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Par Christian Sonon
du bois au gaz propre
Fin décembre 2019, Xylowatt s’est vu octroyer le label « Efficient Solutions » pour sa technologie de gazéification, le Notar®. Une juste reconnaissance pour cette start-up néolouvaniste qui produit de l’énergie verte à partir de résidus de bois. Et qui s’exporte jusqu’au Japon.
©GCO
Décerné par la Fondation Solar Impulse – du nom de l’avion solaire avec lequel Bertrand Piccard et André Borschberg ont réalisé un tour du monde en 2015-2016 –, le label « Efficient Solutions » certifie les solutions écologiques qui permettent de générer des profits et créer de l’emploi, tout en réduisant les émissions polluantes et en préservant les ressources naturelles. En développant et en mettant au point le Notar®, Xylowatt s’inscrit bien dans cet esprit puisque cette technologie innovante permet la production d’un gaz de synthèse propre à partir de la gazéification de la biomasse de bois naturel (copeaux, branchages…) et recyclé (vieilles palettes, caisses…). Associé à un moteur de cogénération, ce gaz peut ainsi produire de l’électricité, de la chaleur et du froid.
« L’industrie de l’énergie renouvelable est au devant de l’actualité depuis de nombreuses années, explique Geoffroy Corbisier, le Business Development Manager de Xylowatt. Les panneaux photovoltaïques et l’éolien sont aujourd’hui des technologies abouties qui évoluent à leur vitesse de croisière mais qui ne peuvent produire de l’énergie que de façon temporaire, pendant la journée pour la première et quand il y a du vent pour la deuxième, ce qui pose de gros problèmes de stockage. En revanche, notre technique de gazéification s’appuie sur des processus qui fonctionnent 24 heures sur 24 parce qu’ils sont alimentés par la biomasse locale qui peut être stockée en fonction de la demande. Ce qui intéresse très fort des groupes ou des collectivités où le personnel travaille jour et nuit, comme le CHU UCL Namur pour lequel nous avons installé, en 2017, sur le site de Mont-Godinne, une unité de gazéification permettant à l’hôpital de couvrir une bonne partie de ses besoins en électricité, chauffage et réfrigération. »
Une spin off de l’UCL
Spin off de l’UCL, mise sur rails en 2001 par d’anciens chercheurs de l’université travaillant au développement d’une technologie innovante de conversion de la biomasse, Xylowatt a été reconnue internationalement en 2007 quand son réacteur Notar®, qui permet de produire un gaz de très haute qualité dépourvu de goudron, a été mis au point après deux années d’intenses recherches. « Nous ne sommes pas les seuls à produire du gaz propre, précise le responsable. Il existe, dans différents pays comme l’Allemagne et l’Italie, des entreprises qui conçoivent de petites unités d’une puissance de 50 ou 100kW électrique, et il en existe d’autres qui se sont spécialisées dans la conception de très grosses unités de traitement de gaz à l’intention des grandes industries, mais nous sommes une des seules au monde à travailler avec des unités compactes dans une gamme de puissance intermédiaire, c’est-à-dire allant de 750 à 3.000kWe ».
« Notre technique de gazéification s’appuie sur des processus qui fonctionnent 24 heures sur 24 parce qu’ils sont alimentés par la biomasse locale qui peut être stockée en fonction de la demande. »
C’est donc à partir de cette date historique pour la société que Xylowatt a pu véritablement se positionner sur le marché en tant que concepteur et installateur de centrales de cogénération alimentées par du combustible bois. En 2009, la piscine communale de Tournai fut la première à bénéficier des avantages de la technologie Notar®. Dans la foulée, afin de poursuivre ses activités de recherche, l’entreprise fit construire une usine pilote à l’Institut de mécanique de l’UCL, puis ce fut au tour d’un fabricant de bouteilles en Champagne – où le gaz n’alimente pas un moteur de cogénération mais directement un four verrier – et de l’hôpital de Mont-Godinne. D’autres unités ont également été installées en Belgique et en Angleterre mais, aujourd’hui, alors que la société doit faire face à la chute du prix du gaz, ses équipes travaillent sur la finalisation de projets de centrales dans les Balkans, ainsi qu’au Japon où, depuis l’accident de Fukushima, une politique très volontariste de développement d’énergie renouvelable a été mise en place.
Un partenariat avec le groupe John Cockerill
« Ce ne sont pas des projets que l’on fournit clé sur porte. Chaque unité doit être étudiée en fonction des besoins spécifiques de nos clients, c’est pourquoi ils nécessitent deux à trois ans de développement. C’est dans cette optique que le groupe CMI (« John Cockerill », ndlr), est devenu notre partenaire industriel et l’un de nos actionnaires en 2014. Jusque là, nos unités étaient construites en interne, dans nos ateliers, mais depuis lors nous sous-traitons avec des entreprises belges et étrangères spécialisées, tandis que CMI, dont les capacités d’ingénierie nous sont très précieuses, prend en charge la coordination de l’assemblage. Pour nos projets au Japon, le contexte est quelque peu différent puisque les pièces seront fabriquées en Europe et assemblées dans ce pays. »
L’avenir ? Si les perspectives en matière d’énergies alternatives et de développement renouvelable sont toujours très favorables à des entreprises comme Xylowatt, qui emploie actuellement plus de vingt personnes, Geoffroy Corbisier sent bien que l’actualité liée au coronavirus va inévitablement faire pencher les préoccupations vers le domaine de la santé publique. « Va-t-on voir certaines entreprises se désengager pendant quelques temps vis-à-vis de l’environnement et du climat ? J’espère en tout cas que les milliards qui sont en train d’être injectés dans l’économie vont pouvoir la rebooster vers une économie durable qui associe le bien-être et l’environnement. »