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L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE ROYAL DE LIÈGE, Classic is coming !

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Liège  / Liège

Par Laurence Cordonnier & Guy Delville

Des notes plein les oreilles, des étoiles plein les yeux.

L’Orchestre Philharmonique Royal de Liège fait vibrer tous les publics, y compris les plus jeunes.

 

L’OPRL est la seule formation symphonique professionnelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En marge de ses concerts « classiques » (pas toujours si classiques), il se positionne aujourd’hui comme un véritable centre de ressources. En effet, celui-ci met à disposition ses moyens musicaux au bénéfice de ceux qui souhaitent rendre la culture accessible à tous. Cet orchestre, capable d’excellerdans tous les genres et de porter haut les couleurs de notre pays à travers les plus grandes scènes internationales, a également pour vocation d’initier les enfants à la musique. Tous les enfants !

L’Orchestre à la portée des enfants, Music Factory, les Samedis en famille sont annoncés au programme de la prochaine saison de l’orchestre. En coulisse, vient s’ajouter toute une panoplie de productions pédagogiques visant les écoles. Elles s’adressent aux tout-petits jusqu’aux ados. En marge de ces propositions, un projet d’éducation musicale prônant la diversité sociale.

 

El Sistema

Ce concept est né au Venezuela, sous l’impulsion d’un économiste musicien qui désirait offrir une éducation et un avenir plus optimiste aux gamins des rues. L’histoire commence en 1975 dans un garage de Caracas avec douze enfants. Ils sont formés gratuitement à l’apprentissage d’un instrument ou du chant durant quelques heures par jour en échange de la promesse de retourner sur les bancs de l’école pour le reste de la journée. L’apprentissage se fait toujours de manière collective, par la pratique d’orchestre ou selon les familles d’instruments. Au fil du temps, ce projet audacieux a initié de brillants musiciens. L’un des plus célèbres est Gustavo Dudamel, directeur musical du prestigieux Orchestre Philharmonique de Los Angeles, le LA Phil. Actuellement, dans le monde, El Sistema touche 700 000 enfants !

À Liège, avec le soutien de la Ville, ce sont 160 enfants qui reçoivent un enseignement musical sous l’égide de l’ASBL ReMuA (Réseau de Musiciens Intervenant en Atelier) et de l’OPRL. L’aventure a commencé en octobre 2015 et un concert réunissant enfants et musiciens de l’orchestre a déjà eu lieu en mai dernier. « La diversité sociale devient concrète lorsque l’on parvient à rencontrer lespersonnes “hors culture”. Quand on est soutenu par les pouvoirs publics, on a une obligation envers la société. On a le devoir de rendre accessible notre travail au plus grand nombre, aux personnes moins exposées à la culture, moins favorisées, aux enfants… » Pour Daniel Weissmann, nouveau directeurde l’OPRL, la musique classique n’est pas réservée à une élite ! Pour lui, c’est un véritable credo. L’homme est altiste de formation. Autrefois, il portait lui-même la mu sique dans les écoles et était interpellé par les réflexions des enfants. « “On a déjà entendu ça au cinéma !” Les enfants oublient souvent que la musique existait avant le film. » Daniel Weissmann s’exprime avec humilité et clairvoyance sur les enjeux futurs pour son orchestre. « La musique classique n’est pas un art populaire. Si nous ne la portons pas vers tous les publics, elle est destinée à mourir. Grâce aux nouveaux médias, nous avons aujourd’hui les moyens de rendre sa diffusion plus qualitative, plus internationale, plus proche des gens… Je n’ai rien inventé, j’ai poursuivi les actions entamées avant mon arrivée. Ce qui a changé, c’est la manière dont nous communiquons. » Et l’homme d’ajouter en souriant : « J’ai juste concrétisé l’idée d’El Sistema ».

Au sein de l’Orchestre de Liège, ce projet est également soutenu par les équipes en coulisse : programmation, production, administration, communication et, bien sûr, pédagogie. Tous se réjouissent des retombées positives de l’initiative. Marie-Caroline Lefin, pétillante responsable de la pédagogie à l’OPRL et maman de trois garçons, est très touchée par ce projet. « D’abord, je suis étonnée de la vitesse d’apprentissage de ces enfants. Il faut se rappeler qu’avant octobre dernier, certains n’avaient jamais vu d’instrument ! Mais ce qui me frappe le plus, c’est l’attitude positive qu’ils adoptent rapidement au sein du groupe. À l’école, ce sont des petits caïds qui tiennent tête au prof. Ici, ils écoutent le chef, ils développent un sens de l’écoute et du respect. Bien sûr, ils seraient perdus dans leur partition s’ils n’écoutaient pas attentivement leurs voisins, mais ici, personne ne doit leur dire de se taire ou de bien se tenir. Cela vient naturellement, ils savent qu’ils font partie d’un grand projet. Je suis surprise de la discipline dont ils parviennent à faire preuve, sans que personne ne les y contraigne. »

