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DOMAINE DE SENEFFE - Le XVIIIe, comme si vous y étiez

  • Patrimoine
Hainaut

Par Christian Sonon

L’immersion dans le Siècle des Lumières est totale au Domaine de Seneffe. Les jardins incitent au rêve et la collection d’orfèvrerie redonne vie à chaque pièce du château.

D’une superficie de 22 ha, le parc du domaine fait partie du Patrimoine majeur naturel de la Wallonie. Son accès n’en est pas moins gratuit. Les promeneurs peuvent librement déambuler dans les allées du jardin des trois terrasses ou s’allonger sur la pelouse du grand parterre, bercés par les bruissements de l’eau du grand bassin. Ils seront surpris à la fois par son architecture très XVIIIe siècle (allées, pattes d’oie...) et par la variété de ses jardins qui mettent en valeur les bâtiments du Siècle des Lumières (Théâtre, Orangerie...). Les communs, la chapelle, la volière, l’étang et l’île romantique séduisent les nombreux visiteurs qui viennent en famille, mais également les artistes, le parc étant aussi un espace d’expositions d’art contemporain en plein air.

Une construction de Laurent-Benoît Dewez

C’est au premier architecte des Pays-Bas autrichiens, Laurent-Benoît Dewez – qui œuvra à la reconstruction de nombreuses abbayes du pays, dont celles d’Orval, Gembloux, Hélécine... – , que l’on doit ce « monument » de la pierre bleue, avec son imposant corps de logis et ses deux galeries latérales à colonnades ioniques qui dessinent une cour de 80 mètres de long. L’expression néoclassique chère à l’architecte est toutefois influencée ici par la Rome antique, par la tradition italienne issue de la Renaissance, ainsi que par l’Angleterre et la France. Construite entre 1763 et 1768, grâce à l’importante fortune de son propriétaire, Julien Depestre, commerçant, banquier et homme d’affaires, cette magnifique résidence concrétise les nouveaux concepts de la vie sociale axés sur le confort, l’intimité et l’apparat.

« Au fil des siècles, le domaine est passé dans les mains de plusieurs familles, et même d’une communauté religieuse, avant de tomber dans celles d’un promoteur qui envisagea de le lotir », explique Marjolaine Hanssens, la directrice. « Ce projet échoua, fort heureusement, grâce notamment à la persévérance des Amis du Château de Seneffe. Le domaine fut alors classé avant de devenir propriété de l’État, puis de tomber dans l’escarcelle de la Communauté française de Belgique. Celle-ci entendait réaménager les lieux afin d’en faire, comme au Château de La Hulpe, un lieu de séminaires et de colloques, mais lorsque la somptueuse collection d’œuvres en argent de Claude D’Allemagne, un collectionneur privé belge, lui échut par legs, elle n’hésita pas longtemps et lui donna le château pour écrin. C’est en 1995, alors que les jardins étaient encore en cours de réaménagement, que le Musée de l’orfèvrerie vit le jour au rez-de-chaussée du château. Grâce aux dons, legs et acquisitions de la Communauté française, cette collection est, aujourd’hui, l’une des plus importantes de Belgique. »

« Faste et Intimité »

Au XVIIIe siècle, la distribution des lieux dans les grandes demeures fait l’objet de nombreux textes et traités essentiellement axés sur la recherche du confort. Deux types d’appartements voient alors le jour : les appartements de société, dits d’apparat, et les appartements de commodité, dits privés. Les différents espaces sont constitués d’un ensemble de pièces où chacune joue son rôle. En installant dans le château sa collection permanente, « Faste et Intimité », les responsables du musée ont conçu un parcours et une scénographie originale qui redonnent à chaque pièce son rôle d’antan et à chaque objet la place qui lui convient afin de valoriser au mieux sa fonction. Tout a été patiemment construit pour que, le temps d’une visite, le Château de Seneffe plonge le visiteur dans une certaine vision du XVIIIe siècle. Aiguières, bassins, boîtes à mouches, boîtes à éponges, tabatières, boîtes à priser, chocolatières, théières, cafetières, rafraîchissoirs, terrines, coupes à boire, gobelets, flambeaux, bougeoirs, chandeliers, candélabres, objets religieux... ont ainsi pris place dans des décors qui prêtent vie au château et auxquels des noms joliment évocateurs ont été donnés : « En attendant Monsieur », « Le cabinet des curiosités », « La montée des eaux », « En présence de l’abbé », « Les jeux de l’amour et du hasard »...

Des odeurs, des sons, des films...

Mais l’exposition se veut également sensorielle. Vous pourrez humer le chocolat, le tabac, des parfums floraux, des épices, mais également la transpiration. Vous pourrez entendre des bruits d’eau, des chants d’oiseaux, la chanson J’ai du bon tabac dans ma tabatière... Vous pourrez voir, outre les pièces d’orfèvrerie et leurs décors, des extraits de quelques films en costume d’époque. Quelle scène de Barry Lindon (Stanley Kubrick) pourrait illustrer « Le bain » ? Quelle autre tirée d’Amadeus (Milos Forman) conviendrait pour « Les belles chocolatières » ? De Ridicule (Patrice Leconte) pour « Le billard de l’après- midi » ? Ou des Liaisons dangereuses (Stephen Frears) pour « Le souper fin » ? Avant de pousser la porte du Château de Seneffe, il serait peut-être malin de revisiter ses classiques !

Domaine du Château de Seneffe et Musée de l’Orfèvrerie

Rue Lucien Plasman 7-9

B-7180 Seneffe

+32 (0)64 55 69 13

info@chateaudeseneffe.be

www.chateaudeseneffe.be

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