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Par Musée de la photographie
Nouvelles expositions au Musée de la Photographie jusqu’au 19 janvier 2014
Marcel Mariën
Le Surréalisme belge, deuxième vague
Disparu en 1993, Marcel Mariën est un surréaliste, un vrai. Méconnu du grand public, il revit au Musée de la photographie le temps d’une expo (pratiquement) rétrospective jusqu’au 19 janvier 2014. Depuis qu’en 1937, brisant ses lunettes, il en rassemble les branches autour d’un seul verre créant L’introuvable, l’une de ses oeuvres les plus connues, Marcel Mariën aura exaucé en une très large part le voeu de son ami Paul Nougé, la tête pensante du surréalisme en Belgique, qui réclamait la création de « sentiments nouveaux ». Réalisant nombre de collages, de photographies, d’assemblages suscitant tour à tour le rire, le scandale, le plaisir ou l’émotion poétique, Mariën aura su tirer de l’image et de l’objet des possibilités jusque-là insoupçonnées.
Né à Anvers d’un père flamand et d’une mère wallonne (et vice-versa, précisait-il), Mariën développa dès ses premiers contacts avec René Magritte et le groupe surréaliste de Bruxelles une activité d’éditeur, de photographe, d’assemblagiste, de poète, de cinéaste et de collagiste, refusant délibérément de privilégier une discipline ou un matériau, seul comptant pour lui l’efficacité du propos, hors de toute préoccupation esthétique, de toute concession formelle.
Le passager clandestin
Témoignant de la vigueur de la seconde génération du surréalisme, Marcel Mariën en incarna durant plus de 50 ans la pérennité et en fut à la fois l’acteur et l’historien, le juge et le témoin à charge, le dynamiteur également, pourfendant les imposteurs et les usurpateurs. Ami intime de Nougé, dont il fit obstinément connaître les écrits et reconnaître le rôle capital, et de Magritte, prolongeant leur démarche et leur esprit, il se brouillera cependant avec le peintre en publiant le tract Grande Baisse confectionné en 1962 avec son complice Leo Dohmen.
En 1959, avec des moyens limités et le concours de bénévoles, Mariën réalise le seul film belge authentiquement surréaliste L’Imitation du cinéma, qui sera censuré en Belgique et interdit en France. Il séjournera ensuite aux États-Unis et en Chine communiste, dénonçant à son retour le caractère totalitaire du régime maoïste. Connaissant en 1967 sa première exposition personnelle à Bruxelles, la première d’une longue série, il poursuivra son activité au travers de la revue Les Lèvres nues fondée en 1954 et des éditions du même nom, éditant, outre ses propres créations, les textes essentiels du surréalisme en Belgique, en révélant toute la singularité.
Marcel Mariën est décédé il y a vingt ans, le 19 septembre 1993. Loin de se vouloir rétrospective, l’exposition du Musée de la Photographie abordera les diverses pratiques de Marcel Mariën, faisant la part belle aux photographies dont les plus anciennes sont demeurées long temps inconnues. L’exposition est accompagnée d’un ouvrage Marcel Mariën, Le passager clandestin, écrit par Xavier Canonne, directeur du Musée de la Photographie et commissaire de l’exposition, qui fut un intime de Marcel Mariën. L’ouvrage qui paraîtra aux Éditions Pandora à Anvers comportera 460 pages reprenant plus de 700 illustrations et sera disponible en deux versions, française et anglaise.
Michel Mazzoni
White Noise
D’origine française, Michel Mazzoni (1966) vit à Bruxelles. Il a suivi des études de colorimétrie et sensitométrie. Dans sa pratique artistique, à laquelle il se consacre depuis 2004, il a recours à la photographie, mais aussi quelquefois à l’installation vidéo. Son travail traite des méditations sur le temps et l’espace. Depuis 2008, il a publié trois ouvrages monographiques, White Noise est son quatrième. Son travail est régulièrement montré dans des biennales, foires d’art contemporain, centres d’art, galeries, en Belgique, en France, au Luxembourg et en Corée du Sud. Artiste enseignant, il intervient également en cycle supérieur de photographie à l’école de Condé Nancy en France.