Les enfants impliqués dans le projet proviennent de tous les quartiers de Liège, y compris des plus paupérisés. Un travail de terrain est effectué en collaboration avec les écoles et les maisons de quartier pour rendre l’aventure possible. Cela va de pair avec des émotions fortes et contrastées. Séverine Meers, attachée de presse de l’OPRL, raconte. « Un jour, une petite fille vient trouver l’équipe pour annoncer qu’elle renonce au projet. Issue d’une famille de sept enfants, elle n’a plus le temps de venir apprendre avec le groupe. Une autre fois, c’est un garçon de douze ans qui confie qu’au moment de choisir entre le basket et le violon, il a choisi le violon. »

 

Projets pédagogiques

Écouter un orchestre jouer en live, c’est passer par toute une palette d’émotions. Certains auront les larmes aux yeux en écoutant les violons dans l’Adagio de Barber ou que l’on entend dans Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. D’autres apprécieront le côté tonitruant des cuivres et des percussions qui envoient du bois comme dans la bande originale de Star Wars. D’autres encore auront la chair de poule lorsque le choeur puissant entonnera O Fortuna qui ouvre le Carmina Burana de Carl Orff.

La musique classique est souvent méconnue. Pourtant, à l’OPRL, on clame haut et fort qu’elle est accessible à tous. L’équipe chargée de la pédagogie vise donc à la rendre plus concrète. Par l’intermédiaire de comptines, de l’histoire d’un petit ours triste, de contes ou encore de musiques de film, les enfants apprennent et ressentent l’impact de la musique. Séverine Meers explique que,lorsque la musique vient en support d’une histoire, elle en renforce le pouvoir émotionnel sans jamais l’enfermer dans un cadre figé. Il s’agit d’un réel support à la créativité. Un récent projet illustre ce phénomène, il s’intitule Quand la musique prend forme(s). Des étudiants d’écoles artistiques étaient invités à créer une oeuvre plastique en s’inspirant, par exemple, de la Danse Macabre de Saint- Saëns. L’idée était de donner une dimension additionnelle à une peinture ou une sculpture. « C’est très beau à voir, s’émerveille Marie-Caroline LefinOn se retrouve face à de jeunes adultes qui ont déjà posé des choix dans leur vie et la musique classique n’en fait pas vraiment partie. Pourtant, ils ont joué le jeu et se sont vraiment laissé inspirer. » Et lorsqu’il s’agit de compter les étoiles dans les yeux des plus petits, dès deux ans et demi, elle savoure les retours enthousiastes des marmots auprès de leurs parents. « Savoir qu’ils en parlent chez eux comme une expérience positive et qu’ils savent ce qu’est un violoncelle ou un chef d’orchestre, c’est un plaisir ! » Ces activités, pour l’instant réservées aux écoles, jouissent d’un succès croissant. Les classes se succèdent sur la scène de l’orchestre. Oui, sur la scène ! Les jeunes spectateurs peuvent ainsi ressentir les vibrations, toucher les instruments et établir une complicité avec les musiciens. Pour ces derniers, l’expérience est également bénéfique. Marie-Caroline constate un changement de perception de ces activités pédagogiques. « Avant, pour les musiciens, la pédagogie était était parfois perçue comme une activité accessoire. Ils n’avaient pas le sentiment de jouer devant un vrai public, avec un vrai répertoire. Puis, nous avons développé des propositions de plus en plus qualitatives. La Direction nous en donne les moyens. Les écoles sont plus impliquées. Aujourd’hui, les musiciens s’amusent ! Ils perçoivent les regards, les sourires, les réflexions spontanées, les questions déconcertantes comme autant d’opportunités de créer un lien entre ces nouveaux publics et leur passion. Ces émotions nourrissent aussi leur travail. »

Si vous avez envie de réveiller l’enfant qui sommeille en vous, et de percevoir l’intensité émotionnelle renforcée par la musique, poussez les portes de la Salle Philharmonique. Et si vous hésitez encore, rappelez-vous les sensations que vous avez éprouvées à l’écoute de la bande originale de 2001 Odyssée de l’Espace. Et que dire de celles ressenties lors des premières notes au célesta de la bande originale d’Harry Potter ! Ou encore au générique de Game of Thrones… Classic is coming!

