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Immersia Films, un effet waw à 360°

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Liège  / Stembert

Par Joéllie Sprumont

Vivre une expérience hors du commun, en totale immersion sans bouger de chez soi ? Il suffit de revêtir le masque de réalité virtuelle conçu par Frédéric Lilien et sa société Immersia Films. L’aventure peut commencer.

 

L’histoire de Frédéric Lilien a des airs de rêve américain. À 23 ans, le Verviétois quitte sa Wallonie natale pour rejoindre la ville qui ne dort jamais. Une rencontre décisive a changé le cours de sa vie. Pale Male, une magnifique buse à queue rousse, véritable célébrité new-yorkaise, entre dans son champ de vision. Passionné de documentaires animaliers, Frédéric Lilien y voit un signe. « Je suis tombé sur l’oiseau dans Central Park. J’enchaînais les petits boulots et là je me suis dit "ça y est, c’est peut-être ma chance !" Je l’ai suivi et filmé pendant plusieurs années avant de réaliser mon premier film. Je me suis formé en assistant un photographe, j’ai tout appris grâce à lui. »

 

You gonna make it

Avec le temps, il apprend à connaître le rapace, véritable institution new-yorkaise, et dont l’histoire est étroitement liée à la ville et à ses habitants. Et la magie a opéré dans cet endroit du monde où tout est possible. « Pour moi, la vidéo animalière, c’est comme une histoire d’amour. L’histoire de Pale Male est exceptionnelle et charmante. La magie de New York a opéré. J’ai reçu beaucoup de soutien. J’ai fait de belles rencontres comme celle de Nora Ephron qui a notamment réalisé When Harry met Sally ou You’ve got a mail. Elle m’a ouvert les portes de son studio. »

Pour Frédéric Lilien, un rêve d’enfant se réalise. Il s’en souvient encore, un jour dans Central Park, une personne lui dit « You gonna make it ». Et il l’a fait ! Il raconte d’abord l’histoire de Pale Male dans un documentaire de 43 minutes pour PBS en 2002. En 2009, il remet le couvert avec The Legend of Pale Male, un autre documentaire de 85 minutes. Un film qui remporte pas moins de quinze awards dans divers festivals à travers le monde. « J’ai reçu beaucoup de soutien. Je n’avais pas de diplôme, j’étais timide et je n’avais pas confiance en moi. Il faut faire ce qu’on doit faire et avoir du bagou pour réussir. On m’a dit d’aller faire mes erreurs, d’apprendre. C’est ce que j’ai fait. »

 

L’immersion

Sa carrière professionnelle prend un nouveau tournant le jour où Frédéric Lilien présente son long métrage à la Cornwell University. Il participe à une expérience particulière. « Je suis entré dans un studio plongé dans le noir complet. On m’a fait écouter l‘enregistrement d’un son 360°. Un troupeau d’éléphants sortait de la jungle pour aller s’abreuver. J’étais totalement immergé. Je me suis dit "je veux faire ça et ajouter des images au son 360°". » Frédéric Lilien dit s’être lancé un peu naïvement dans l’aventure. Lui est venue l’idée de dômes itinérants, mais de sérieux problèmes techniques et financiers se sont présentés.

En 2012, il entend parler de la campagne de financement Kickstarter d’Oculus Rift, le casque qui procure une expérience de réalité virtuelle. Pour le Verviétois, ce système perdait le côté convivial qu’une salle de cinéma pouvait offrir, mais le potentiel immersif était là. Un ami new-yorkais lui a alors créé un système composé de six caméras d’action GoPro pour couvrir un champ de vision de 360°. Grâce au masque Oculus Rift et à un Smartphone, l’expérience immersive peut commencer. « Tout le monde devient un client potentiel, il suffit d’avoir un Smartphone comme le Samsung S6, un masque et le tour est joué. À 700 € le téléphone et 100 € le masque, c’est moins cher qu’un dôme. Et le rapport qualité-prix y est. C’est un schéma économique viable. » Après une phase de recherche et de développement en filmant dans toutes les situations possibles et imaginables, la société Immersia Films voit le jour en mars 2015.

 

Vivre des situations inédites

Immersia Films a été la première en Belgique à donner une application concrète à l’expérience immersive de réalité virtuelle. Pour vivre une expérience immersive, il faut un système stéréoscopique de 16 caméras qui donne cette impression de 3D. Ensuite, les images sont montées, comme pour un film classique, à l’aide d’un logiciel de base panoramique.

La Ville de Spa a rapidement été séduite par l’initiative. En avril 2015, elle se dote d’un nouvel outil de promotion en mettant à la disposition de ses visiteurs la technologie immersive. Assis dans un siège en forme d’œuf et équipé d’un casque de réalité virtuelle, le touriste découvre les beautés de la région spadoise en un clin d’œil. Dans un bolide de course lancé à toute vitesse sur le circuit de Francorchamps, dans les airs à bord d’une montgolfière, ou encore au milieu des Blancs-moussis de Stavelot.

