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La terre, un capital indispensable

  • Dossier
Wallonie

Par Waw

Depuis une dizaine d’années, plusieurs fermiers wallons ont choisi de reconvertir tout ou partie de leurs terres en vignoble, espérant en tirer une plus grande rentabilité. Un avantage financier certain.


Des bovins au vin : Ry d’Argent

La première réalisation d’envergure fut la création du Domaine du Ry d’Argent, à Bovesse, où la famille Baele exploite grandes cultures et bovins laitiers depuis plusieurs générations. Souhaitant diversifier l’exploitation et s'inspirant de son voisin du Chenoy, Jean-François Baele décida, en 2005, de planter lui aussi des variétés résistantes aux maladies, tout en continuant l’exploitation agricole. Aujourd’hui, il dispose de 8 hectares de vignes en propre et de 5,5 hectares en partenariat avec d’autres. Il vend plus de 60.000 bouteilles par an aux couleurs du Ry d’Argent.

Pour répondre à une demande qui ne cesse de croitre, le vigneron achète également l’équivalent de dix hectares à d’autres viticulteurs belges. Son exemple en a inspiré d’autres.


Le Domaine du Chapitre à Nivelles 

Des asperges au vin : le Domaine des Hêtres

Située à Rosoux, dans une ancienne distillerie, la Ferme des Hêtres a été rachetée par la famille Goffin dans les années 1970 et est à présent exploitée par ses petits-fils Alexandre et Nicolas, qui reprendront l’affaire en 2022. Ici, on produit surtout des pommes, des poires, des cerises et des asperges sur 110 hectares.

Après que son père ait fait quelques essais avec des variétés de raisins résistantes sur 40 ares au début des années 2000, Nicolas Goffin a entamé en 2015 un programme de plantation de variétés classiques et investi dans des chais afin de pouvoir assurer toute la chaîne de production.

Vu le succès des asperges vertes de la ferme, le Muscat fut l’un des premiers cépages plantés, car ses vins offrent un accord parfait avec la célèbre plante. Du Chardonnay et trois Pinots ont suivi. L’activité vitivinicole du Domaine des Hêtres dispose à présent de 7,5 hectares de vignes sur cinq parcelles et est devenue une véritable priorité pour Nicolas et son épouse Delphine qui prévoient une expansion à 10 hectares en 2021-22. Un gîte est en cours d’aménagement et des circuits de promenades à l’étude.

Domaine du Chapitre : fini le Blanc-Bleu-Belge

A la Ferme du Chapitre, à Nivelles, Annie et Etienne Hautier ont élevé pendant 30 ans des bovins BBB avant de se limiter aux cultures céréalières. Séduit par certaines reconversions agricoles dans la région, le couple change encore de cap en 2013 et, sous l’impulsion de deux de leurs fils, Bertrand et Guillaume, décide de planter six hectares de cépages résistants à l’arrière de leur ferme. Grâce à une formation à Bordeaux, Bertrand Hautier tire vers le haut une production qui a significativement augmenté en qualité. Une seconde parcelle de Chardonnay et de Pinot noir est plantée ; c’est l’un des rares vignobles à avoir les deux familles de cépages.

Cette année, les deux frères s’apprêtent à reprendre officiellement l’exploitation et espèrent s’agrandir au rythme de deux ou trois hectares chaque année. Des travaux sont également en cours afin d’assurer un accueil optimal des visiteurs et, à terme, un accueil œnotouristique. La production approche ici aussi des 60.000 bouteilles réparties en une dizaine de vins : bulles, blanc, rosé, rouge…, parfois en mixant variétés classiques et résistantes. Près de la moitié des bouteilles sont vendues sur place.

Les blondes du Domaine Degavre

Ces exemples ont clairement inspiré l’un des fils de la famille Degavre, à Ostiches, près de Ath. Grandes cultures céréalières et pommes de terre fournissent ici les ressources de la famille qui élève aussi des « blondes d’Aquitaine », une race bovine réputée.

Préparant sa pension, Marc Degavre a vendu, en 2018, la moitié de l’exploitation à son fils Adrien. Maître-assistant en agronomie à la Haute École Condorcet à Ath, une école qui intègre la viticulture dans ses cours, Adrien Degavre a été en quelque sorte inspiré par ce qu’il entendait et planta des vignes en 2019, mais sur 2,2 hectares seulement, « pour voir ». Comme la ferme compte une centaine d’hectares, il y a une belle marge de progression…

Se disant peu convaincu par le goût des cépages résistants, Adrien a opté pour les cépages classiques, c’est-à-dire le Chardonnay et trois Pinots. Les premiers tests de vinification sont en cours. Nouvelles bulles en vue en 2021, sans doute.

Et aussi…

D’autres expériences de reconversion ou de diversification existent, notamment le vignoble La Garenne à Perwez, le domaine W à Saintes, les Coteaux des Avelines à Villers-la-Ville, le domaine de la Portelette à Lobbes et quelques autres… Dans un autre registre, à Warsage, au domaine des Marnières, Benoît Heggen combine culture de pommes et de raisins avec succès.

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