 

Renseignements : 
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Boulevard Piercot, 25-27
B-4000 Liège
+32 (0)4 220 00 00
 
 

 

QUELQUES DATES À RETENIR

MUSIC FACTORY

Once Upon a Time 28 septembre — Liège 

LES SAMEDIS EN FAMILLE

Ciné-concert Le voyage dans la lune 1er octobre — Liège

L’ORCHESTRE À LA PORTÉE DES ENFANTS

Merlin l’enchanteur 14 octobre — Liège 15 octobre — Bruxelles

MUSIC FACTORY

Viva la libertà! 9 novembre — Liège

LES SAMEDIS EN FAMILLE

Un Noël à Buenos Aires 17 décembre — Liège

Programme complet sur www.oprl.be


PETIT GUIDE DES CONCERTS « JEUNE PUBLIC »

 

L’OPRL ne propose pas que des concerts traditionnels ou les musiciens sont vêtus de queues-de-pie ou de robes longues. A côté des concerts classiques pendant lesquels, peut-être, vous aurez peurd’éternuer ou d’applaudir a un mauvais moment (seul et embarrassé par ce geste qui ne faisait pourtant que démontrer un grand enthousiasme), l’OPRL propose trois séries de concerts durant lesquels vous serez moins stressé si votre enfant, candide et insouciant, exprime a haute voix lamoindre des pensées qui lui traverse l’esprit. « Tiens, au fait, le triangle, s’il oublie de jouer sa note, il est mal ! »

L’Orchestre à la portée des enfants

Guidé par un narrateur, l’enfant à partir de quatre ans découvre l’orchestre au fil d’une histoirepassionnante. Cette saison 2016-2017, Merlin l’enchanteur et Le Petit Prince sont à l’affiche. La mise en scène et les jeux de lumiere permettent aux petits d’entrer directement dans l’histoire. Ces concerts sont organisés en collaboration avec les Jeunesses Musicales, dont la mission est d’initier lesenfants à la musique.

Les Samedis en famille

Le principe ? Découvrir une grande œuvre musicale avec un support vidéo. L’image permet aux spectateurs, à partir de huit ans, de mieux ressentir les mélodies jouées par l’orchestre. Cette série deconcerts est ouverte aux familles (oui, le samedi !) et est proposée à un tarif plutôt original : 36 € pour une place, mais 39 € pour trois places. Comme c’est le cas durant toute la saison de concerts « classiques », ces concerts sont gratuits pour les jeunes de moins de 16 ans.

Music Factory

Cette série de concerts est accessible dès l’adolescence. Au cours d’un zapping musical, orchestré en toute décontraction par le chef Fayçal Karoui, le philharmonique démontre comment la musique vient amplifier les émotions : peur, joie, surprise, nostalgie… Le chef prend plaisir à jouer avec son public et à expliquer, par exemple, comment un violon peut créer une ambiance façon Psychose d’Hitchcock. En vous glaçant le sang !


UN PEU D’HISTOIRE

Fondé en octobre 1960 par Fernand Quinet, directeur du Conservatoire de Liège, l’Orchestre de Liège compte, à l’origine, 71 musiciens. À sa création, il joue principalement pour la Société des concerts duConservatoire, il explore le répertoire classique et romantique (de Mozart à Brahms), la musique française et les compositeurs de l’Est. Grâce à Pierre Bartholomée (1977-1999), il met en valeur l’essentiel du répertoire des XIXe et XXe siècles. Il prend le nom d’Orchestre Philharmonique de Liège en 1983. En octobre 2010, il reçoit officiellement le titre de « Société Royale » et prend l’appellation Orchestre Philharmonique Royal de Liège.

Ouverture à tous les publics, nouvelles formules de concerts et extension du répertoire sont les objectifs recherchés et confortés par les directeurs musicaux successifs depuis 2001, Louis Langrée, Pascal Rophé, François-Xavier Roth et Christian Arming. Né en 1971 à Vienne, ce dernier, qui mène une brillante carrière internationale, prend la fonction de directeur musical en 2011. En juin 2014,Jean-Pierre Rousseau quitte la direction de l’OPRL et est remplacé par Daniel Weissmann qui peut se flatter d’avoir mené à bien ses objectifs, avec un accroissement annuel de 25 % du public grâce à une recherche constante de dynamisme et d’accessibilité pour les « publics de demain » et une imagination débordante pour multiplier les propositions musicales. Seule formation symphoniqueprofessionnelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’OPRL est présent sur l’ensemble de sonterritoire et revoit, pour cela, ses modes de production : concerts en petites formations etmultiplication des productions pédagogiques. L’OPRL est un cœur qui bat au cœur de la Cité ardente.

Depuis 2000, l’orchestre gère également la Salle Philharmonique de Liège, élargissant l’offre de concerts. Annuellement, ce sont plus de soixante concerts de tous styles qui sont proposés au public(environ 45 000 personnes par saison). Datant de 1887, la Salle Philharmonique a une capacité de 1129 places assises, construite suivant le modèle du théâtre à l’italienne. Elle est dotée d’un orgue symphonique. La salle offre un niveau acoustique exceptionnel et est très prisée pour des enregistrements.

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