Les expériences touristiques se sont alors enchaînées pour Immersia Films. L’Office belge de tourisme de Wallonie-Bruxelles, Forestia au milieu des cerfs... « C’est vrai que le secteur du tourisme est la première application pour la réalité virtuelle. Ce n’est pas forcément un domaine où il y a beaucoup de moyens financiers, mais les technologies évoluent », explique Frédéric Lilien.

En juin 2015, Immersia Films a pu vivre de l’intérieur le champ de bataille de Waterloo à l’occasion du bicentenaire. Au cœur de la bataille, avec un ami espagnol spécialiste de la prise de vue en 360°, il a été immergé avec les 5000 figurants. Fondu dans le décor, il a fallu « être discret pour capturer le moment ». Le masque sur les yeux, un casque sur les oreilles et le charme opère. Les chevaux passent en trottinant, les soldats marchent au pas. Et ce, à quelques centimètres de soi. Cela donne des frissons. Il faut le voir pour le croire !

Assister à un entraînement des joueurs de football du Standard de Liège peut être pour certains un rêve inabordable. Immersia Films a relevé le défi en avril dernier. En enfilant le masque, on peut vivre un moment inédit comme si on y était. « On voit tout de suite le petit plus, le fait de partager un moment exclusif avec les joueurs. La force, c’est vraiment la sensation de présence », témoigne le Verviétois.

 

Experience Brussels Virtual Reality Festival

En juin dernier, s’est déroulé à Bruxelles le premier festival de réalité virtuelle. Pendant quatre jours, nombreux sont ceux qui ont pu tester une trentaine d’expériences innovantes. Parmi celles-ci, la bataille de Waterloo, Apollo 11, la culture masaï ou encore Pearl, un film d’animation combinant la 2D, la vidéo 360° et la réalité virtuelle, réalisé par Google et présenté pour la première fois en Belgique. « Cela faisait neuf mois qu’on parlait de l’idée d’un festival avec Juan Bossicard, fondateur notamment du cluster Screen.Brussels. On a trouvé un partenaire, Ciné Galeries grâce à qui le festival a vu le jour. Cela a donné une très bonne représentation de ce qui peut se faire aujourd’hui dans le domaine. Ça évolue très vite, et on peut vite partir dans tous les sens », explique Frédéric Lilien qui dit ne pas vouloir tomber dans le gaming et davantage rester dans la fibre documentaire. « Dans la réalité, la zone de mouvement est limitée, il faut faire avec ce dont on dispose. Il faut faire des choix et créer son scénario. L’effet waw est là ! Mais après cet effet ? Il faut y croire. »

Le phénomène de réalité virtuelle semble n’être qu’à ses débuts. Il existe une flopée de possibilités, comme mettre le spectateur en mouvement ou l’utilisation de drones (avec autorisation). Il s’agit certes d’une technologie simple à première vue, mais certaines conditions doivent être réunies pour offrir le meilleur. Il faut notamment produire des images de qualité, sinon l’utilisateur risque de quitter l’expérience. Et faire attention au montage des images, les mouvements doivent être fluides et calculés… Au risque de se sentir déstabilisé et d’être malade. « Il faut faire beaucoup de tests, c’est ce que je dis aux clients. On doit tout le temps expérimenter. C’est un apprentissage, plus on travaille et plus on apprend. »

 

Ouvrir le champ des possibles

On peut dire que cela fonctionne bien pour la société Immersia Films. Celle-ci a plusieurs projets en cours, dont une campagne de sensibilisation de protection de l’environnement. « Je suis très occupé jusqu'en octobre. Je vais d’ailleurs bientôt partir pour la Pologne assister à un rassemblement de Vikings pour National Geographic ! Je vais y tester la prise de son en 360°. » Une chose est sûre, les nouvelles technologies ont encore de beaux jours devant elles.

+32 (0)479 66 13 72
 

  Facebook investit dans la VR

Voyant l’énorme potentiel de la virtual reality, le géant Facebook fait l’acquisition d’Oculus VR en mars 2014 pour la modique somme de deux milliards de dollars. Depuis ce moment, les investissements dans le secteur de la réalité augmentée ont triplé. Oculus Rift fonctionne avec Samsung, mais Sony (PlayStation), Google et HTC ont suivi et ont développé des systèmes similaires de leur côté. En juin dernier, Facebook a lancé la publication de photos en 360°. Il permet à ses utilisateurs de créer des panoramas depuis leur Smartphone et de les partager sur le réseau social. Ceux qui possèdent un iPhone à partir du 4S ou un Samsung Galaxy et tous ceux qui peuvent prendre des photos panoramiques peuvent tenter l’expérience.


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