Waw magazine

Waw magazine

Menu

Better street

Liège

Par Waw

La rue ouverte à tous...

L’application « BetterStreet » permet au citoyen, via son Smartphone, et à la commune, via une plateforme Internet, une gestion participative et plus transparente de l’espace public. Une évolution des mentalités et des comportements qui bouscule le train-train quotidien.

Ce serait complètement manquer l’objectif de son site « BetterStreet » qui vise avant tout à impliquer tout un chacun dans la gestion de l’espace public de sa commune. Tout est parti d’un réflexe citoyen et du développement des nouveaux outils de communication numérique. En se promenant dans les rues d’Anderlecht et de Bruxelles, Jean-Marc Poncelet n’a pu s’empêcher de prendre en photo les incivilités qu’il croisait sur son chemin pour les relayer sur les médias sociaux dans l’espoir de faire avancer les choses.

L’évidence de la simplicité

Ingénieur commercial de formation, Jean-Marc Poncelet cherchait de nouveaux défis après avoir notamment occupé pendant 10 ans un poste de marketing manager chez Belgacom Proximus. La participation à un « week-end » start-up à Liège lui donne le coup de pouce décisif pour concrétiser une idée qui avait l’évidence de la simplicité.

Grâce à l’application gratuite téléchargée sur son Smartphone (disponible sur App Store et Google play), développée et présentée dans le cadre de Nest’up, le citoyen peut signaler à son administration toute dégradation de l’espace public, qu’il s’agisse d’un nid de poule, d’une balançoire cassée, d’un panneau tombé ou d’un dépôt d’ordures clandestin. « Avant, lorsqu’on signalait par téléphone ce type d’incident à la commune, on n’était jamais certain que l’information parvienne à la bonne personne. Et lorsque c’était le cas, le service communal des travaux devait dépêcher une personne sur place pour localiser le problème et évaluer la réponse adéquate, ce qui était une grosse perte de temps. Entre le signalement et sa résolution, les poches d’inefficacité pouvaient être énormes. »

Avec « BetterStreet », toute notification s’accompagne d’une photo et de sa géolocalisation. Une fois introduite dans le système, l’information est communiquée à la personne compétente. À chaque étape, le citoyen est automatiquement tenu au courant de l’évolution du traitement de sa demande. À la commune, la plateforme offre un tableau de bord constamment mis à jour des travaux réalisés ou à réaliser. « L’objectif n’est évidemment pas de laisser au citoyen la conduite des travaux de manière anarchique, mais au contraire de permettre à la commune de gérer plus efficacement l’entretien de l’espace public, dans l’intérêt de tous. Et on constate que lorsqu’elles disposent de la bonne info, la plupart des communes bossent relativement bien et assez rapidement. »

Comme il en va de tout changement de mentalité et de méthode, Jean-Marc Poncelet a rencontré pas mal de réticences et reconnait avoir trouvé une oreille plus accueillante auprès de ceux qui ont fait le virage numérique. La grande crainte des communes les moins enthousiastes est d’être mises en défaut et de se voir submergées de demandes non fondées qu’elles n’arriveraient pasà suivre. Cependant, la présence d’un modérateur est prévue pour écarter du site les demandes inappropriées. Pas question de se servir de « BetterStreet » pour dénoncer la cabane de jardin du voisin ou des arbres qui feraient de l’ombre. « Mais de toute façon, assure son concepteur, 98 % des notifications qui arrivent sur la plateforme sont pertinentes et concernent des problèmes que la commune allait d’office devoir traiter. »

La grande crainte des communes les moins enthousiastes est d’être mises en défaut et de se voir submergées de demandes non fondées qu’elles n’arriveraient pas à suivre. Cependant, la présence d’un modérateur est prévue pour écarter du site les demandes inappropriées.

 

NEST’UP

Nest’up est une initiative qui vise à créer un cadre de réflexion, de travail et de développement à destination des tout jeunes entrepreneurs qui veulent transformer leur idée en entreprise. Bref, un accélérateur de start’up inspiré du modèle américain TechStars.

www.nestup.be

On a besoin des citoyens

Pour l’instant, quatre communes wallonnes – Waremme, La Hulpe, Crisnée et Olne – ont déjà intégré l’outil dans leur système de gestion des travaux.

À Waremme, c’est depuis le 1er mars que « BetterStreet » a été ouvert à la population. Dans un premier temps, la commune a formé le personnel et essuyé les plâtres en intégrant les travaux habituellement traités par le service des travaux. Dans une deuxième phase, l’administration y a ajouté la gestion des bâtiments publics. « Cet outil, précise Hervé Rigot, ancien échevin des travaux à Waremme, permet une relation directe avec le citoyen, ce qui est important à une époque où les gens ont de plus en plus envie de s’impliquer. » Les craintes quant à une surcharge de travail et à un maniement compliqué ont rapidement été balayées. « Une fois que le logiciel est paramétré, une dizaine de minutes suffisent à en maîtriser le fonctionnement. » La simplicité a fait de « BetterStreet » l’outil de gestion unique pour tous les travaux dans la commune, qu’ils soient décidés en interne ou suggérés par les citoyens. Et quand à la déferlante redoutée par certains, elle n’a pas eu lieu. « On n’a pas constaté d’accroissement des demandes. Ce sont en gros toujours les mêmes qui s’impliquent, poursuit l’ancien échevin. C’est juste l’outil qui a changé. » En affichant en temps réel un work flow de l’actualité des travaux, via le site de la commune, « BetterStreet » mise sur la transparence. « Nous avons une équipe de 35 ouvriers qui travaillent, mais ils ne peuvent être partout à la fois. Les citoyens peuvent voir à quel chantier ils sont affectés. Autre point positif, c’est un délai de réaction encore plus court. Surtout pour les dépôts clandestins d’immondices qui restent le fléau numéro un. Avant, on n’était pas nécessairement informé tout de suite. Dans ce domaine, on a besoin des citoyens, ils nous permettent de réagir plus rapidement. »

Simple et évident, le concept « BetterStreet » connait des variantes et des déclinaisons dans d’autres pays. « C’est souvent le cas des concepts conjoncturels liés à une évolution des mentalités et des technologies ; ils apparaissent au même moment à différents endroits. » Ce qui n’enlève pas à Jean- Marc Poncelet l’ambition d’aller voir au-delà de la Wallonie. Il pense à la Flandre bien sûr, mais aussi au nord de la France où il a déjà noué quelques contacts.

L’outil est sans doute appelé à évoluer avec ses utilisateurs. La mise en service assez récente ne permet pas encore de prendre beaucoup de recul. Il est certain qu’un des enjeux sera d’accroître l’implication des citoyens. Les communes concernées ont déjà prévu la possibilité d’accéder à la plateforme à partir d’un PC et les employés communaux ont pris l’habitude d’introduire dans le système informatique les notifications communiquées par téléphone. « C’est un système vertueux, conclut Jean-Marc Poncelet, la transparence est bénéfique pour la commune autant que pour le citoyen. Au plus large est la participation, au plus le système devient efficace. »

www.betterstreet.org

La Newsletter

Your opinion counts