 13485 – une certification qui permet de vendre des tests sur les marchés européen et mondial –, nous ne pouvons pas recruter facilement. Les exigences de formation sont trop élevées, ce n’est pas le moment. Nos compétences techniques sont si spécifiques qu’il faut en général plus de six mois à une nouvelle recrue pour être opérationnelle.

Comment fonctionne le kit de détection du Covid-19 ?

Il s’agit de tests antigéniques, c’est-à-dire qu’ils sont capables de détecter des antigènes viraux. Dans la pratique, il s’agit de prélever un échantillon naso-pharyngé sur une tigette qui est ensuite plongée dans une solution liquide. Au niveau des composants, trois réactifs sont impliqués : deux réactifs biologiques responsables de l’identification du virus et un réactif chimique qui facilite la détection. En quinze minutes, la couleur de la tigette indique si la personne est positive ou non. N’importe qui peut interpréter ces résultats. Vu la contagiosité du virus, ces tests doivent, cependant, être réalisés en laboratoire. Le cadre doit être très sécurisé.

www.corisbio.com

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