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Par Muriel Lombaerts
Où peut-on éprouver les sensations de conduire une voiture à plus de 300 km/heure sur les plus beaux circuits du monde sans risquer des dégâts matériels et corporels ? A Waterloo, sur les simulateurs professionnels d’Exype, une société mise sur rails par un jeune polytechnicien montois : Benoît Laurent.
Des études secondaires au SHAPE, un diplôme d’ingénieur civil en informatique et gestion à l’UMONS suivis d’une formation d’entrepreneur : voilà le parcours de Benoît Laurent qui rêva très vite, à la sortie de ses études, de créer un parc d’attraction des sports extrêmes « Extreme Urban Sport ». « C’était un projet de 15 millions d’euros. J’avais moins de 25 ans et je m’étais dit que j’allais réussir à lever les fonds nécessaires. Mais ce projet ne s’est pas concrétisé comme ça… »
En effet, Benoît est engagé dans la société de services informatiques EASI, basée à Nivelles. Il est formé par le fondateur, Salavator Curaba, un ancien footballeur devenu entrepreneur. « Pendant un an, j’ai travaillé en Belgique. L’année suivante, je suis parti à Luxembourg pour essayer de développer le marché pour EASI. Parallèlement, mon projet de création d’entreprise continuait de progresser. En 2013, j’ai décidé de m’y consacrer full-time. »
« A force de parler de mon « super projet » qui allait révolutionner le monde, j’ai croisé de plus en plus de gens désireux de m’aider. De fil en aiguilles, j’ai réuni autour de moi un groupe de conseillers. Tous les deux mois, je leur offrais un restaurant où nous nous réunissions et nous discutions du projet. ». Parmi ces conseillers, Benoît réussi à attirer le directeur général de Walibi et le directeur actuel de Fair Trade Belgium, mais également des ingénieurs de son âge, des informaticiens, des architectes et une femme. Au total, une dizaine de personnes, tous de véritables experts dans leur domaine, dont les précieux conseils ont permis à Benoît de faire les bons choix. « Je croyais créer ma société en un an mais finalement, cela m’en a pris quatre. »
En partenariat avec Sébastien Loeb
C’est à Mons, sous forme de start-up, que la société naîtra
finalement en 2015. Avec un premier investissement de taille : un simulateur de courses. Car le projet de Benoît Laurent s’est précisé : il veut créer un lieu où il sera possible de vivre
l'expérience d'un pilote de course automobile. Foncer à plus de 300 km/h sur les plus beaux circuits du monde au volant de simulateurs professionnels !
« Même si le projet initial de parc d’attraction a été adapté faute du budget nécessaire, le principe reste le même : offrir une activité à sensation forte qui génère de l’adrénaline dans un cadre haut de gamme pour pouvoir partager des moments uniques, explique le jeune entrepreneur. A force de s’entourer, on discute, on regarde ce qui fonctionne ailleurs, dans d’autres pays. C’est ainsi que nous nous sommes orientés vers une activité de simulation de course automobile avec du matériel professionnel utilisé par de vrais pilotes pour s’entraîner. Nous utilisons des simulateurs de conduite dynamique six axes développés par la société française Ellip6 en partenariat avec Sébastien Loeb. »
Des simulateurs ultra performants qui contribuent au succès d’Exype. Il faut dire que le célèbre pilote de rallye a peaufiné leurs paramètres pour que les sensations soient au plus proche de la réalité. C’est lui, également, qui a récemment ouvert la nouvelle attraction du Futuroscope, basée exactement sur la même technologie.
