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Au coeur de Mons bat le MICX

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Hainaut  / Mons

Par Gilles Bechet

Le nouveau centre de congrès est une passerelle entre l’ancienne et la nouvelle ville. S’élevant à côté de la nouvelle gare, il offre un outil polyvalent pour faire rayonner la cité au-delà de ses frontières.

Le tourisme d’affaires est devenu pour bien des villes un enjeu important, générateur d’activités. L’arrivée d’un grand nombre de congressistes dans un même lieu est une opportunité pour leur faire découvrir une ville, une région et, ainsi, participer au développement de l’économie. Des perspectives qui n’ont pas échappé à Nicolas Martin, alors bourgmestre faisant fonction, lorsqu’il a émis l’idée d’implanter un centre de congrès dans la cité du Doudou, juste à côté de la gare imaginée par Santiago Calatrava. L’appel à projets international lancé par la ville a suscité les candidatures d’une dizaine de bureaux d’architecture parmi lesquels le jury, unanime, a choisi le bâtiment proposé par Daniel Libeskind. Le projet du New-Yorkais a séduit par son approche esthétique et par son intégration au paysage.

Un package  attractif

C’est le groupe belge Artexis Benelux, organisateur de salons et gestionnaire de centres de congrès à Gand, Anvers et Namur, qui pilote ce nouveau projet baptisé MICX pour « Mons International Congress Xperience ». Une ville tournée vers le futur se doit de disposer de son centre de congrès. La course est donc lancée. Pour séduire, il s’agira de proposer des packages attractifs avec des services bien pensés. « Un congressiste, c’est comme un enfant que vous tenez par la main. On va le chercher à l’aéroport et on l’encadre dans toutes ses activités, dans le centre de congrès comme ailleurs, lorsqu’il a envie d’acheter ou de visiter. Si on réussit bien, on a de bonnes chances pour qu’il revienne en famille », avance Joe Van Damme, Sales executive. L’objectif est donc clairement international. Artexis travaille en partenariat avec la Ville de Mons et la Province du Hainaut pour proposer aux congressistes une offre complète. Un bureau spécialisé a été engagé pour prospecter à l’étranger et assurer à Mons une visibilité aux grands salons du secteur MICE*. Pour des congressistes, la taille de la ville, loin d’être un handicap, est au contraire un avantage. « Les gens cherchent à fuir les capitales engorgées où il est de plus en plus difficile de circuler et de trouver des espaces disponibles. » La présence de Kate et William au cimetière de Saint-Symphorien le 4 août dernier à l’occasion de centenaire de la Grande Guerre a montré qu’avec un événement d’envergure, on peut aisément placer Mons sur la carte du monde. Gageons que l’ambitieux programme de Mons 2015 renforcera encore son aura internationale. L’emplacement du MICX, à l’intersection de la vieille ville et du site des Grands Prés, où l’on trouve un campus universitaire et bon nombre d’entreprises novatrices tournées vers l’étranger, devrait lui assurer une ouverture supplémentaire.

De multiples fonctionnalités

Le bâtiment qui aura été inauguré le 11 janvier 2015, sera à la mesure d’une ville de 95 000 habitants, de taille humaine sans gigantisme déplacé. « Exceptionnel par son geste architectural, c’est un bâtiment facile à gérer. Il ne sera pas disproportionné. Nous visons plutôt des groupes autour de 800 personnes pour deux ou trois jours d’occupation », précise Henry Goffin, Venue Manager. Plus qu’un lieu de congrès, ses concepteurs ont voulu en faire un lieu de rencontres avec de multiples fonctionnalités. Le MICX pourra aussi accueillir des présentations de produits ou des événements comme le projet développé avec la Ville de Mons d’organiser en 2016 une rencontre internationale de cartoonistes. La distribution des espaces et les équipements techniques très pointus en font un outil performant. L’acoustique particulièrement étudiée des trois auditoriums permettra à tout orateur de se faire entendre sans micro. Il est à noter que les infrastructures ne sont pas prévues pour accueillir des concerts ou des spectacles nécessitant une régie. Ce qui ne devrait pas gêner grand monde tant la ville dispose de salles adaptées aux concerts avec le Centre des arts scéniques, le Manège, le Lotto Mons Expo ou encore le Carré des Arts.

Symbiose

En présentant son projet, Daniel Libeskind a assez peu parlé d’architecture. Il a parlé de nature et de poésie, du vent, de feuilles et d’arbres. « C’est un bâtiment né d’un échange avec le paysage. Il crée des connections entre la ville ancienne, son beffroi, et le nouveau quartier des Grands Prés. Ses courbes répondent à celles de la rivière », précise Pascal Daspremont, fondateur du bureau d’architecture H2a, maître d’oeuvre local du MICX. « C’est une double spirale qui part du sol et se termine par la pointe dirigée sur le beffroi. Comme une fleur qui naît du sol montois pour pointer le ciel. » Cette symbiose avec les éléments naturels est renforcée par les revêtements de façade en bois et par la spirale du toit couverte d’éléments métalliques couleur champagne. C’est via le parvis de la gare que l’on pénètre dans le bâtiment par un hall très lumineux. « On voulait un espace d’accueil ouvert sur les Grands Prés sans avoir une façade opaque qui crée une barrière. » Depuis le grand hall, on accède à l’étage par un grand escalier en béton paré de pierre bleue. À l’extérieur, un grand escalier en bois permettra au public hennuyer et autre d’accéder à la terrasse et son jardin avec, depuis la pointe, une vue imprenable sur le beffroi.

