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Par Christian Sonon
En 2013, deux jeunes Montois ont l’idée de concevoir des verrines à base de pomme de terre. Aujourd’hui, ces produits écologiques se dévorent comme des petits pains !
Les études mènent à tout à condition d’avoir des idées sous la dent. Hélène Hoyois est graphiste et webdesigner, Thibaut Gilquin est architecte d’intérieur. Ensemble, ces deux jeunes Montois, qui se sont rencontrés sur les bancs des Arts au Carré (Arts2), ont imaginé, dessiné et construit non pas des sites Internet ou des espaces ingénieux et confortables mais des… verrines mangeables. Exit ces petits récipients en plastique dont vous ne savez que faire après avoir ingurgité la pulpe d’avocat, le fromage frais et les lamelles de saumon recouvertes d’oeufs de truite. Leurs verrines « Do Eat », à base de pomme de terre et d’eau, se dégustent en même temps que les mets qui les garnissent, ce qui vous permet de garder votre verre de champagne en main !
Marre de la plonge !
« En réalité, c’est après une soirée devant la télévision, notre plateau repas sur les genoux, qu’Hélène a lancé l’idée, sous forme de boutade, de concevoir une assiette qui soit comestible de façon à ne plus devoir faire la vaisselle », explique Thibaut, en reconnaissant que la fainéantise a souvent servi de catalyseur aux grandes inventions. « De l’assiette, nous sommes passés à la verrine après avoir mesuré, lors de vernissages – car nous sommes passionnés d’art –, l’ampleur des déchets générés par la vaisselle jetable à l’issue des cocktails. » Après quelques essais et tâtonnements, le prototype imaginé par Thibaut a pris la forme d’une verrine à base de fécule de pomme de terre, un petit récipient craquant et croquant, très pratique lors des apéritifs et autres cocktails dînatoires. « J’avais eu l’occasion de travailler la matière de la pomme de terre et je savais que la texture de sa fécule avait plusieurs avantages par rapport à l’amidon du blé, du maïs ou de la banane », explique Thibaut.
Soutenus par NEST’up
Début 2013, le couple décide de soumettre son projet à l’appréciation de NEST’up, l’accélérateur de start-up soutenu par Creative Wallonia. En guise d’avis, ses responsables les persuadent que l’idée pourrait aboutir à la création d’une société si elle était davantage creusée. Voici donc Hélène et Thibaut enfermés pendant trois mois à l’Axisparc de Mont-Saint-Guibert, dans un espace réservé à la formation de jeunes créateurs. « Nous n’avions aucune notion de l’aspect commercial d’une entreprise, explique Hélène. L’équipe de NEST’up nous a donc appris à élaborer un business plan et un plan financier, à commercialiser notre produit (nom, logo…) et à le défendre devant des partenaires et financiers. » Un coaching intensif qui, en septembre 2013, a conduit « Do Eat » sur les fonds baptismaux. Depuis un an et demi, ses produits sont en vente en magasin sous forme de packs de 25 verrines toutes faites, leurs formes présentant, au choix, les contours d’un lotus, d’une cuil- lère, d’une pirogue et d’une tulipe. « La fécule de pomme de terre nous est fournie par une entreprise agro-alimentaire néerlandaise. » explique Thibaut. Quant à la fabrication et l’imperméabilisation des verrines, elles sont réalisées par les Ateliers de Tertre, à Saint-Ghislain, une entreprise de travail adapté oeuvrant à l’insertion professionnelle de personnes handicapées. En attendant, le couple réfléchit au développement d’une machine spécifique car les demandes ne cessent de croître, tant en Wallonie et à Bruxelles que dans les pays voisins.
Génération W
Installée dans l’Axisparc de Mont-Saint-Guibert, la nouvelle entreprise a réussi à forcer les portes des palais gourmands non seulement des particuliers, par le biais de magasins spécialisés et autres épiceries fines, mais aussi des grands chefs tels que Jean-Philippe Watteyne (iCook, Mons), Clément Petitjean (La Grappe d’Or, Torgny) et Ludovic Vanackere (L’Atelier de Bossimé, Loyers), sans oublier l’omniprésent Sang Hoon Degeimbre (L’Air du Temps, Liernu). Soit plusieurs cuisiniers faisant la promotion du terroir wallon au sein de « Génération W ». « De clients, ceux-ci sont devenus nos partenaires, explique Thibaut, puisqu’ils ont accepté de nous confier quelques recettes de verrines que nous glissons dans nos packs. » Pour Hélène, le succès des verrines provient de leur originalité et de leur côté pratique, mais aussi de leur recette, saine et naturelle, sans matières grasses ni additifs, qui contribue à la préservation du goût des préparations qu’elles contiennent, qu’elles soient sucrées ou salées. « En outre, c’est un produit écologique », souligne la jeune entrepreneuse qui annonce l’apparition prochaine sur le marché de verrines à monter à l’aide d’un kit « Do Eat Yourself ». « D’une certaine façon, les gens “ feront” quand même leur vaisselle ! » lance, en plaisantant, Thibaut.