« Après le boulot, un lieu où on passe pendant une heure ou deux, boire un verre, s’amuser autour d’un même loisir. Pour partager autre chose que les problèmes de la journée et discuter de voitures, par exemple. »
S’amuser entre amis et collègues
L’originalité d’Exype est donc d’offrir de véritables sensations avec de la simulation de voitures GT, de Formule 1, de tourisme, de rallye et même de prototypes. « En créant ma société, mon but était avant tout de proposer une activité qui sort du commun, à partager entre amis et collègues. J’apprécie m’amuser comme tout le monde, mais j’aime encore plus divertir les gens. L’idée était donc d’offrir un concept permettant de créer des liens. Après le boulot, un lieu où on passe pendant une heure ou deux, boire un verre, s’amuser autour d’un même loisir. Pour partager autre chose que les problèmes de la journée et discuter de voitures, par exemple. »
En avril 2017, Exype s’est installé à Waterloo. Aujourd’hui, sa société est constituée de dix actionnaires. Son associé Frédéric Hambye y travaille à temps partiel et le reste de l’équipe est composée de quatre employés. Quant aux simulateurs automobiles, ils sont au nombre de quatre et permettent de choisir entre une cinquantaine de voitures et une centaine de circuits. En outre, ils sont accessibles à tous. « Nous avons des passionnés et des pilotes qui viennent repérer les circuits chez nous, ce qui leur permet d’être plus en condition quand ils vont piloter sur des circuits existants, comme Spa, par exemple. Il n’y a pas d’âge requis, il faut juste mesurer 1m40 minimum. Constantin, un enfant de huit ans, est l’un des plus forts C’est un peu déroutant et même frustrant ».
Au-delà des simulateurs, Benoît avait souhaité rendre le lieu convivial. En plus du bar, une nouvelle salle de plus de 120m2 vient d’être terminée. Anniversaires, conférences, dîners gastronomiques… l’entrepreneur a pensé à tout. Il a établi des partenariats avec des PME de la région dont notamment deux services traiteurs : « La Toque Blanche » et « Cook For You ». « Nous offrons aussi la possibilité de boire un verre en nous adaptant à la fois au budget et à la demande. Nous voulons créer un endroit convivial à Waterloo. Nous mettons également en place d’autres partenariats avec des gens comme Jean-Philippe Watteyne, pour organiser un repas gastronomique. Nous aimerions attirer les passionnés de courses automobiles, mais aussi ceux qui le sont moins et qui souhaitent tout simplement partager de bons moments. »
Investir en Flandre ?
La clientèle actuelle vient de la région, mais aussi du Hainaut, de Liège, Bastogne, Namur et de Flandres : le concept unique en Belgique fait déplacer de plus en plus de monde. « Nous avons aussi une collaboration avec « Come to you racing » et nous organisons des challenge. »
Aujourd’hui, le concepteur d’Exype lorgne de plus en plus vers la Flandre. « Anvers et Gand sont des villes auxquelles nous avons déjà pensé. Et si nous avons une opportunité à Barcelone, pourquoi pas ! L’essentiel est de trouver des personnes motivées et qui veulent développer des centres de simulateurs automobiles haut de gamme. »
Fin 2016, Benoît avait lancé une campagne avec Hello Crowd, le crowfunding de Hello Bank BNP Paribas. « Nous avions réussi à lever 16.000 euros et 200 backers nous soutenaient ». En 2018, Benoit et sa fine équipe participeront à un « tour on bus » comme campagne exemplaire de crowdfunding.
Témoignages
• Didier Franz, un client de la première heure
« J'ai connu Benoît et son projet grâce à un collègue. Comme j'aime le sport automobile, j’ai été voir le concept. J'ai tout de suite été très bien accueilli. Un challenge était organisé et j’ai gagné la finale. J’avais déjà testé des simulateurs, mais ils étaient beaucoup plus statiques. Les sensations, surtout au freinage, sont assez impressionnantes. Les jeunes pilotes de F1 qui n'ont jamais roulé sur tous les circuits du championnat apprennent un nouveau circuit grâce au simulateur. C'est donc une excellente première approche et surtout moins onéreuse que de louer une voiture, surtout en cas de crash (rires). Exype, c'est aussi un lieu où il est très agréable de passer un moment entre amis, même pour les gens qui ne font pas de la simu. »
• Jonathan Robberechts, un compétiteur
« Je n’avais jamais eu l’occasion d’essayer des simulateurs. Je participais à des championnats en ligne depuis mon salon avec du matériel complètement basique, mais avec des résultats tout à fait honorables. Les simulateurs pro sont beaucoup plus proches de la réalité que tout ce que j'ai pu essayer auparavant, que ce soit sur console ou sur ordinateur. La moindre perte d’adhérence est transmise via le simulateur :
un virage, un blocage de roue, etc. Tout est ressenti admirablement. Le simulateur permet vraiment d'entrer dans sa "bulle" quand on fait un run... Ce qui se passe autour n'a plus aucune importance, la seule chose qui compte, c'est le chrono et le comportement de la voiture pour pouvoir garder un maximum de vitesse. »
info@exype.be