- Dossier
Par Gilles Bechet
Pour stimuler une mobilisation encore trop diffuse, face à l’urgence du redressement wallon, le Plan Ambition 2020 vise à rassembler les forces autour de quatre défis dont l’emploi et la formation constituent le socle.
«Il n’y aura pas de Plan Marshall ou de Plan Ambition 2020 sans résoudre les problèmes en amont, à savoir celui du recrutement de gens aux qualifications correspondantes aux besoins de l’économie. » C’est une des priorités qui a émergé de la réflexion menée par Marcel Miller dans le cadre du Plan Ambition 2020. Ce plan, qui émane de l’Union wallonne des Entreprises (UWE), l’Union des Classes Moyennes (UCM) et l’ensemble des Chambres de Commerce et d’Industrie de Wallonie, a pour ambition de préparer la Wallonie à assurer son développement économique en comptant essentiellement sur ses ressources propres. Chargé de plancher sur des propositions dans les domaines emploi, enseignement et formation, le Président d’Alstom Belgium a poursuivi la réflexion amorcée au sein d’Agoria Wallonie. Alors que de nombreuses filières techniques peinent désespérément à attirer des candidats, on trouve un grand nombre de demandeurs d’emploi au profil apparemment adéquat. Le paradoxe n’est qu’apparent, car il y a souvent un monde entre le profil affiché et les compétences réellement acquises. « Il est indispensable d’améliorer le dialogue entre le monde de l’entreprise et celui du recrutement. Nous possédons de nombreux organes de formation professionnelle de qualité. La grande difficulté, c’est d’y amener tous les gens qui ont envie de travailler. Je crois qu’on a l’obligation et le droit de “screener” une population cible qui pourrait bénéficier d’un accompagnement plus précis. » Marcel Miller pense plus particulièrement aux personnes qui viennent de perdre leur emploi et qu’il n’est pas question de lâcher, mais aussi aux jeunes à qui l’on devrait faciliter l’accès au marché de l’emploi.
Une autre manière de parler aux jeunes
En matière de formation, il plaide pour un fonctionnement en alternance telle qu’on le pratique avec succès en France et en Allemagne. « Il y a toute une catégorie de jeunes qui se sentent mieux dans un milieu de travail plutôt que dans celui des études. » Une expérience pilote a été menée avec une formation destinée aux détenteurs d’un bac professionnel. Pendant deux ans, ils suivent un master partagé à parts égales entre l’entreprise et les cours académiques. Pour cette première expérience menée en collaboration avec des instituts supérieurs, le choix s’est porté sur quatre filières : le facility management, la gestion de production, la construction et le biomédical. « On n’est pas en concurrence avec les filières traditionnelles, c’est une autre manière pour le monde de l’entreprise de parler aux jeunes pour mieux les motiver. »
Différentes entreprises comme Audi, Fabricom ou GSK ont lancé, de leur propre initiative, des programmes de formation. Marcel Miller aimerait que, dans le cadre du Plan Ambition 2020, elles puissent s’étendre à d’autres filières et à d’autres niveaux de formation à la fin du secondaire et surtout être « diplômantes ». « Cela pourrait être perçu par certains comme une révolution. Qu’ils se rassurent, on ne veut pas privatiser la formation, mais plutôt amener des jeunes vers des filières en pénurie. Maintenant que les expériences ont été menées par le monde de l’entreprise, c’est aux politiques et au monde de l’enseignement de reprendre la main. »
En continuant de remonter vers la source, on en arrive à l’orientation, moment décisif qui laisse Marcel Miller perplexe. « Il est navrant de constater que des filières de formation pour des métiers en pénurie doivent fermer par manque d’élèves alors que d’autres, sans réelles perspectives, rencontrent un franc succès et bénéficient des subsides correspondant. » Il préconise de soutenir les filières de métiers en pénurie même s’il reconnaît ne pas avoir de solution miracle. Pourquoi pas une sorte de bonus-malus distribué en fonction des besoins sur le marché de l’emploi ? « Ce sont des choses que les gens n’ont pas trop envie d’entendre. »
Les 30 propositions présentées sous la coupole d’Ambition 2020 ne sont qu’un début. Le monde de l’entreprise a compris qu’il ne peut plus se contenter de donner des leçons, il faut passer à l’action et établir des partenariats entre les mondes patronal, syndical et celui de la formation. Sans attendre 2020. « Je ne pense pas que les choses peuvent se régler par la contrainte, il faut stimuler la motivation. Avec le papy-boom qui s’annonce, les jeunes ont pourtant toutes les raisons d’aborder l’avenir avec optimisme. Des opportunités inespérées s’ouvrent à eux. Pour ceux qui sont motivés et formés. »
Bord de piste
Pendant trois jours, le vrombissement des bolides ne troublera pas la concentration des compétiteurs ni la curiosité des 40 000 à 60 000 visiteurs qui se presseront aux abords du mythique circuit ardennais. Le choix de Spa-Francorchamps s’est imposé naturellement. Aucune autre infrastructure wallonne ne pouvait combiner 40 000 m² de surface d’exposition et une capacité hôtelière de 2 000 chambres dans ses environs directs. Salles de presse, espaces de rencontres et de conférence, toutes les installations du site seront mises à contribution. Les peintres et les voiristes s’installeront sur les parkings, les fleuristes dans les garages, les stylistes dans les salles de réception et des démonstrationsmétiers prendront place sur la vaste terrasse du Pit building.
« Le circuit tourne à plein rendement, confirme Pierre-Alain- Thibaut, Directeur général, et depuis deux ou trois ans, nous avons fait le choix de nous positionner comme centre de congrès et de séminaires. » Présent aux grands salons du secteur MICE (Meeting Incentive, Conferences and Exhibitions), les responsables du circuit rencontrent de nombreux clients internationaux séduits par les atouts du site. Aussi vastes que soient les espaces, la présence du grand circuit de compétition avec la possibilité de faire son baptême de piste sur le bitume qui accueille les Schumacher, Button et Alonso doit en titiller plus d’un. « En saison, les possibilités sont très nombreuses et, en hiver, cela s’étend au week-end. »
Implanté sur le site même du circuit, le Campus automobile offre d’autres pistes de synergie en matière de formation. Issu d’un partenariat entre Forem Formation, l’Université de Liège, l’Institut für Kraftfahrwesen Aachen (IKA) et Agoria, le campus propose des sessions de formation aussi bien aux ingénieurs et techniciens confirmés qu’aux débutants. C’est aussi sur le circuit que la jeune entreprise Green Propulsion a testé et présenté au public son Imperia GP, bolide racé au moteur hybride. La présence d’un incubateur d’entreprises et du zoning de Blanchimont complètent l’offre qui fait de Spa-Francorchamps un pôle de développement unique pour le secteur automobile. Et c’est bien plus qu’un moteur d’avance.