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Par Gilles Bechet
LA PORTE DE L’ESPACE
L’Euro Space Center est un lieu unique qui associe loisirs, science et pédagogie autour de la conquête spatiale. Après un an de travaux, il fait peau neuve et peut à nouveau faire décoller ses visiteurs pour un voyage plein de surprises.
Mars et la lune n’ont jamais été si proches. Pour s’en convaincre, les apprentis astronautes n’ont qu’à franchir les portes de l’Euro Space Center de Transinne. Après une pause d’une année, le centre peut à nouveau accueillir des visiteurs. Mis sur orbite en juin 1991, il propose un mix inédit de pédagogie et de loisirs autour de la conquête spatiale. En près de trente années d’activités, il nous a mis la tête dans les étoiles, vulgarisé les sciences de l’espace et rassemblé autour de lui un pôle d’activités dédié au spatial. Et la magie de l’espace fonctionne toujours à plein. Ainsi, lors de la venue de l’astronaute Thomas Pesquet, en 2018, les réservations pour les 1.200 places disponibles, ouvertes à minuit, se sont écoulées en quelques heures.
Même si l’engouement ne faiblit pas, après près de trois décennies d’activité, le centre avait besoin d’un sérieux lifting. La plus grande part des investissements a été consacrée aux bâtiments. L’isolation, le chauffage, ainsi que l’hébergement des jeunes spationautes ont été revus de fond en comble. Le financement de ces postes a été pris en charge par l’intercommunale Idelux, propriétaire des infrastructures. Quand au contenu, il a été repensé et enrichi par l’équipe pédagogique interne afin de renforcer l’interactivité. « Aujourd’hui, les visiteurs sont en droit d’attendre autre chose. Nous ne sommes pas un parc d’attraction, ni un musée ; nous cherchons le juste milieu tout en veillant à la précision de toutes nos informations et à ne pas mélanger les genres », explique Yvan Fonteyne, le responsable de la communication.
Des tests préparatoires
L’exploration spatiale ne s’improvise pas. Chaque spationaute doit faire preuve de compétences bien affutées. Une fois passé le sas d’entrée, la première étape de la visite passe par le hub spatial où l’on est invité à passer toute une série de tests inspirés de ceux qui sont proposés aux futurs spationautes de l’Agence Spatiale Européenne. Au menu, des tests de mémoire et de logique des formes dans l’espace, un test de daltonisme où il faut distinguer des chiffres immergés dans un fond de couleur ou encore des tests d’équilibre sur une plateforme mouvante. Même s’ils ne sont pas simples pour tout le monde, il ne faut pas craindre l’issue de ces tests, puisque chacun sera reçu pour l’étape suivante, là où les choses sérieuses commencent.
Qui n’a pas rêvé de marcher dans les pas de Neil Amstrong sur la surface lunaire ? Inspiré du matériel d’entrainement développé par la NASA, le dispositif de marche lunaire était déjà l’une des attractions phares de l’Euro Space Center. Celle-ci a été enrichie et dotée d’un dispositif similaire pour la marche martienne. Bien calé dans un siège suspendu par un ressort, chacun ressent son poids réduit à un sixième pour la lune et à un tiers pour Mars. Equipé de lunettes de vision Oculus, il sera transposé dans un décor lunaire ou martien plus vrai que nature.
Juste à côté, on peut goûter au Free Fall Slide, un dispositif tout simple pour faire ressentir l’absence de pesanteur le temps d’une glissade de toboggan. Revêtu d’une combinaison et du casque adéquat, le candidat à la chute s’accroche des deux mains à la barre qui va le hisser jusqu’à une hauteur de huit mètres avant de le lâcher. Pour quelques brèves secondes, il aura la sensation de glisser dans l’espace jusqu’à se recevoir, un peu incrédule, sur une double couche de matelas.
Un village martien
Autrefois réservée à l’imaginaire et aux fameux petits hommes verts, la planète Mars est désormais un objectif scientifique. Les projets de conquête se précisent. Après les différents robots baladeurs déjà envoyés sur la planète rouge, d’aucuns assurent que le pied de l’homme y marquera son empreinte avant la fin du siècle.
