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© Pour le Touriste IV, 444 photos captées par drone – les zones en bleu – ont été nécessaires pour couvrir l’ensemble de l’enveloppe extérieure du bateau.

Géo Drone

  • Dossier
Namur  / Florenne

Par Christian Sonon

AU SERVICE DES GÉOMÈTRES

Les drones peuvent être utilisés pour la photogrammétrie, dans le cadre de restaurations de bâtiments ou de suivis de chantiers. A Florennes, un bureau d’architectes et de géomètres a inscrit cette technique sur sa carte de visite. 


« J’ai appris la photogrammétrie voici quinze ans selon l’ancienne méthode, c’est-à-dire que l’on prenait des photos – d’un bâtiment, par exemple – avec un appareil argentique, puis qu’on les décalquait à l’encre de Chine nantis de lunettes 3D afin d’en tirer des plans de travail. Depuis, cette technique de mesurage utilisée par les géomètres et les topographes a considérablement évoluée, d’abord avec l’apparition de la photo numérique et des logiciels informatiques, ensuite grâce aux drones. Trois outils qui nous ont grandement facilité le travail… »

Quentin Burton est géomètre au sein d’Equilateral, à Florennes. Un bureau qui propose des services d’architecture, d’urbanisme, de géomètre-expert et de photogrammétrie. C’est dans cette dernière discipline que ce jeune père de famille s’est spécialisé au point de l’enseigner lui-même à des géomètres et des ingénieurs. Soucieux de profiter des nouvelles techniques, il a créé avec ses associés Géo Drone et acheté quelques aéronefs pour mener à bien ses missions. « Il vaut mieux en avoir un ou deux en réserve au cas où le drone se crasherait », confie celui qui a obtenu sa licence de pilote à Temploux. Par maladresse ? « Plutôt en raison des risques inhérents au métier. Un de mes drones a en effet été abattu par un riverain qui ne savait pas que l’on effectuait des mesurages : il se sentait espionné ! Depuis lors, nous allons sonner à toutes les portes afin d’expliquer ce que nous faisons. »

Une précision de l’ordre du millimètre

Et que fait-il ? Il pilote le drone autour du bâtiment ou du monument à restaurer et lui fait prendre une kyrielle de photos qui serviront à réaliser une copie en trois dimensions de celui-ci, le but étant d’obtenir des plans de très haute précision. « Nous commençons par poser toute une série de points de repères à l’aide d’un théodolite traditionnel ou d’un GPS. Avec notre drone, nous prenons ensuite, en l’air comme au sol, des photos correspondant à ces cibles. Nous les introduisons dans un programme informatique qui, à partir de ces repères et photos, va fabriquer le modèle 3D du bâtiment avec une précision géométrique de l’ordre du millimètre. Comme si nous l’avions transporté du terrain jusque dans notre bureau ! De là, nous pouvons obtenir une orthophoto, c’est-à-dire une reconstitution avec texture de l’image du modèle selon le plan de projection choisi. Attention : ce n’est pas une photo redressée. Le niveau des détails est extraordinaire, chaque pierre est à sa place avec son relief exact. L’orthophoto va alors permettre à l’architecte de dessiner un plan fidèle de l’édifice. »


La photogrammétrie a permis la modélisation d’un site industriel à Mont-Saint-Guibert. 

« Un de mes drones a en effet été abattu par un riverain qui ne savait pas que l’on effectuait des mesurages : il se sentait espionné ! Depuis lors, nous allons sonner à toutes les portes afin d’expliquer ce que nous faisons. » 


Pour des restaurations, des carrières, des jeux vidéos…

Parmi les travaux de restauration du patrimoine entrepris par le bureau namurois, citons l’école du séminaire de Floreffe, le château et les jardins d’Annevoie, vaste chantier entamé en 2016, ainsi que le Touriste IV, bateau privé qui faisait la liaison Dinant-Namur au début du siècle dernier et qui va sans doute s’arrimer définitivement à Namur, à hauteur de la nouvelle passerelle. Mais la photogrammétrie et les drones peuvent également offrir leurs services afin de réaliser l’état des lieux d’un chantier ou de suivre l’évolution d’une carrière, c’est-à-dire gérer son exploitation et calculer ses stocks. Cette technique peut aussi avoir des fins touristiques ou culturelles. Les ruines de l’Abbaye de Villers-la-Ville pourraient ainsi être modélisées de sorte que les visiteurs munis de lunettes à réalité augmentée auraient l’impression de se promener dans l’abbaye telle qu’elle était avant de tomber en désuétude. « Les concepteurs de jeux vidéos utilisent aussi cette technique, souligne Quentin Burton. Par exemple, afin de donner l’impression que l’on est en train de piloter une voiture sur le véritable circuit de Francor-champs… Mais, dans ce cas, nous ne faisons qu’apporter les fichiers. La suite relève des compétences des infographistes… »

www.geo-drone.net

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