« Tout au long de l’élaboration, du projet, la perspective environnementale a été une priorité, dans le choix des techniques, des matériaux et dans la distribution des espaces. »


Conçu non pas sur plan, mais directement en 3D, l’espace intérieur dégage une impression de fluidité et de douceur. Aucun mur n’est vertical ni rectiligne. « On a des diagonales qui s’emboîtent les unes dans les autres pour créer des espaces dynamiques. » Techniquement, le défi était de taille pour les ouvriers qui devaient dresser leurs coffrages sans points de repère. « Les entreprises n’ont pas trop l’habitude de travailler sans plan. Si on fait une coupe à 2 mètres, elle ne se superposera pas identiquement à celle faite à un mètre. »

Proche de la nature, le bâtiment l’est aussi dans sa conception aussi durable que possible. Le MICX est d’ailleurs le premier bâtiment public à bénéficier d’une certification Valideo. « Tout au long de l’élaboration du projet, la perspective environnementale a été une priorité, dans le choix des techniques, des matériaux et dans la distribution des espaces. » Ainsi, le bois, du robinier, est le seul bois européen durable adapté à l’extérieur sans nécessiter de traitement. Le béton est produit dans la région, tout comme la pierre bleue, et les éléments métalliques sont en aluminium recyclable. Les ouvertures des fenêtres ont été calibrées et positionnées pour assurer un maximum de lumière et minimiser l’apport de chaleur. Pour ce qui est de l’énergie de chauffage, l’occupation très irrégulière des espaces de location ne permet pas d’en faire un bâtiment entièrement passif, même si les zones administratives s’en rapprochent avec un système de récupéra-tion des eaux. Et dans trois ans, les pompes à chaleur devraient être raccordées à un réseau d’approvisionnement par énergie géothermique.

H2A EN TROIS RÉALISATIONS

Le centre de formation du forem Initialis
MONS
Implanté le long de l’autoroute, ce bâtiment offre une grande visibilité et combine deux volumes pour deux fonctions. 1 800m² de salles de cours, ateliers et 1 000 m² de locaux administratifs. « La vocation didactique et expérimentale s’exprime dans l’architecture et dans les systèmes énergétiques qui y sont intégrés : rafraîchissement par le bassin, panneaux solaires dans la double peau, stockage énergétique sous les ateliers, récupération par pompes à chaleur, chauff age autonome des bureaux, etc. »

Le centre européen de distribution H&M
GHLIN-BAUDOUR
Les aménagements paysagers de ce complexe de 60 000 m² sont conçus de manière à offrir, tant aux riverains qu’aux employés du centre, des vues vers des espaces verts qui font généralement défaut dans un parc industriel.

Rénovation de la Cité du Midi
LA LOUVIÈRE
Après une importante étude menée en concertation avec les habitants, les architectes ont revu les circulations qui structurent le site et ont développé la perméabilité entre espaces publics et privatifs. Des remembrements ont été proposés afin de créer des espaces collectifs propices à la rencontre et aux jeux.


Une approche globale

Implanté à Mons depuis 1993, le bureau d’architecture H2a est tout sauf local. On y trouve, sur les chantiers et derrière les écrans d’ordinateur, des architectes qui, bien que formés pour la plupart aux facultés polytechniques de Mons, se partagent les nationalités belges, polonaises, ukrainiennes ou américaines. Une diversité qui leur a permis de travailler depuis sept ou huit ans avec des grandes sociétés internationales. « C’est un enrichissement permanent. Ça nous permet d’appréhender les choses de manière différente et d’apprendre de nouvelles techniques. On ne construit pas de la même manière en Europe et aux États Unis, par exemple », relève Pascal Daspremont, co-gérant. La philosophie du bureau se traduit par une approche globale où les aspects techniques et esthétiques sont pensés en même temps. À l’équipe de base d’architectes, ingénieurs ou architectes d’intérieur s’ajoutent différentes équipes de collaborateurs spécialisés dans les domaines de l’énergie, de l’acoustique ou de l’aménagement de territoire. « Dans le cas du MICX, par exemple, nous avons pensé très vite à la manière optimale d’évacuer rapidement 800 personnes. Si on ne le fait pas dès le départ, on risque de devoir ajouter un escalier de secours disgracieux sur la façade. » Séduit par leurs diverses réalisations, c’est Daniel Libeskind qui a sélectionné le bureau H2a pour travailler avec lui sur le MICX. « En apprenant la bonne nouvelle, on a un bref moment eu la crainte que travailler avec une star de l’architecture ne nous réduise au rôle de petites mains qui n’ont rien à dire. Mais ce ne fut pas du tout le cas. On a eu la chance de participer au projet dès les premières esquisses et Daniel Libeskind est quelqu’un de très généreux qui est toujours resté très à l’écoute. Pendant les phases les plus chaudes du chantier, on avait deux vidéo-conférences par semaine avec les États- Unis. Grâce au décalage horaire, c’était presque des journées de 24 heures. On faisait le point avec eux le soir et ils pouvaient y travailler dessus pendant que nous dormions ! »

* Meetings, Incentives, Conferencing and Exhibitions [retourner à lecture du texte]

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