- Dossier
Par Christian Sonon
au service des agriculteurs
Exemple d’un champ dont la cartographie montre qu’il s’agit d’une terre très hétérogène : les zones bleues foncées (18 kilos/ha) demandant dix-huit fois moins d’azote que les zones rouges vif (320 kilos/ha).
Même si la concurrence des satellites est de plus en plus omniprésente, l’agriculture est aussi un domaine qui a recours aux images prises par les drones. Pour avoir une meilleure vision de la quantité de fertilisants demandés par les cultures.
C’est le désir d’innover qui a poussé la Société Coopérative Agricole de la Meuse (SCAM) à acquérir un drone en 2014. Cette société, qui emploie quelque 200 travailleurs et propose ses services (réception et commercialisation de céréales, distribution de semences et d’engrais, fabrication et commercialisation d’aliments pour bétail…) à plus de 5.000 agriculteurs, a décidé d’utiliser un agridrone afin de permettre à ses clients désireux d’utiliser cet outil de mieux maîtriser l’épandage de fertilisants sur leurs cultures, principalement du froment et du colza.
« Auparavant, les agriculteurs répartissaient les engrais sur leurs champs d’une façon uniforme, explique Charles Thewis, membre de la SCAM et pilote de l’agridrone. Grâce aux images rapportées par le drone, ils savent quels sont les besoins réels de la plante dans chaque parcelle et peuvent répartir sur celle-ci la dose adéquate de fumure azotée. Outre l’économie d’engrais réalisée grâce à cette meilleure répartition, cette technique a un apport positif sur l’environnement puisqu’elle permet d’éviter le surdosage et la percolation dans les nappes phréatiques. »
Un capteur multispectral
Concrètement, le capteur multispectral de la caméra embarquée sur le drone enregistre la réflectance des cultures, c’est-à-dire la quantité de lumière renvoyée par les feuilles. Selon la longueur d’onde enregistrée, il est possible de connaître le développement de la biomasse (végétation), le taux de chlorophylle et la densité foliaire des plantes, autant d’indicateurs agronomiques qui permettent au prestataire de services de délivrer à l’agriculteur – pour un coût de 10 à 12 euros à l’hectare – une cartographie précise du développement de ses cultures. De plus en plus de tracteurs étant équipés d’un ordinateur et géolocalisés, la quantité d’engrais épandue peut être gérée automatiquement en fonction de la zone dans laquelle ils se trouvent.
« Il y a toutefois un frein à cette technique aujourd’hui, souligne le pilote. Outre les difficultés liées aux conditions de vol, le drone est en effet confronté à la concurrence des satellites, tels que Sentinel 2A & 2B, dont les passages sont désormais plus fréquents. La succession des vues de ces satellites fournit des images dont la résolution et la précision sont suffisantes pour répondre aux besoins des agriculteurs pour un coût d’accès aux données moindre. »