« Michel Mazzoni travaille le temps mais aussi l’espace. Il voue une quête à l’imperceptible, à ce mouvement du temps que nous ne pouvons pas percevoir. Il s’attache aussi à l’indifférence, à l’abandon, aux zones laissées pour compte par l’homme qui, elles aussi, subissent insensiblement cette lente érosion. (…) Mazzoni fait sien un travail sur la lumière. Sous-exposition, surexposition se confrontent, se complètent, entament un dialogue qui n’a de cesse de perturber notre vision. Ces travaux sur la matière photographique sont évidemment volontaires, ils s’effectuent, selon les conditions, pendant la prise de vue et/ou pendant le travail de laboratoire, de scan de l’image. Ce travail sur la lumière semble venir dresser un infime voile entre le regardeur et l’objet photographique, instaurer une séparation et vient non pas occlure mais perturber ce sentiment océanique. (…) Peu à peu, de l’épaisseur du voile, des détails, des formes imperceptibles se précisent. L’observation s’affine et vient saisir ces formes, des dégradés se forment dans les traitements, a priori monochromes. (…) Certes Michel Mazzoni travaille sur la lumière mais aussi sur la densité des choses, une impression de pesanteur émane généralement de ses séries. (…) La texture photographiée prend la forme d’éther, le brouillard ou les nuages, par exemple…
L’une des interrogations posées par Michel Mazzoni, dans ces photographies, dans ces lieux, est donc la place de l’homme. (…) sa trace reste présente, par indices, résidus ou par l’architecture… Elle est signifiée par l’entropie elle-même, se piste par abandons successifs de lieux autrefois fréquentés par la présence humaine. » *
Il est représenté par la galerie anyspace à Bruxelles.
*Extraits du texte de Valéry Poulet : Michel Mazzoni : L'axiome de la pose B? pour performArt, août 2012.
Kodachrome
Des diapositives réinterprétées
Que reste-t-il du Kodachrome ? Une chanson de Paul Simon, des diapositives et des milliers de souvenirs pour celle qui fut la pellicule la plus vendue au monde. Le passé est désormais imposé mais aussi composé depuis que Kodak a définitivement décidé d’arrêter la production de la mythique pellicule en 2009.
Aujourd’hui, il ne reste plus que les réminiscences de ses couleurs saturées. Sa mort laisse des traces en obligeant les nostalgiques à singer son vieillissement si caractéristique avec Instagram®. Néanmoins, il nous reste le charme désuet de la projection où l’on s’invente une multitude d’histoires merveilleuses dans un monde qui ne semble pas le nôtre. Les couleurs délavées rincent notre esprit et renvoient aux yeux brillants de la découverte de ces films d’antan.
La diapositive conjugue l’époque fixée dans leur chimie à un autre temps, celui de leur représentation. Projection ou tirage, la dia est positive au propre comme au figuré. Elle ne se fige pas et se présente vierge à son support. Sur l’écran blanc, souvenirs et amnésies se perdent dans l’écho de leur temps. Sur le papier, elle s’abandonne à son support et s’égare, jaunit ou perdure avec lui. Dans tous les cas, la diapositive et le Kodachrome offrent au spectateur le loisir de son interprétation.
Cropping America
Le service Collection est tombé sous le charme de ce fonds anonyme constitué de Kodachromes pris par un couple de Belges ayant vécu sur la côte Est des États-Unis. Ces images prises entre 1949 et 1952 nous renvoient directement à l’époque où Jack Kerouac traversait le continent et rédigeait son célèbre On the Road. Nous sommes loin de la folie de Cassady et de Kerouac ainsi que de leur fulgurance éructant à chaque seconde mais davantage dans cette langueur et cette beauté mythique qu’ils chantent et admirent sans borne.
Pourtant, cette Amérique légendaire était loin de sauter aux yeux. Les sujets semblaient se perdre dans ce format carré comme si ce dernier tenait de l’impossible aux États-Unis. Compte tenu de la nature interprétative de la diapositive, nous avons pris le parti de recadrer ces images pour resserrer le propos et révéler son essence proprement cinématographique.
Cropping America offre un parcours en cinémascope de la côte Est où chacun projettera ses envies et ses fantasmes à une époque où Duke Ellington se déchaînait dans des improvisions Be-bop, où le Maccarthysme battait son plein, et où Marilyn Monroe effectuait ses premiers pas au cinéma…
Informations :
Av. Paul Pastur, 11 (GPS : Place des Essarts)B-6032 Charleroi (Mont-sur-Marchienne)
Tel. : +32 (0)71 43 58 10
www.museephoto.be