Mais connait-on vraiment la planète Mars ? Le village martien est l’une des attractions phare de cet Euro Space Center 2020. Réparti en quatre espaces thématiques, il a l’ambition de partager et vulgariser la somme des connaissances disponibles sur Mars. Dès l’entrée, des voyants lumineux indiquent la distance qui nous sépare de l’astre rouge. Une distance qui fluctue en fonction de la rotation des deux corps célestes autour du soleil et explique pourquoi il faut attendre une fenêtre de tir favorable. La suite du parcours aborde, par des quizz et des écrans d’information, différents aspects de la vie quotidienne pendant le voyage, ce qu’on mange, comment on dort ou comment se protéger des rayons solaires. L’arrivée du vaisseau sur Mars sera cruciale. Si les différents robots d’exploration ont permis d’expérimenter des systèmes de parachutes et de rétrofusées, un équipage humain pose d’autres problèmes qui sont encore à l’étude au sein des différentes agences spatiales. Enfin, la dernière étape martienne est la plus ludique. Les visiteurs ont à leur disposition huit postes de pilotage pour une mission d’exploration. A l’aide d’un joystick, semblable à ceux des consoles vidéo, ils doivent faire progresser leur véhicule sur le terrain accidenté de la planète. Un œil sur l’écran de contrôle, l’autre sur le paysage visible derrière la vitre.
Le village martien est l’une des attractions phare de cet Euro Space Center 2020. Réparti en quatre espaces thématiques, il a l’ambition de partager et vulgariser la somme des connaissances disponibles sur Mars.
Un simulateur de vol
Autre nouveauté, le simulateur de vol, Space Flight Unit. Il se présente comme une moto sur laquelle on se couche les bras en avant et qui réagit au moindre de nos mouvements. On dispose de quelques minutes pour accomplir une mission de confiance. Avec les lunettes Oculus, la sensation d’immersion est parfaite. On se voit quitter le vaisseau en orbite, traverser une ceinture d’astéroïdes pour s’approcher de la planète rouge et filer entre les canyons escarpés jusqu’aux mines de cristaux avant de revenir au vaisseau.
Un nouveau bâtiment a également été construit pour abriter le Space Rotor où la graine de spationaute pourra tester la force centrifuge. Vingt-quatre personnes peuvent y expérimenter une force de 3G en étant collées à la paroi alors que le sol se dérobe sous leurs pieds. L’installation peut aussi tourner à une force de 1G qui permet – aux plus jeunes notamment – de ressentir la rotation sans être totalement déséquilibré.
Preuve que ce nouvel aménagement attise la curiosité ? Les classes de l’espace des six dernières semaines de 2020 sont déjà complètes et les réservations pour 2021 ont commencé.
Le Space Rotor où la graine de spationaute pourra tester la force centrifuge.
Un stimulateur de vocations
Rentable depuis 15 ans, l’Euro Space Center a dégagé, en 2018, un chiffre d’affaire de 3 millions d’euros et attiré 58.000 visiteurs. Sa réussite repose sur un dédoublement de la clientèle et des publics cible. Les week-ends sont dédiés au grand public, tandis que les jours de la semaine sont réservés aux stages destinés au public scolaire. Toujours en 2018, 17.000 jeunes écoliers sont venus en classe de l’espace, logeant sur place grâce aux 240 lits disponibles. Le contenu des activités a été élaboré pour coller au plus près avec les programmes de la communauté française. « De plus en plus d’écoles ont intégré le spatial aux cours de physique et de chimie. Cela a certainement contribué à la progression de 10 à 15 % du public scolaire qu’on constate depuis sept ou huit ans », indique Yvan Fonteyne. Mais les écoliers belges ne sont pas les seuls à s’inscrire aux stages de formation de l’Euro Space Center. Plus de trente nationalités ont déjà pu profiter de ses installations. On y retrouve de nombreux pays européens, mais également des jeunes venus d’autres nations spatiales comme l’Inde. Avec ceux situés à Houston aux USA et à Ankara en Turquie, l’Euro Space Center est un des rares centres de formation dédié aux matières de l’espace ouvert aux civils. Et pour ces jeunes qui viennent en classe de l’espace, c’est souvent le début de l’aventure d’une vie.
« On a d’anciens stagiaires qui travaillent aujourd’hui pour l’Agence spatiale européenne, pour la SABCA ou pour le centre d’étude nucléaire de Mol. Les stages créent beaucoup de vocations, c’est une récompense pour nous et nos équipes. »
Euro Space Center
Rue devant les Hêtres 1
6890 Transinne
+32 (0) 61 65 64 65