- Dossier
Par Waw
l’union fait la force
Comment financer un vignoble sans argent ? En créant une coopérative, pardi
© Joël Coupez
Les vendanges au vignoble du Bois des Dames à La Hulpe.
Vin de Liège, les pionniers
Créée en 2010 pour faire revivre la vigne à Liège, la coopérative Vin de Liège est avant tout un projet de réinsertion professionnelle. Pour financer ses activités, elle a rassemblé en plusieurs phases quelque 2.200 coopérateurs qui ont investi une ou plusieurs parts de 500 € dans le projet. Plusieurs fonds d’investissement wallons sont également de la partie pour environ 350.000 euros, notamment Noshaq et W.Alter. Outre l’évident relais qu’offrent les membres, ceux-ci sont également impliqués dans le travail à la vigne ou au chai, permettant à chacun de s’emparer du projet. En dix ans, Vin de Liège a finalement planté 16,5 hectares au nord de la Cité ardente, à Heure-le-Romain (Oupeye) et Eben-Emael (Bassenge). Troisième vignoble wallon et premier en variétés résistantes, la coopérative produit un peu plus de 100.000 bouteilles et est également certifiée bio depuis le début grâce au minutieux travail mené par Alec Bol et son équipe.
Son exemple a inspiré la coopérative Vin du Pays de Herve, créée en 2017, qui a vendangé pour la première fois en septembre dernier, en bio également.
Sirault, un vrai village viticole
La vie a véritablement changé dans ce petit village de l’entité de Saint-Ghislain depuis la création, en 2016, de la coopérative Le Vignoble de Sirault par un groupe de onze habitants. Présidée par le pharmacien Jean-Christophe Vanderelst, la structure a recruté 200 coopérateurs, chacun investissant 500 à 5.000 euros. Le second millésime du vignoble est sorti décembre 2020 et les 3.000 bouteilles produites ont été vendues en un clin d’œil.
Le vignoble se compose aujourd’hui de neuf parcelles de cépages résistants réparties dans le village, pour un total de trois hectares environ. Un chai a été construit en plein centre et chacun y apporte ses raisins au moment de la récolte. Un œnologue du Languedoc passe plusieurs fois par an pour superviser la production.
En plus de cuves inox et de quelques barriques, la coopérative a investi dans de magnifiques jarres en terre cuite qui assurent au vin un élevage d’une grande pureté. Le Muscaris est une vraie merveille. L’objectif est de doubler la production dès cette année, avec priorité aux effervescents et au cru « Le A part ».
Le Brabant wallon, terre de vignobles participatifs ?
La Jeune Province regorge de projets collaboratifs, le plus souvent sous forme d’asbl. Le premier est aussi le plus ancien : Villers-la-Vigne a en effet été planté en 1994 à l’initiative de Richard Kerner sur un terrain de la célèbre abbaye. Il est entretenu depuis 25 ans par une équipe de 300 bénévoles qui s’y retrouvent le week-end pour travailler dans la bonne humeur. En 2004, l’équipe remplace les cépages du début par du Regent en rouge et du Phoenix en blanc, le premier étant vinifié en « macération carbonique », comme le Beaujolais, par Christophe Waterkeyn. Le vignoble, désormais aussi en bio, est parrain ou jumelé avec le Poirier du Loup à Torgny, les deux vignobles de Rixensart et La Hulpe ou encore le Vignoble du Martinet à Charleroi.
A Rixensart, en 2007, à l’occasion de la fête annuelle de l’avenue des Combattants, l’idée de créer un vignoble émerge au sein du comité d’habitants de cette artère. L’asbl Vins de Genval voit le jour quatre ans plus tard grâce à la mise à disposition, par les édiles, d’un terrain de 14 ares à l’arrière de la villa du Beau-Site. Près de 650 pieds de Solaris ont été plantés sur cette parcelle – chaque cep étant parrainé par un habitant (15 euros/pied) –, ainsi que dans le jardin de plusieurs voisins. Un petit chai a été aménagé en 2015 et les rares bouteilles produites sont dégustées lors des fêtes locales.
Même ambiance dans la commune voisine, La Hulpe, où un groupe d’habitants coordonné par Xavier Ide a planté, en 2014, sur le terrain dit du Bois des Dames, 720 pieds de Johanniter, un résistant de plus en plus en vogue en Wallonie. Quelques centaines de bouteilles sont produites chaque année, uniquement disponibles aux manifestations du quartier. En 2018, 150 nouveaux pieds ont été plantés afin d’augmenter légèrement la production.
Lancée en 2017 dans la lignée du programme « Wavre en Transition », à l’initiative de Pablo Cremers et de quelques autres, l’asbl Les Pieds dans la Dyle cultive aujourd’hui plusieurs parcelles de vignes à Wavre et dans les environs. Sa philosophie : culture sans chimie, gestion de la végétation et de l’enherbement, vinification la plus naturelle possible, sans levures ni sulfites ajoutés. Et nul besoin d’investir pour collaborer au projet, une cotisation annuelle de 25 euros à l’asbl suffit. Peu de bouteilles sont encore produites, mais les débuts sont prometteurs.
©Marc Vanel
L’asbl Vins de Genval a planté près de 650 pieds de Solaris sur une parcelle de 14 ares.